vendredi 17 décembre 2010

Ladurée Salé

Chers Amis du Potager,

J'ai déjà avoué aimer faire la cuisine. Et ma gentille Japonaise le sait bien. Nous partageons un certain penchant pour la gourmandise et je ne compte plus nos goûters ou déjeuners chez Ladurée. Et pas que pour les macarons (j'ai souvenir d'un millefeuille au vieux rhum... Miam!).

Si le Ladurée sucré, très axé sur la pâtisserie, s'avérait très technique, le Ladurée salé est une pure merveille.

Les recettes sont toutes plus alléchantes les unes que les autres. Et au-delà de l'indispensable qualité des produits (c'est parfois onéreux, mais nécessaire), assez simples à réaliser, mettant en scène des mariages de saveurs fort intéressants.

Organisées selon les occasions pour les déguster (brunch entre amis, pique-nique chic, déjeuner grands classiques, un soir au bar Ladurée, le petit dîner, dîner de gala et souper), elles devraient ravir les palais les plus exigeants. Et les plus variés : de la salade Ladurée, très girly, à la noix de rumsteck à la croque aux herbes et pommes croustillantes (qui plairont aux carnivores), en passant par le homard et feuilles de brick aux fèves fraîches.

Les photographies extrêmement appétissantes, qui alternent avec les charmantes mascottes de la Maison (bouledogue, chat, hamster) sont un atout de ce fort bel ouvrage, argenté sur tranche, à la couverture mauve veloutée, et servi dans une jolie boîte garnie de papier de soie.

J'ai hâte de m'y mettre !

Un seul regret : les proportions ! Toutes les recettes sont prévues pour 6 personnes ! Vous me direz que pour un tête-à-tête, il suffit de diviser par trois. Certes. Mais comment je divise la goutte d'arôme de jasmin dans la recette du foie gras de canard au macaron mangue-jasmin ? Hein ? Comment, je fais, moi ? Peut-être une mini-goutte ?

Encore mille mercis à ma gourmande comparse!

Mademoiselle Potiron

Ladurée Salé, éditions du Chêne, 383 pages délicieuses

My Little Paris : le Paris secret des Parisiennes

Chers Amis du Potager,

J'ai des amies formidables. Notamment la plus Parisienne des Japonaises. La charmante enfant s'est muée en Maman Noël pour me transmettre ce concentré de girly attitude. J'A-DO-RE !

Dans ce petit recueil délicieusement illustré par une autre Japonaise (Miss Kanko Kuno, sacré coup de crayon!), les auteurs ont recensé une liste des choses à faire à Paris, classés en 8 catégories, toutes plus couinantes les unes que les autres : mode, déco, beauté, restos-bars, petits plaisirs, insolite, culture et bonus.

C'est drôlissime et ça fait envie. A l'approche du 1er janvier et des bonnes résolutions traditionnelles, j'ai décidé qu'une de mes résolutions serait justement de réaliser certaines de ces choses à faire. Parce que la théorie, c'est bien, mais que la pratique c'est mieux.

Surtout quand la pratique consiste à se faire faire une pédicure par de petits poissons, se refaire une garde-robe au top sans se ruiner ou encore faire une sieste pendant que les calories et les toxines disparaissent comme par magie (j'ai toujours dit que dormir rendait sublime. C'est pourquoi je dors beaucoup. On ne sait jamais, ça peut finir par marcher...).

Bref, je remercie du fond du coeur mon exquise Nippone pour cette bible, ce guide de survie, ce graal. Tiens-toi prête : je ne me ferai pas picorer les petons toute seule!

Mademoiselle Potiron

My Little Paris : le Paris secret des Parisienne, éditions du Chêne 2010, 157 pages de trucs et astuces indispensables à toute fifille qui se respecte

Simon Tofield : Simon's Cat tome 2 - Beyond the fence

Chers Amis du Potager, 

Voici le deuxième tome des aventures du chat de Simon.

Notre gourmand, paresseux, calamiteux matou, suite à un bain qui ne s'est pas bien passé (les chats n'aiment pas l'eau, c'est connu), décide de franchir la barrière qui clôt son jardin et de découvrir le monde.

S'en suivent des aventures avec des hérissons, des oiseaux, des souris, des hérons, des loutres, du bétail, de la volaille, des lapins (beaucoup de lapins) dans la riante campagne anglaise.

La débrouille n'étant pas le fort de notre chat de salon, il va devoir faire preuve d'ingéniosité et coopérer avec les ethnies locales pour se sustenter. Comme par exemple tenter une approche auprès d'une vache pour obtenir une lichette de lait.

C'est toujours aussi fin, aussi pertinent. Certaines attitudes du chat sont particulièrement représentatives de ses congénères. Et c'est hilarant : imaginez un hérisson qui organise un dîner aux chandelles pour un cactus, ça vous donnera une petite idée !

Sans compter que le coup de crayon de Simon Tofield est toujours aussi brillant.

Et pour ceux qui ignoreraient encore qui est le chat de Simon : www.simonscat.com

Miss Pumpkin

PS : oui, je sais, c'est classé dans lire en v.o. même si les aventures du chat sont toujours sans paroles. On a les petites satisfactions que l'on peut.

Simon's Cat - Beyond the Fence, par Simon Tofield, éditions Canongate

dimanche 5 décembre 2010

Neil Gaiman, The Graveyard Book

Chers Amis du Potager,

Ce roman de Neil Gaiman (le papa de Coraline) est absolument épatant.

Il débute fort agréablement par l'assassinat de toute une famille par le Jack, à l'exception du bébé de 18 mois à l'esprit aventureux, qui a choisi ce moment pour s'évader de son berceau et remonter la colline vers le vieux cimetière. Là, les fantômes et Silas, locataires de lieux, vont prendre le nourrisson sous leurs ailes, lui offrir la liberté du cimetière et le protéger du Jack, bien décidé à finir le travail. Et le bambin, adopté par Monsieur et Madame Owens, décédés sans enfants, est baptisé Nobody, Bod pour les intimes.

Le récit se découpe au gré des aventures de Nobody Owens, qui grandit à chaque chapitre. Découverte dans le cimetière, rencontre avec ses habitants, tous plus farfelus et attachants les uns que les autres : Liza la sorcière, un peu chipie sur les bords, Mademoiselle Lupescu préceptrice pleine de ressources, Scarlett la jeune fille "de la vraie vie". Et Silas le mystérieux gardien de Nobody.

Ce récit, bourré d'humour et d'aventures, est absolument haletant, mêlant étude de moeurs "tim-burtonesque" et thriller fantastique. Nobody Owens est un môme adorable, curieux et intelligent.

A recommander impérativement.

Miss Pumpkin

The Graveyard Book, par Neil Gaiman, Bloomsbury, 289 pages, environ 8 €

Anne Brontë, Agnes Grey

Chers Amis du Potager,

Moi qui avais inaugurer le blog en fustigeant Emily Jane, vous serez ravis d'apprendre que j'adore ses soeurettes, Anne et Charlotte. Anne, en l'occurrence.

Dans ce roman publié en 1846, Agnes Grey décide de s''employer comme gouvernante, afin d'aider ses parents, ruiné par une spéculation malheureuse. Vive, intelligente et volontaire, Agnes souffre sans doute également d'une certaine naïveté.

Parce qu'elle espère toujours que cela va bien se passer, alors qu'il faut bien avouer que les familles chez lesquelles elle va officier sont particulièrement pénibles. Et puis, il y a la romance naissante, rougissante et bredouillante.

Au delà des aventures d'Agnes avec sa marmaille à éduquer, on découvre un portrait assez vitriolesque de la bourgeoisie campagnarde, dont on ne sait s'il on doit en rire ou en pleurer.


Mais l'histoire est particulièrement touchante, bien écrite, avec de jolis sentiments sans virer dans la guimauve, écrite avec élégance. L'optimisme d'Agnes est communicatif, elle ne se laisse jamais abattre, quoique les circonstances soient parfois liguées contre elle, l'humour est bien présent, par petites touches (il ne faut pas confondre les soeurs Brontë et l'almanach Vermot).

A noter, l'importance de la nature, du paysage anglais et l'attention portée aux animaux, thèmes naissants à l'époque victorienne.

De quoi passer un moment fort agréable.

