Le Mandarin Tân, héros des romans policiers de la franco-vietnamienne Thanh-Van Tran-Nhut, étant parti rendre visite à sa vieille mère, il confie les rênes de la justice au Docteur Porc, médecin local, énorme poussa imbu de lui-même et amateur invétéré de bonne chère.
Ce dernier, qui n’est pas sans défaut, se dit que c’est une bonne façon d’acquérir une réputation qui lui attirera une clientèle riche et prête à toutes les dépenses. Parce qu’en plus d’être paresseux, gourmand et orgueilleux, le Docteur Porc est aussi avide.
La découverte d’un cadavre dans la grotte des mille âmes va lui donner l’occasion d’exercer ses talents. Il faut dire que le toubib est tout de même sacrément intelligent et futé. Et qu’il connaît son métier.
Un combat médical avec un médecin Sikh, pour obtenir la propriété d’une boutique ayant pignon sur rue, lui donnera en outre l’occasion de faire ses preuves en chirurgie esthétique, et d’apprendre beaucoup de son confrère, qui lui est l’image même de la frugalité.
Les personnages secondaires sont truculents, des femmes aux mœurs légères, aux porteurs irrévérencieux, en passant par l’assistante du docteur Porc, la jolie Mademoiselle Orchidée, et les vieillards de la place.
Et puis l’exotisme temporel et géographique dépayse agréablement le lecteur. Il faut dire que l’on n’a pas tous les jours l’occasion de fréquenter le Vietnam d’avant la colonisation, puisque l’histoire se déroule au début du XVIIe siècle, avec sa riche culture inspirée de la Chine voisine, et sa gastronomie parfois éprouvante. Le durian, fruit à l’odeur… particulière, est d’ailleurs toujours interdit dans les lieux publics, transports en commun et hôtels de la région.
A ce voyage, Tran-Nhut ajoute une intrigue plutôt bien fichue, un panorama très intéressant de la médecine locale, des innovations indiennes et de quelques avancées techniques européennes en matière de chirurgie. La pharmacopée est assez fantaisiste, mais les réalisations du Docteur Porc, à supposer qu’elles soient véridiques, laissent à entendre que la médecine asiatique était, déjà à l’époque, capable de prouesses.
L’humour est également très présent, grâce au caractère tyrannique et au grotesque du Docteur Porc.
Un roman policier fort sympathique, donc, qui sort des sentiers battus du privé américain ou du policier scandinave.
Mademoiselle Potiron
Les Travers du Docteur Porc (rien que pour le titre, hein !) par Thanh-Van TRAN-NHUT, Picquier Poche, 291 pages (plus un appendice consacré à la médecine orientale de l’époque), 8,50 euros
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