Miss Pumpkin

Agnes Grey, par Anne BRONTË, Penguin Popular Classics, 302 pages, 3 € environ

George Bernard Shaw, Pygmalion / Caesar and Cleopatra

Chers Amis du Potager,

Voici deux pièces de théâtre de George Bernard Shaw, prix Nobel de littérature en 1925 (désolée pour l'absence de photos, mon ami le Pingouin a des ratés).

Tout d'abord, Pygmalion, où comment Henry Higgins, "phoneticist", c'est-à-dire à la fois spécialiste des accents et orthophoniste, décide, suite à un pari, de transformer Eliza Doolittle, jeune vendeuse de fleurs aux manières populaires et à l'accent cockney à couper au couteau, en une vraie lady et de la produire à une réception à l'ambassade.

Vous aurez bien entendu reconnu le pitch de My fair Lady, avec Audrey Hepburn, film musical tiré de la pièce de Shaw.

C'est drôle et cruel à la fois, Higgins s'ingéniant à enseigner les bonnes manières à Eliza, alors qu'il en est lui même naturellement dépourvu, son caractère de cochon (pardon, Porcinet), qui ne sait que blesser Eliza, et qui le blesse un peu lui-même. Eliza, elle, est la vivacité incarnée. Son langage est aussi fleuri que les violettes de son panier, ses braillements sont célèbres. Mais, au final, elle fait sans doute montre de plus de dignité et de réalisme que Henry.

Les thèses féministes de Shaw sont bien présentes, au-delà de la drôlerie des situations et de la saveur des dialogues. A lire, d'urgence, avant de revoir le film.

Ensuite, Caesar and Cleopatra, où un César vieillissant et philosophe, rencontre une Cléopâtre adolescente, puérile et cruelle. Les superstitions locales sont présentées sous un jour très ironiques, le situations prêtent souvent à rire, même si une certaine mélancolie empreint le tout. Sans doute à mi-chemin entre la comédie pure et la tragi-comédie.

A noter que le personnage de Britannus permet d'instiller une touche d'anachronisme drôlatique bien venu. Et le sens politique de César introduit une critique de la politique contemporaine qui apporte un relief particulier à la pièce.

Bref, George, c'est trop la classe. Ah, les Irlandais...

Miss Pumpkin

Caesar and Cleopatra, et Pygmalion, par George Bernard SHAW, Penguin Classics, 113 et 105 pages, 9,10 euros chacun

vendredi 3 décembre 2010

Anna Sewell, Black Beauty

Chers Amis du Potager,

Le Pingouin aime les animaux. C'est pourquoi Black Beauty compte au nombre de ses classiques.

Dans ce roman à la première personne, Black Beauty, un bel étalon noir, nous raconte sa vie, du pré où il a grandi avec Duchess sa mère, jusqu'à la retraite, en passant par les mains de divers maîtres, plus ou moins bien intentionnés, plus ou moins capables de prendre soin d'un cheval de ce prix.

C'est un récit, d'une certaine façon, très dur, surtout si comme moi vous aimez les bêtes, les petites comme les grosses. Et c'était le but d'Anna Sewell, en écrivant cet ouvrage, alors qu'elle était très malade et craignait de ne pas pouvoir assister à sa publication. D'ailleurs, la maladie l'a emportée 5 mois après publication.

Cet ouvrage est un manifeste en faveur du bon traitement des animaux. Mais, sans en avoir le côté pédant, dit du Schtroumpf à lunettes. Une très bonne façon d'aborder la question avec les enfants. Black Beauty se plaint certes des mauvais traitements qu'on lui fait subir, mais sans haine, ni acrimonie. Il essaie d'ailleurs toujours de garder le moral, malgré les épreuves, et l'espoir.

Et au delà de la pédagogie, c'est également une histoire très touchante et rédigée avec beaucoup d'élégance et de finesse, sans oublier une pointe de poésie et d'humour.

Un très joli conte.

Miss Pumpkin

Black Beauty, par Anna Sewell, Penguin Popular Classics, 213 pages, environ 3 €

Richard Castle, Heat Wave

Chers Amis du Potager,

Non, non, ce n'est pas une blague. Richard Castle existe : je l'ai lu.

Dans son dernier best-seller, suite à l'arrêt de la série consacrée à Derrick Storm, Rickie nous conte l'enquête menée par le détective Nikki Heat, affublée du journaliste Jameson Rook, pour résoudre le meurtre de Matthew Starr, retrouvé à l'état de crêpe en bas de son immeuble.

Bon, sachez tout d'abord qu'au delà du gag, qu'il s'agit d'un vrai polar. Bon, c'est vrai, peut-être pas le polar de l'année, mais l'intrigue est bien fichue, avec action et rebondissements de rigueur. Comme dans la série. La construction narrative est d'ailleurs assez semblable, avec la découverte rapide du suspect idéal, puis de nouveaux éléments qui obligent les enquêteurs à réviser leur jugement.

C'est d'ailleurs, d'une certaine façon, le point fort de ce livre, la comparaison permanente entre Nikki Heat et Kate Beckett, l'ambiance, les relations entre la détective et le journaliste, le jeu du chat et de la souris qui fait les beaux jours de Rickie et Kate se retrouve également dans le roman, transposé aux relations entre Nikki et Jameson.

Et relever les différences. Parce que Nikki, sans vouloir spoiler, est plus canaille que Kate. Et que c'est très amusant. Parce que Rook est aussi horripilant et craquant que Castle.

Et puis c'est Rickie. Voilà, quoi.

Moi aussi, j'ai le droit de couiner.

Miss Pumpkin

Heat Wave, par Richard Castle (en français vague de chaleur, chez City), Hyperion, 196 pages (écrites en minuscule, mais pourquoi mon dieu toujours aussi petit?), 6 € environ

Francis Scott Fitzgerald, The Diamond as big as the Ritz

Chers Amis du Potager,

Ce petit recueil de nouvelles (192 pages, écrites en petits caractères, la spécialité du Pingouin, qui sait offrir beaucoup de talent dans peu de pages) compte 5 nouvelles de l'âge du Jazz cher à Fitzgerald :

- The Diamond as big as the Ritz, sa nouvelle la plus célèbre sans doute, dans laquelle on apprend qu'il peut exister une montagne de diamant et les risques qu'il y a à le savoir.

- Bernice bobs her hair, le cruel récit de l'émancipation d'une jeune fille, abusée par sa garce de cousine, et contrainte de se couper les cheveux.

- The Ice Palace, où comment Sally Carroll, une fille du Sud, séduite par un Yankee, va découvrir le froid de l'hiver et la dureté de la glace.

- May Day, les destins croisés de jeunes gens, un premier mai, entre festivités chez les riches et désespoir des pauvres.

- The Bowl, où comment le football américain peut changer un homme.

Toutes ces nouvelles sont fort bien écrites, reflètent à merveille l'époque et ses moeurs, avec toujours cette pointe de cruauté propre à Fitzgerald. Et le style est très agréable, empreint de beaucoup d'élégance.

Si vous avez aimé les Enfants du Jazz ou Gatsby le Magnifique, n'hésitez pas !

Miss Pumpkin

The Diamond as big as the Ritz and other stories, par Francis Scott Fitzgerald (en français, un diamant gros comme le Ritz), Penguin Popular Classics, 192 pages, 3 € environ

Pamela L. Travers, Mary Poppins

Chers Amis du Potager,

Un jour, le vent d'est dépose à la porte de la famille Banks, la nounou dont rêvait Madame Banks : Mary Poppins, avec son sac en tapisserie, son parapluie et son petit chapeau.

N'ayant jamais vu le Supercalifragilisticexpialidocious film de 1964 avec Julie Andrews pour incarner Mary Poppins, j'en avais néanmoins une idée préconçue : une nounou un peu magicienne, un peu aventurière, avec beaucoup d'humour.

Et, là, à la lecture, grosse surprise : Mary Poppins est sévère, toujours à renifler sérieusement, et à rabrouer les enfants, Jane et Michael. Et ce côté coquette, qui la pousse à saisir l'opportunité de la moindre vitrine pour s'y mirer !

Pourtant, la magie est bien présente, omniprésente, même. Mary, sans en avoir l'air, sait introduire la fantaisie et le rêve. Sans jamais s'expliquer (telle une vraie lady : never explain, never complain), elle entraîne les enfants à travers le monde, à la découverte des animaux et de ses fantasques amis. Mary Poppins est celle qui sait, mais qui n'avoue jamais.

Et, malgré sa sévérité apparente, on ressent bien la tendresse qu'elle porte à ses petits protégés.

Pour tous les enfants, et tous les adultes qui n'ont pas oublié qu'ils ont été des enfants. Et il ne me reste plus qu'à filer à la médiathèque pour emprunter le DVD !

Miss Pumpkin 
Mary Poppins, par Pamela Lyndon TRAVERS, Harper Collins, 173 pages

John Buchan, the thirty-nine steps

Chers Amis du Potager,

Le Pingouin a encore frappé !

Au hasard de mes excursions à la librairie internationale de mon quartier, j'ai à nouveau pioché tous les Penguin Popular Classics qui me tombaient sous la main, dont les Trente-Neuf Marches, de Buchan.

Il s'agit d'un roman d'aventure et d'espionnage, dans lequel Richard Hannay, Anglais de retour d'Afrique du Sud qui s'ennuie à Londres, voit un soir débarquer sur son paillasson son voisin, un mystérieux Américain menacé de mort. Lequel lui révèle à grands traits une conspiration internationale destinée à anéantir la pax britania. Et Richard, qui s'ennuie décidément beaucoup, décide de le croire.

S'en suit une histoire rocambolesque, faite de cadavres maquillés et de vrais meurtres, de déguisements improbables, de fuites dans les landes écossaises (que Buchan, en bon Ecossais, sait parfaitement décrire) où Hannay est poursuivi par un petit avion (Buchan aurait-il inspiré Hitchcock pour la fameuse scène de la Mort aux Trousses? Sir Alfred a d'ailleurs adapté assez librement les trente-neufs marches), de rencontres fortuites, d'espions-sosies, d'explosion, de cellules dormantes (d'actualité, n'est-ce pas, pour un roman publié en 1915), d'accidents de voiture, et de pêche à la ligne. Si, si.

A cela s'ajoute l'énigme qui donne son titre à l'ouvrage : quelles peuvent être les 39 marches dont il est question, où peuvent-elle se trouver (l'Angleterre, c'est tout de même vaste, 131.760 km ², pour ceux que cela intéresse, hors Ecosse et Pays de Galles) et quel est leur rôle dans cette affaire ? Le brainstorming pour le découvrir, alors que le compte à rebours a déjà commencé, est d'ailleurs particulièrement brillant.

Dit comme cela, ça peut sembler un peu too much, mais ce bref récit, intense et fort bien écrit, tient en haleine de bout en bout.

Miss Pumpkin

The Thirty-nine steps (en français, les 39 marches), par John BUCHAN, Penguin Popular Classics, 103 pages (mais écrites en petits caractères), 3 € environ

Agatha Christie, le Crime d'Halloween

Chers Amis du Potager,

Halte à la friche ! Ce n'est plus avec un sécateur, mais à la tronçonneuse, qu'il va me falloir débroussailler le blog ! Shame on me !

Hum, hum, or donc, me voici de retour, avec Lady Agatha, valeur sûre s'il en est.

Le crime d'Halloween présente le grand avantage de réunir deux de mes personnages préférés : Hercule Poirot et Ariadne Oliver (dégoûtée des pommes).

La grande Ariadne, justement, assiste à une petite fête réunissant enfants et ados, au cours de laquelle des épreuves amusantes doivent divertir lesdits jeunes gens.

En préparant la fête, la jeune Joyce laisse échapper qu'elle aurait assisté à un meurtre, un vrai. Hou, la menteuse! Prête à tout pour faire son intéressante ! Sauf que voilà, à la fin de la fête, la jeune Joyce est retrouvée noyée dans la bassine où les enfants ont précédemment pêché des pommes (mais si, vous savez, une bassine pleine d'eau, avec des pommes flottant à la surface, qu'il faut "pêcher" avec les dents). Vous comprenez dès lors pourquoi Ariadne se voit dégoûtée de sa friandise favorite. Et qu'elle fasse appel, toute ébouriffée par l'émotion, à son vieil ami Hercule pour comprendre qui a pu tuer Joyce.

L'intrigue est bien ficelée, comme d'habitude. Les enfants sont omniprésents dans l'histoire, mais, malgré leur charme, on sent qu'ils ont évolués, par rapport aux histoires plus anciennes d'Agatha, où les jeunes étaient parfois fantasques, mais pas aussi sombres.

Les jardins et la création ont également une place importante, comme dans La nuit qui ne finit pas. Une sorte de thème récurrent, dans les dernières histoires de la grande dame.

Ce qui interpelle, dans ce court roman, ce sont les enfants et le jardin, qui représentent l'élément inquiétant du récit. Ce qui est plutôt à contre-courant (selon moi) : au delà de l'enfant symbole d'innocence (fable à laquelle on ne croit plus), les enfants, chez Agatha, sont souvent des chipies ou des chenapans, mais rarement l'élément angoissant, à la différence des jeunes adultes. Et le jardin est censé représenter le paysage parfait, une exceptionnelle oeuvre d'art. Et c'est justement son aboutissement total qui m'a mise mal à l'aise, à la lecture des chapitres qui s'y déroulent.

Mais c'est bien plus dynamique que le Passager pour Francfort (entre nous, ce n'était pas très difficile) et le duo Ariadne-Hercule (duo quasi-mythologique) apporte un rythme bienvenu.

Bref, de quoi passer un bon moment.

Mademoiselle Potiron

Le Crime d'Halloween (Hallowe'en Party), par Agatha Christie, Le Masque, 222 pages, 5,20 €

dimanche 10 octobre 2010

Margery Allingham, les Détecteurs de pensée

Chers Amis du Potager,

Voici encore un roman de l'excellente Margery Allingham. Cette fois, Albert Campion, mon héros, est chargé par les services secrets de veiller sur deux enfants et leurs "tubes", petits appareils fixés par du sparadrap sur la veine jugulaire et qui permettent de transmettre ses pensées.

Seulement voilà, l'un d'eux disparaît et les appareils sont récupérés par leur supposé inventeur, réveillant l'intérêt d'espions de tous bords et agitant les scientifiques.

Faux suicide, vrai empoisonnement aux barbituriques, tables d'écoute, conversations téléphoniques codées, armes bizarres et expériences de télépathie sont au rendez-vous dans ce roman, un des plus tardifs de l'auteur.

Albert a peut-être un peu perdu de sa souplesse d'antan, mais son esprit est toujours aussi affuté. Sa chère épouse, lady Amanda fait preuve de beaucoup de caractère, tandis que les deux enfants, Sam et Edward, sont particulièrement futés pour leur âge. Et il y a un mystérieux chat blanc, avec une tache tigrée sur la queue, qui suit Albert dans les ruelles obscures de Londres...

Ce roman est un véritable roman d'espionnage, ne vous attendez donc pas à un roman policier classique, malgré la présence du commissaire Charley Luke, toujours aussi sympathique.

Une lecture fort sympathique, donc, si l'espionnage vous tente.

Mademoiselle Potiron

Les Détecteurs de pensée, par Margery Allingham, éditions de l'âge d'homme, 253 pages, 19 euros

samedi 9 octobre 2010

David Grann, Trial by Fire

Chers Amis du Potager,

Pas de photo de la couverture de ce petit récit, publié par les excellentes éditions Allia, qui propose des ouvrages de qualité, dans une toute petite collection à 3 euros. L'aubaine.

C'est dans cette collection que sont régulièrement publiés les articles que David Grann, journaliste, a initialement publié dans le New Yorker (le Caméléon, Un crime parfait).

Trial by Fire raconte l'histoire, authentique, de Cameron Todd Willingham, condamné à mort au Texas pour avoir volontairement mis le feu à sa maison, causant ainsi la mort de ses trois petites filles. 

Seulement voilà, la culpabilité de Willingham, évidente aux yeux du Procureur et du système juridique texan, est peu à peu remise en cause.

Au delà de l'histoire individuelle, tragique, c'est surtout la dénonciation de ce système, son aberration, l'immobilisme des commissions chargées de statuer sur les recours des condamnés à mort. On a juste envie de les secouer et de leur hurler dessus pour leur faire admettre leurs erreurs.

Le style de David Grann est particulièrement adapté : à la fluidité du récit journalistique, il allie l'élégance et la puissance de l'écriture des vrais auteurs de roman.

A lire d'urgence.

Mademoiselle Potiron

Trial by Fire, par David GRANN, Allia, 125 pages, 3 euros.

Edith Nesbit, The Railway Children

Chers Amis du Potager, 

Pour commencer, je me dois de vous présenter la merveilleuse collection pour amateurs fauchés de livres en anglais : les Penguin Popular Classics ! Les grands classiques de la littérature, pour un prix moyen de 3 euros. Le bonheur. Parce qu'à ce prix-là, on n'hésite pas à se lancer dans l'inconnu.

C'est donc dans cette collection au look un peu spartiate (mais c'est le texte, qui compte, non?) que j'ai déniché ce roman d'Edith Nesbit, publié dans la presse en 1905.

Roberta (Bobbie), Peter et Phyllis (Phil) vivent à Londres, dans une grande et belle villa avec domestiques, jusqu'à ce que, suite à la visite que font deux hommes à leur père, celui-ci disparaisse et que Mère et les trois enfants déménagent pour une petite maison à la campagne.

Après une première soirée d'angoisse et de désespoir, les trois enfants découvrent que la maison surplombe une ligne de chemin de fer. Au fil de leurs aventures et promenades dans la campagne anglaise, ils vont se lier d'amitié avec le personnel de la gare (le portier et le chef de gare), le docteur Forrest et un vieil homme inconnu, passager du train de 9h15, que les enfants saluent chaque matin en agitant leurs mouchoirs, persuadés que le train pourra porter espoir et amour à leur père disparu.

Bien sûr, c'est un roman plein de bons sentiments, même si les bagarres entre le frère et ses sœurs sont fréquentes, aux personnages extrêmement attachants. Mon côté midinette a trouvé cela délicieux et mon côté paysagiste a adoré les descriptions de la campagne anglaise, que, et j'ai trouvé cela suffisamment rare pour le relever, l'industrialisation par le chemin de fer enrichit au lieu de la défigurer.

Un très joli roman, accessible aux plus jeunes.

Miss Pumpkin

The Railway Children, par Edith NESBIT, Penguin Editions, 212 pages

Colette journaliste

Chers Amis du Potager,

Confessions toujours : j'aime l'écriture de Colette, pleine d'élégance, de rire et de tendresse. Et non, ce n'est pas seulement parce qu'elle aimait, comme moi, les chats.

Colette, en plus d'écrire des romans, de faire le mime sur les scènes de music-hall, d'entretenir des relations amicales avec des comédiens internationaux, des auteurs, des metteurs en scène, a également écrit de nombreux articles de presse, pour le Journal, Paris-Soir ou le Matin. Gérard Bonal et Frédéric Maget ont rassemblés les articles les plus marquants dans cet ouvrage remarquable.

Les sujets sont divers et variés, du compte-rendu de procès d'assises, aux conseils de beauté dispensés à ses compatriotes, en passant par la relation de la première traversée du paquebot Normandie. Des sujets plus polémiques apparaissent, parfois d'une actualité toujours criante (la question des crottes de chien, par exemple).

C'est absolument charmant, parce que Colette, forte de sa réputation d'auteur, se détache des contraintes journalistiques, se permet des conseils, des allusions personnelles. Les descriptions des jardins du Palais-Royal, sous ses fenêtres, respirent l'amour et l'humour avec lesquels elle sait peindre les Parisiens. Et dévoile un peu plus la personnalité attachante de cette grande auteur.

Je ne peux pas entrer dans les détails, l'œuvre est considérable, mais cet ouvrage est à conseiller à tous ceux qui apprécient Colette.

Mademoiselle Potiron


Colette Journaliste, Seuil, 368 pages, 21 euros.

Franz Kafka, les Aphorismes de Zürau

Chers Amis du Potager,

Histoire de vous présenter les choses correctement, voici la 4e de couverture:
Entre 1917 et 1918, Kafka séjourne 8 mois chez sa sœur Ottla à Zürau, dans la campagne de Bohême. La tuberculose s'est déclarée, et crée chez l'écrivain dans sa retraire une intimité nouvelle avec l'idée de la mort. C'est durant cette période que sont nés ces "aphorismes" étranges et déroutants : alors que Kafka avait coutume de remplir des cahiers d'écolier d'une écriture serrée, ici au contraire il dispose une phrase, un paragraphe tout au plus, sur de petites feuilles volantes.Tout le reste de la page, étonnamment vide... A l'initiative de Roberto Calasso, ces aphorismes de Zürau sont livrés pour la première fois à la lecture telle que Kafka aurait pu la souhaiter. Quoiqu'il ait presque toujours répugné à la publication de ses textes, il est certain que cette disposition singulière était destinée à faire briller l'éclat foudroyant de sentences venus des abîmes. Car ses pensées y sont vertigineuses, parfois oraculaires, échappant toujours à l'explication univoque mais suscitant sans cesse la nécessité d'une méditation essentielle : le bien et le mal, le corps et l'esprit, le courage et la fuite, le chemin et le cercle, la création et la mort. Autant de motifs qui parcourent son œuvre, mais ciselés ici à l'extrême, douloureux et resplendissants comme des pointes de diamant, regard d'un "oeil qui simplifie jusqu'à la désolation totale". Mais cette désolation est pour Roberto Calasso une "splendeur voilée".
Rien que ça. L'intérêt réside effectivement dans la concision de ces courts textes, qui se résument parfois à une simple phrase de quelques mots, et qui reflètent pourtant parfaitement l'absurde propre au monde kafkaïen. 

Pour l'appréciation, je crois que c'est très personnel. J'ai aimé, mais peut-être parce que cela correspondait à mon état d'esprit sur le moment. A chacun de se faire son opinion donc. Et pour cela, quelques citations :
Comme un chemin en automne : à peine l'a-t-on balayé qu'il se couvre à nouveau de feuilles mortes.
C'est beau comme un haïku, non ?
Si ce qu'on dit avoir été détruit au paradis était destructible, ce n'était donc rien de décisif; mais si c'était indestructible, alors nous vivons dans une fausse foi.
Cette logique alambiquée m'a rappelé la blague classique "Je ne dis jamais la vérité" : si c'est vrai, pour une fois, j'ai dit la vérité et c'est en contradiction avec ma déclaration. Si c'est faux, c'est que je dis toujours la vérité et que là, pour une fois, j'ai menti. Ah, ah, ah.

Voilà de quoi vous éclairer.

Mademoiselle Potiron

Les Aphorismes de Zürau, par Franz KAFKA, chez Gallimard Arcades, 143 pages, 10 euros.

Margery Allingham, Cercueils et Cie

Chers Amis du Potager,

Enfin de la joie, du bonheur, de l'enthousiasme !

Après deux posts "mouaifs", laissez-moi vous crier (encore) mon admiration pour Margery Allingham.

Ah! Bert, Bertie, Bertounet! Bref, ce cher Albert Campion, de retour pour résoudre l'énigme de la mort de 2 petits vieux farfelus, frère et soeur d'autres vieux toqués, désargentés quoique cultivés, qui vivaient (et vivent encore pour les 3 survivants) dans leur ancien manoir familial, revendu à une ancienne actrice à la cuisse légère, qui joue les dames patronnesses et les hébergent quasi gratis pro deo.

Et comme Albert connaît ladite Rose, le voilà transformé en neveu de comédie, pour enquêter en douce. On découvre également le beau-frère de Lugg, le majordome d'Albert, en la personne d'un entrepreneur de pompes funèbres des plus suspects, détesté comme de juste par l'ancien cambrioleur.

Comme d'habitude avec Albert, à la qualité du scénario s'ajoute une bonne tranche d'humour, une grande élégance d'écriture, des personnages pas piqués des vers, des situations tordantes, mais qui paraissent parfaitement logiques dans la continuité du texte.

A noter, des citations exceptionnelles :
"- Les renseignements que j'ai réussi à soutirer à Rose, à force d'insister. Mr Edward la payait trois livres par semaine, blanchissage compris. Miss Evadne paie la même somme maintenant, en pension complète. Mr Lawrence verse deux livres pour la demi-pension. Ce qui veut dire la totale parce qu'elle ne supporte pas de laisse les gens l'estomac vide. Miss Clytie paye vingt shillings, car c'est tout ce qu'elle a, la pauvre gosse. Pas de déjeuner. Miss Jessica donne 5 shillings [...]. Elle pourrait tous les mettre à la porte, bien entendu, mais je crois qu'elle les aime bien. Elle trouve qu'ils sortent de l'ordinaire et qu'ils ont la classe... C'est un peu comme si elle élevait des kangourous.
- Des kangourous ?
- Ou des ornythorinques. Quelque chose d'intéressant et d'insolite, qui fasse un bon sujet de conversation avec les voisins. Les distractions sont rares de nos jours. Il faut bien s'amuser comme on peut."
Et la preuve de l'étendue de la culture de la police anglaise (merci, inspecteur Luke!) :
"Bien la besogne m'attend. Voulez-vous que nous allions voir le type de la banque, Henry James ? Je ne sais pas pourquoi ce nom me dit quelque chose".
Parfait, non ?

Mademoiselle Potiron

Cercueils et Cie (More work for the undertaker), par Margery ALLINGHAM, éditions Baker Street, 343 pages, 21 euros

Agatha Christie, Passager pour Francfort

Chers Amis du Potager,

Encore une déception. Et des plus cruelles : Agatha m'a déçue ! Aaaarrrrgggghhhh !

Passager pour Francfort, présenté comme un roman d'espionnage, n'a rien à voir avec les romans d'espionnage publiés dans la jeunesse de la grande dame, qui étaient vifs et enjoués, et qu'importe si les rebondissements n'étaient pas toujours crédibles, au moins on s'y amusait follement. Là, on s'ennuie. Oh, bien sûr, c'est charmant, comme toujours, mais d'un charme poussiéreux qui vous arrache des bâillements...

Le personnage principal, sir Stafford Nye, dont on nous répète à longueur de page qu'il n'est pas sérieux, trop fantasque et imprévisible, n'est qu'un vieux garçon qui prend le prétexte de sa profession de diplomate pour voyager. Lors d'une escale imprévue à Francfort, pour cause de brouillard sur l'Europe, une jeune fille lui propose de le droguer et de lui prendre son passeport et son grand manteau de voyage pour rentrer à Londres. Une question de vie ou de mort, quoi. Ce benêt de Staffy accepte et la fille en question (la femme à barbe?) rentre donc à Londres sous l'identité du gentleman.

Pour avoir l'explication du comment, il faudra se traîner en réunion de l'ambassadeur, en rencontre avec génie du mal et en réunion de conspirateurs mondiaux. Oui, parce que la jeunesse, menée par des néo-nazis, prend le pouvoir dans le monde (Agatha complexée par Mai 68? Sans doute).

Bref, dans ce roman, on se contente de dîner entre gens de la haute et de parler, parler, parler et encore parler (à l'ambassade, dans un château de Bavière, à cheval, aux conférences intergouvernementales). Il ne se passe strictement rien.

Et la fameuse femme à barbe à l'identité mystérieuse !... C'est qu'Agatha insiste lourdement sur l'aura de mystère de la belle inconnue. Mouais. Je ne sais pas vous, mais moi, quand on me rabâche que la demoiselle est mystérieuse, je la trouve ipso facto aussi intéressante qu'un plat de nouille trop cuites. On croirait qu'on veut nous la vendre.

Et je ne suis pas preneuse. Cela dit, sans rancune, Agatha, je t'aime quand même. On ne peut pas être parfaite, et c'est tant mieux, la perfection, c'est ennuyeux.

Rassurez-vous, je ne suis pas en mode grognon, et les articles suivants seront plus enthousiastes.

Mademoiselle Potiron

Passager pour Francfort (Passenger to Frankfurt), par Agatha CHRISTIE, Le Masque, 320 pages, 5,20 euros

Henning Mankell, Meurtriers sans visage

Chers Amis du Potager, 

C'était la première fois que je rencontrais le célébrissime commissaire Wallander, attirée par sa réputation Kenneth Branaghienne, et les conseils de mon libraire préféré, qui m'a déniché le premier volume de cette série.

Le pitch ? Voilà la 4e de couv' :
"Dans une ferme isolée de Suède, un couple de paysans retraités est sauvagement assassiné. Avant de mourir, la vieille femme murmure un mot : "étranger". Il n'en faut pas plus pour provoquer une vague de violence contre les demandeurs d'asile de la région. Le Commissaire Wallander va devoir agir vite, sans tomber dans le piège de la xénophobie ambiante qui brouille les pistes..."
D'actualité, n'est-ce pas ?

Malheureusement, cette rencontre ne sera sans doute qu'une rencontre d'un soir. J'ai été déçue. Oh, très légèrement, mais cela suffit à me faire hésiter à poursuivre cette série.

Soyons honnête : l'intrigue est très bien construire, l'écriture agréable, avec un faux air de rapport de police horodaté, et émaillée de tous les petits détails qui rendent le récit crédible. Mais je ne suis pas parvenue à m'attacher aux personnages, à la différence des excellents romans de Sjöwall et Walhöö (cités par Mankell d'ailleurs), où règne pourtant le train-train policier et où les enquêtes sont parfois laborieuses, mais qui m'ont captivées de bout en bout.

Je pense donc me tourner vers d'autres auteurs de ma PAL (qui n'en manque pas), en attendant peut-être de prendre un autre rendez-vous à Ystad.

Mademoiselle Potiron

Meurtriers sans visage (Mördare utan ansikte), par Henning MANKELL, Points, 386 pages, 7,50 euros

Kaori Endo, Japon cuisine intime et gourmande

Chers Amis du Potager,

J'ai un aveu à vous faire. En plus de la lecture, qui me prend pas mal de temps, en bonne LCA que je suis, j'aime aussi beaucoup faire la cuisine. Et comme ma deuxième grande passion est le Japon, j'adore la cuisine japonaise. Je la pratique à mon très modeste niveau, mais avec plaisir.

Kaori Endo est une jeune Japonaise, qui vit depuis longtemps à Paris et a su adapter les recettes de son pays natal avec les ingrédients facilement disponibles en France, dans l'excellent "Une Japonaise à Paris" (édité chez Minerva).


Dans ce nouvel opus, Kaori revient aux recettes traditionnelles, très simples pour certaines, mais toujours goûteuses, que sa Maman lui a apprises à aimer.

Décliné en quatre parties (cuisine de tous les jours, plats de saison, plats de fête et souvenirs d'enfance), cet ouvrage décrit des recettes abordables, délicieusement illustrées par les photographies d'Iris Sullivan (désolée pour l'absence de photo de couverture, mais le site des éditions de la Martinière n'est pas prêteur, ou alors je ne suis pas assez geek...) et surtout agrémentées de conseils judicieux de la mère de Kaori, Kiyoko.

Un régal.

Bon, c'est pas tout ça, mais il faut que j'aille faire cuire mon riz, moi...

Mademoiselle Potion

Japon, cuisine intime et gourmande, par Kaori ENDO, éditions de la Martinière, 191 pages, 29,90 euros.

mardi 21 septembre 2010

Margery Allingham, La Maison des Morts étranges et autres aventures d'Albert Campion

Chers Amis du Potager,

Une belle découverte pour tous ceux qui ont lu tous les livres d'Agatha Christie et qui s'ennuient !

Margery Allingham, contemporaine de Dame Agatha, qui l'admirait beaucoup, a créé le personnage d'Albert Campion, grand dadais blond aux immenses lunettes d'écaille et au visage niais. A priori, pas de quoi se rouler par terre. Sauf que Bertie, derrière son allure d'idiot du village, dissimule une intelligence remarquable qu'il met à la disposition de toute personne en détresse (n'est-il pas serviable). On ignore presque tout de lui, à peine devine-t-on qu'il est sans doute de noble ascendance et qu'il ne rechigne pas à fréquenter la pègre.

Il est assisté d'un immense majordome-nounou, râleur et que j'imagine avec un physique à la monstre de Frankenstein.

Le recueil publié chez Omnibus permet de découvrir Albert Campion, géniale création de Margery Allingham oubliée des éditeurs, à travers 4 romans et 4 nouvelles.

Les intrigues sont très bien faites, pleines de rebondissements, sans que cela ne paraisse jamais tiré par les cheveux (même si parfois, bon), les personnages vraiment attachants. Les fans de Wodehouse trouveront à Bertie Campion un air absolument délicieux de Bertie Wooster (sans doute l'air idiot, soyons honnête). L'humour et le suspens sont omniprésents. Les mystères sont riches d'aventures et de fantastique. On ne s'ennuie pas une minute.

Je sais que c'est un peu court, pour dire tout le bien que je pense de cette série, mais, franchement, précipitez-vous ! Une oeuvre mêlant Hercule Poirot et Jeeves ne peut qu'être un chef d'oeuvre.

Un vrai coup de coeur.

Mademoiselle Potiron

Lecture croisée : Beowulf et les Contes d'Ise

Chers Amis du Potager,


Comparer les Ise Monogatari, merveilles de poésie japonaise, et Beowulf, archétype du poème saxon, peut sembler à priori assez incongru. Pourtant les points communs sont nombreux, à commencer par la qualité du texte.

Les Contes d'Ise sont en réalité de courtes nouvelles, qui n'ont d'autre but que de servir d'écrin à de superbes tanka, poèmes classiques de 5 vers et 31 syllabes (selon la répartition suivante : 5-7-5-7-7). Quant aux qualités stylistiques de Beowulf, elles ne sont plus à démontrer (et les amateurs de Tolkien ne me contrediront pas).

L'autre point commun, et non des moindres, est la date de leurs compositions. Si celles-ci restent approximatives, leur correspondance n'en est pas moins troublante : vers 880 pour les Contes, entre 600 et l'an 1000 pour Beowulf.

Beowulf, d'ailleurs, par sa structure classique, annonce déjà les chefs-d'oeuvre médiévaux que sont les poèmes de Chrétien de Troyes et les récits du Graal : la réalisation du héros au travers d'épreuves, la promotion des vertus médiévales classiques (courage, force, loyauté). Si les personnages féminins émaillent le récit, l'amour courtois n'est pas encore présent, comme il le sera notamment dans le récit du Chevalier à la Charrette.

Et là réside la plus grande différence avec leurs contemporains Contes Ise : là, l'amour est la principale source d'inspiration poétique. Les héros, fussent-ils de nobles guerriers, cherchent surtout à séduire de belles dames de la cour impériale. Le raffinement, propre à la culture japonaise, est déjà la pierre angulaire de l'aristocratie du Yamato, pendant que Beowulf arrache les bras de géants et trucide du dragon.

Deux visions différentes d'une même époque, qui reflètent parfaitement les divergences culturelles entre l'Extrême-Orient et l'Occident, tout en s'exprimant par le même biais.

Mademoiselle Potiron

Charles Dickens et Wilkie Collins, l'Abîme

Chers Amis du Potager,

Quand on lui dit qu'il est possible de trouver un roman policier réunissant les talents de Charles Dickens et de Wilkie Collins, l'amateur de polar se trouve tout à coup frétillant d'émotion et d'impatience.

Moui. Charlie et Wilkie se sont peut-être un peu pris les pieds dans le tapis.

Une intrigue classique : Walter Wilding, enfant trouvé ayant retrouvé sa mère, puis hérité de sa fortune, apprenant après avoir enterré Maman que Maman n'était pas sa Maman. Rongé par une culpabilité et une honnêteté crasse (à ce stade, c'est plus de la bêtise), le brave Walter veut tout faire pour retrouver le véritable héritier de feue Mère. Et là, pan, c'est lui qui meurt. Exit le personnage principal, après 94 pages.

L'associé de Walter se retrouve donc avec la tâche sympathique de retrouver l'héritier présomptif dont il ne sait rien.

Et là, on oublie tout et on recommence : exit l'angoisse de trouver l'héritier, l'associé préfère se trouver une petite femme.

Récit décousu, s'il en est, avec des ruptures narratives assez déplaisantes. Les décors sont bien plantés, mais l'intrigue est un peu trop tirée par les cheveux pour moi.

Même si cela se lit sans déplaisir, une déception malgré tout.

Mademoiselle Potiron

Kentaro Yabuki, Black Cat

Chers Amis du Potager,

Voici un manga sympathique, contant les aventures de Train, tueur à gages au service de Chronos, qui, suite à sa rencontre avec Saya, renonce à tuer pour devenir chasseur de primes. Seulement voilà, Chronos n'est pas spécialement ravi de voir disparaître son meilleur eraser. Et, pour achever de planter le décor, Saya est tuée par un renégat de Chronos, Creed, assistés des apôtres de l'étoile, sorte de 7 mercenaires utilisant leur ki à des fins démoniaques. Train veut donc faire sa fête à Creed (Vengeance !).

Train, pris entre deux feux, s'attache plus ou moins à Sven Volfield, chasseur de prime ingénieux mais près de ses sous, à Eve, genre de petite fille sage et géniale créée à partir de nano-machines, et Rinslet Walker, voleuse sexy.

Et il y a aussi le chat, un matou blanc qui se promène à travers le manga, en une sorte d'avatar de Train. Ben oui, parce que Train "Black Cat" Heartnet, comme le chat, aime dormir (un peu), manger (beaucoup) et boire du lait (passionnément).

Une histoire classique, donc, mais plaisante. Les personnages sont particulièrement drôles (Creed un peu à son corps défendant, d'ailleurs), attachants. Eve, plus particulièrement, est émouvante, tiraillée entre sa condition de machine et ses sentiments humains.

Sinon, ça bastonne bien (parce qu'on le vaut bien), on drague, on fait des blagues. Classique, quoi. Mais j'ai beaucoup aimé.

A noter qu'une animé a été tirée du manga, qui compte vingt volumes, tous disponibles en France.

Mademoiselle Potiron

J. K. Rowling, the Tales of Beedle the Bard

Chers Amis du Potager,

On vous avait prévenus : Groseille et Potiron lisent (parfois) dans la langue de Shakespeare. Mais, pour commencer en douceur, les livres pour enfants sont l'idéal. Et JK Rowling est toute désignée pour cela.

Les contes de Beedle le Barde, rendus célèbres par the Tale of the Three Brothers qui figure en bonne place dans le dernier tome des aventures du célèbre sorcier balafré, sont de charmantes histoires, bâties sur le modèle classique des contes de fées que nous connaissons et destinées à enseigner une morale aux jeunes sorciers comme aux petits Muggles.

Car ces histoires sont parfois plus sombres, leurs héroïnes moins godiches que les passives cruches que sont Cendrillon ou la Belle au Bois Dormant, l'humour plus présent.

En définitives, de jolis contes qui mériteraient d'être érigés au rang d'histoires-d'avant-d'aller-dormir.

Miss Pumpkin

Kathy Reichs, Voyage fatal

Chers Amis du Potager,

Kathy Reichs. Faut-il encore la présenter ? Existe-t-il encore des ermites pour ignorer l'existence de Bones ? Au vu du nombre de couinements (copyright Fashion) que peut déclencher l'agent Booth, on en doute.

Bon, là, c'est la version littéraire de l'excellente Temperance Brennan, foin de David Boreanaz, donc.

Notre brave Temperance, qui ne peut rien faire comme tout le monde, trouve le moyen de dénicher un pied sur les lieux d'un crash d'avion, lequel pied n'appartient à aucun des passagers, dont ce ne sont pourtant pas les membres et morceaux de cervelle épaillés dans les Smoky Mountains qui manquent.

Bref, Brennan, c'est la poisse.

S'en suis une enquête pour découvrir à qui a donc pu appartenir le joli petit peton en question (non, pas à Valentine), enquête qui va attirer quelques ennemis à Miss Brennan (sinon, c'est pas drôle). Mais comme Temperance s'adjoint un coéquipier de choc, en la personne de Boyd (non, pas Susan), chow-chow d'une trentaine de kilos, on se doute qu'elle arrivera à ses fins.

L'intrigue est particulièrement bien construite, très prenante, l'écriture agréable, habile à lancer le lecteur sur de fausses pistes (avant les dernières pages, j'avais plein d'hypothèse pour expliquer le mobile, mais j'avais tout faux. Bon, je ne suis pas forcément un génie du crime non plus, ce qui est rassurant... En un sens... Non?).

De quoi passer un excellent moment, donc.

Mademoiselle Potiron

Sue Grafton, R comme Ricochet


Chers Amis du Potager,

Oui, je sais, les mauvaises herbes ont eu le temps d'envahir le potager !

Faisant amende honorable, je vous propose de renouer avec les posts en vous penchant sur une valeur sûre : Kinsey Millhone, le retour !

Cette fois, Kinsey est engagée par un vieux monsieur afin de servir de "nounou" à sa fille, jeune et délurée, qui doit sortir de prison, sous le régime de la liberté conditionnelle. Le souci (parce qu'avec Kinsey, il y a forcément un souci), c'est que la belle Reba a fini au trou pour avoir soulagé son patron et ancien amant de quelques milliers de dollars et que le brave homme est soupçonné de blanchir de l'argent.

On devine donc que les retrouvailles vont être... comment dire... sportives.

Comme d'habitude, une bonne intrigue, quoique classique, beaucoup d'humour. J'aime et voilà tout. Kinsey paraît subir en permanence les initiatives de Reba, avec un air disant "mais si, j'te jure, c'est pas moi, c'est elle", même si on devine que le côté transgressif de Reba fait jubiler intérieurement notre détective préférée. Une bonne analyse de la liberté que l'on peut rencontrer dans l'univers carcéral où tout est sous contrôle et où, comme on n'a pas à choisir, on n'a pas à réfléchir et que c'est reposant (même si j'acquiesce, c'est sans doute un peu angélique quand même).

Et une spéciale dédicace aux blogueuses ayant participé aux Harlequinades (copyright Chiffonnnette) : les relations de Kinsey et Cheney sont à hurler. Voir notre détective femme libérée tenir ce genre de discours : "je m'en fiche s'il ne m'appelle pas, je suis in-dé-pen-dan-te !... Mais, bon, là, il n'appelle pas ?... Pourquoi il n'appelle pâââââs ?", c'est désespérant.

Bref, un bon moment.

Mademoiselle Potiron


vendredi 3 septembre 2010

Doggy bag, saison 1, de Philippe Djian

C'était l'été, il faisait chaud … euh là non, je m'emballe, enfin, j'avais envie de lectures plus légères.
Je me suis donc rendue dans ma librairie préférée, vous savez, celle où les vendeurs sont aussi des lecteurs et mettent de petits papiers sur les livres qu'ils ont appréciés.

Et là, mon attention a été attirée par un petit papier orange sur lequel était écrit : « Cette série de livres est construite comme une série télé. Une fois que vous aurez commencé, vous ne pourrez plus vous en passer ».

Puis, j'ai lu le livre ...

Je vous résume le point de départ du livre : après avoir disparu pendant vingt ans, Edith réapparaît dans la vie de Marc et David, deux frères, propriétaires d'un garage de luxe qui s'étaient auparavant déchirés pour son amour.

Le récit est en outre entrecoupé de scènes de sexe qui, à mon sens, ne le servent pas.

Je m'arrête là, juste en vous disant qu'il y a six saisons et que, pour ma part, j'en resterai là.

Groseille  

jeudi 2 septembre 2010

Qui a tué Roger Ackroyd ? de Pierre Bayard ou le délire meurtrier d'Hercule Poirot

Hercule Poirot sait ! ... ou peut être pas. En tout cas, voilà le postulat de départ de Pierre Bayard.
Dans son essai, il reprend l'enquête menée, sous la plume d'Agatha Christie, par le petit détective belge pour trouver un coupable alternatif.

Quelques petits indispensables avant de se plonger dans la lecture de Pierre Bayard :
- La lecture du livre d'Agatha Christie, Le meurtre de Roger Ackroyd, car même si l'essai de Pierre Bayard contient un petit résumé de l'enquête ... eh bien, ce n'est qu'un PETIT résumé et vous aurez peut être du mal à vous forger un point de vue,
- Ne pas craindre que le contenu de certaines enquêtes d'Hercule Poirot vous soit dévoilé (ça gâche quand même un peu le plaisir, demandez à Mademoiselle Potiron) ou, encore mieux, les avoir déjà lues !
- Ne pas s'attendre à un livre de "pure" contre enquête au sein duquel l'enquête initiale serait reprise pas à pas, les indices et déclarations des témoins passés au crible et la vérité éclatante. L'essai de Pierre Bayard s'appuie tant sur l'oeuvre d'Agatha Christie que sur la psychanalyse et de longs (un peu trop à mon goût) développements sont consacrés à la notion de délire.

Ces petites précisions apportées, l'essai de Pierre Bayard présente l'immense intérêt de décrypter les codes du roman policier. Ainsi, les principes de Van Dine n'auront plus aucun secret pour vous.

Puis, au fur et à mesure de votre lecture, vous découvrirez la solution alternative proposée par l'auteur qui s'insinue puis convainc, présente Hercule Poirot sous un jour plus sombre et permet de qualifier cet essai de brillant.

Bonne lecture !

Groseille

mardi 31 août 2010

Nancy Mitford, Une Anglaise à Paris

Chers Amateurs du Potager,

Soeurs Mitford, deuxième !

C'est le tour de Nancy, l'aînée de la tribu. Excellente chroniqueuse, comme sa soeur, sachant saisir l'esprit d'une époque et les moeurs de ses contemporains. Francophile avertie, elle conte avec un charme sans pareil ses vacances dans une maison de campagne, croquant avec une aimable ironie ses commensaux, ou compare les Anglaises, Françaises et Américaines, quant au chic (et n'est pas toujours tendre).

Le morceau de bravoure de ces chroniques est une description de mai 68, vu de loin par cette dame qui admire beaucoup de Gaulle (vieille noblesse anglaise et âgée de 64 ans au moment des événements, c'est cohérent). Mais elle ne perd pas le sens des priorités pour autant : au milieu des descriptions de l'angoisse dans laquelle sont plongés des Français et ses amis cosmopolites, de considérations politiques et sociales, elle trouve moyen de s'inquiéter de bébés hérissons "qui grelottent de froid, pauvres petites créatures!". Je trouve ça très anglais. J'adore.

Mademoiselle Potiron

Deborah Devonshire, les Humeurs d'une châtelaine anglaise

Chers Amateurs du Potager,

Que Nancy Mitford ne se formalise pas, son tour viendra...

Nous débutons donc avec Debo Devonshire. eh oui, aujourd'hui, le potager se met à l'heure anglaise : scones à la double crème du Devon pour tout le monde ! D'ailleurs, en un sens, les soeurs Mitford sont comme à la crème du Devon : en double, c'est encore meilleur.

Honneur à la benjamine donc, Deborah, duchesse de son état, résidant au coquet château de Chatsworth (grande baraque inchauffable, mais qui sait faire son petit effet). Notre Lady aime les hommes (l'être humain en général) et les animaux (on peut être duchesse et élever des poules).

Elle est douée d'un humour à toute épreuve et d'un solide bon sens (son article sur les consultants est à la fois criant de vérité et d'une franche ironie). Alliés à son écriture très élégante, ces qualités font de ses chroniques une lecture charmante (au sens noble du terme). D'autant que la duchesse fait preuve d'une intelligence lucide et d'une vitalité réjouissante, avouant pêle-mêle grandes joies et petites faiblesses (l'anecdote de la grenouille est délicieuse). En deux mot, une grande dame.

God save the duchess !

Mademoiselle Potiron

PS : merci à Cathulu, du blog littéraire http://www.cathulu.com/ qui m'a fait découvrir cette chroniqueuse géniale.

Agatha Christie, la Nuit qui ne finit pas

Chers Amateurs du Potager,

Bon, comme l'excellent Pierre Bayard avait vendu la mèche, ce roman m'a un peu ennuyée. Un comble. Parce que dans mon potager, Agatha rime avec joie (oui, je sais, la rime n'est pas terrible, mais je ne suis pas Victor Hugo et elle reflète bien mon admiration pour la Grande Dame).

Il faut dire que le cadavre n'apparaît qu'à la page 180 sur 251.Comprenez donc que j'ai pu ronger mon frein. mais une fois le cadavre en position, c'est bien plus rigolo... Enfin, plus rythmé, quoi.

Comment ça, on ne sait toujours pas de quoi ça parle ? Alors voilà le 4e de couv', parce que je ne veux pas me faire accuser de spoiler :
Le "Champ du gitan"... Michael avait tout de suite aimé la beauté sauvage de cette propriété. C'était décidé : sur les ruines de l'ancien manoir, il construirait sa maison. Une maison de rêve, bien entendu. Et il s'y retirerait loin de tout, avec Ellie. Mais le "Champ du gitan" avait mauvaise réputation et la lande était maudite. On racontait que des Romanichels y avaient jeté un mauvais sort, que d'étranges accidents s'y produisaient... Pourtant Michael n'était pas superstitieux, lui. Les menaces de la vieille bohémienne ne lui faisaient pas peur. Personne ne croit plus à ces choses-là, de nos jours...
 Vous voici au parfum. L'élucidation de l'énigme proprement dite est peut-être moins importante que le "dénichage" des indices semés tout au long du roman, une fois que l'on connaît la solution, annonciateurs du meurtre. C'est une approche de lecture différente, où chaque mot est décortiqué, mais qui peut avoir son charme.

En bref, une seule suggestion : faites-vous une idée par vous-même, le roman n'est pas long et du temps passé avec Agatha n'est jamais du temps perdu.

Et si vous vous demandez en quoi Pierre Bayard vend la mèche, cette chère Madame Groseille devrait vous en entretenir prochainement.

Mademoiselle Potiron

Agatha Christie, Tant que brillera le jour

Chers amateurs du Potager,

Ce court recueil de neuf nouvelles aura comme un air familier aux fans de la Grande Dame. En effet, rédigées entre les années 20 et le début des années 30, certaines d'entre elles ont servi de canevas pour des intrigues ultérieures, comme Christmas Pudding ou le Mystère du bahut espagnol. D'autres sont de solides histoires, davantage axées sur le drame psychologique que le classique whodunit.

A noter néanmoins, une rareté : en 1930, afin de promouvoir le tourisme dans l'île de Man, le June Effort Committee, sorte d'office du tourisme local, a eu l'idée d'organiser une chasse au trésor, avec l'île pour décor. Les indices, inspirés par la géographie, l'histoire ou les traditions manx, devaient être délivrés aux lecteurs du Daily Dispatch, au travers d'une intrigue policière avec cadavre à l'appui. Et qui mieux que Lady Agatha pour rédiger cette historiette à énigme ? La nouvelle présente en outre la particularité d'avoir conservé son mystère. En effet, les différents trésors dissimulés dans l'île sont découverts par les personnages (le 1er devant plus ou moins conduire au second), mais la solution des différentes énigmes n'est pas fournie par le récit, afin de laisser aux aventureux lecteurs le loisir d'exercer leurs petites cellules grises.

Alors à vos neurones !

Mademoiselle Potiron

PS : pour les plus paresseux d'entre vous, la postface de l'édition du Masque fournit les réponses...

lundi 30 août 2010

Italo Calvino, Cosmicomics

Chers amateurs du Potager,

A mi-chemin entre science-fiction et poésie, voici les Cosmicomics. Qui bénéficient d'un 4e de couverture éclairant :
Douze récits dont le héros est vieux comme le monde et en raconte la naissance. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir les aventures les plus quotidiennes, depuis le jeu de billes sur la courbure de l'espace jusqu'à la poursuite des parallèles pour rejoindre une plaisante demoiselle, ou jusqu'au tracé du premier signe dans le vide, au bord d'une galaxie.
Ou comment traduire avec beauté et humour les lois de la physique quantique. Certains récits sont particulièrement drôles, comme celui du grand-oncle aquatique, qui persiste à vouloir rester un poisson, en bougonnant dans sa lagune, alors que l'évolution a poussé le reste de sa famille à choisir une vie terrestre. D'autres sont plus nostalgiques, comme l'histoire d'un dinosaure, peut-être dernier de son espèce, qui fait la connaissance des "nouveaux" et s'étonne de leur vision sur ses congénères, qui ne correspond par nécessairement aux souvenirs qu'il peut en avoir.

Un joli recueil de belles histoires.

Mademoiselle Potiron

Sue Grafton, Q comme Querelle

Chers amateurs du Potager,

Je suis une grande fan de Kinsey Millhone, détective dynamique créée par Sue Grafton et célèbre pour ses intrigues illustrant les lettres de l'alphabet (A comme alibi, B comme brûlée, et ainsi de suite). Dans ce nouvel épisode, la pêchue Kinsey enquête sur un meurtre vieux de 18 ans, dont la victime n'a jamais été identifiée.

Au delà de la personnalité extrêmement attachante de miss Millhone, de l'intrigue très intelligemment construite, c'est surtout la remontée dans le temps pour découvrir, en grappillant une info par ci par là, en reprenant les témoignages, en ré-étudiant les indices, l'identité de la victime et plus si affinités (l'identité de l'assassin par exemple). On s'aperçoit bien vite que la patience (et un bon annuaire des dentistes) est l'amie du détective, si l'on en doutait encore.

En outre, le style est à mon goût, teinté d'humour (Kinsey narratrice n'est pas dépourvue d'auto-dérision), dynamique et agréable.

J'en suis à mon 17e tome, et je ne suis toujours pas déçue. Une valeur sûre donc.

Mademoiselle Potiron

Emily Brontë, les Hauts de Hurle-Vent

Chers amateurs du Potager,

Voilà, moi, Mademoiselle Potiron, j'ai un aveu à faire. Un aveu suicidaire (puisse Madame Groseille me pardonner) : les Hauts de Hurle-Vent, chef d'oeuvre s'il en est de la littérature anglaise, ben, ça m'a énervée. Pas ennuyée, non, quoique j'ai trouvé le début un peu pesant, mais agacée, ulcérée, argh-ée.

Si l'intention d'Emily Brontë était de décrire une bande de grands enfants, tous aussi frapadingues les uns que les autres, c'est réussi (à mon sens, mais bon, je n'ai pas le sens commun). Si l'histoire est séduisante, j'ai trouvé que les personnages étaient tous (quoiqu'à des degrés différents) insupportables. Hélas. La passion dévorante n'excusant pas tout, j'ai eu du mal avec les colères de Catherine "senior" (non, mais franchement, se rouler par terre en hurlant, taper du pied et mordre les coussins de rage, à presque 20 ans, c'est abuser). Heathcliff est un pervers acariâtre, Isabelle est une nouille et Edgar un mou du genou comme c'est pas permis (heureusement qu'il se rattrape un peu dans son rôle de père, touchant). Et je n'aborderai même pas la question de Linton, sans quoi je vais m'énerver (encore) et ça pourrait faire fuir les quelques courageux qui sont arrivés jusqu'ici. Même Hélène, pourtant la plus raisonnable des personnages principaux, est infantilisée par sa condition de servante-gouvernante-femme de charge-bonne à tout faire. J'avoue avoir eu l'impression (désagréable) de me retrouver dans un épisode de Supernanny.

Cathy "junior" m'a davantage séduite, peut-être parce que ces rébellions, à la différence de celles de sa mère, sont constructives, au lieu d'être destructrices. De la même façon que l'orgueil de Hareton, qui au départ était plutôt un handicap, s'est révélé au final un atout. C'est ce fossé entre la "jeune génération" (Linton excepté) et la "vieille génération" que j'ai trouvé le plus intéressant. je les ai trouvés bien plus adultes que leurs prédécesseurs.

Ah! Et j'ai aimé la fin (le côté mystique m'a fait bien rire). J'assume parfaitement ce côté guimauve.

En bref, deux diagnostics : soit je suis une inculte abrutie obtuse qui ne comprend rien à la littérature anglaise, soit je suis passée à côté du livre.

Ou alors Emily Brontë l'a écrit en espérant faire bisquer ses lecteurs. Mais là, je fantasme.


Mademoiselle Potiron

samedi 21 août 2010

Bienvenue sur le blog de Madame Groseille et Mademoiselle Potiron !

Bonjour aux égarés de la blogosphère qui arrivent dans notre riant potager.

Toutes nos excuses, d'ailleurs, à ceux qui espéraient trouver un blog culinaire, mais nous sommes avant tout d'ardentes lectrices. Donc, au menu du jour (et des jours suivants) : des commentaires de lecture. Même si nous n'avons pas la prétention de révolutionner la critique littéraire mondiââââle, vous trouverez ici quelques impressions sur les livres que nous avons aimés et sur ceux que nous avons moins aimés.

Au fil des billets, vous constaterez d'ailleurs nous lisons tout ce qui nous tombe sous la main (ou presque, faut pas pousser) : les thrillers bien sanguinolants, le théâtre, les classiques, l'humour anglais (parfois en VO, sommes-nous courageuses!), et même les mangas...

Comme nous ne sommes pas que de charmantes rattes de bibliothèques, vous trouverez aussi quelques avis sur les films sortis au cinéma, et d'une manière générale,  tout ce que nous aurons envie de raconter sur ces pages, parce qu'après tout, nous y sommes chez nous (na !).

N'hésitez pas à laisser un commentaire, chacun d'eux enrichira le blog.

Madame Groseille et Mademoiselle Potiron