dimanche 29 janvier 2012

PD James, Une Folie meurtrière


Chers Amis du Potager,

J’aime les vieilles Anglaises. Constat qui n’a rien de très surprenant, Gentil Libraire s’en étant rapidement rendu compte. Maintenant, dès qu’il m’aperçoit furetant dans les rayonnages, même s’occupant d’un autre client, il en profite toujours pour me désigner du doigt la dernière vieille British adoptée par la maison. Gentil Libraire est un chou.

Parmi les vieilles ladies qui occupent régulièrement mes lectures, j’aime bien PD James, pour l’élégance un peu empruntée d’Adam Dalgliesh, son enquêteur fétiche, ses intrigues bien construites et son charme parfois désuet (j’ai davantage lu les premières enquêtes de Dalgliesh que les plus récentes, d’où la désuétude). C’est comme Ruth Rendell, ça fait old school et j’aime bien.

Bref, dans cet épisode, la directrice administrative d’une clinique psychiatrique huppée (oui, je sais, après Villa des Hommes, je cumule les zinzins) est retrouvée assassinée aux archives, poignardée en plein cœur, le fétiche fabriqué lors des séances d’ergothérapie par un psychotique entre les mains. Solution facile ? Nenni. Le psychotique en question est hospitalisé pour une pneumonie et ne s’est pas rendu sur place ce fameux vendredi soir.

Le piège se referme sur le personnel de la clinique, personne n’étant ni sorti depuis la découverte du cadavre et les allées et venues étant scrupuleusement surveillées par les gardes.

Or, il ne faut que peu de temps à Dalgliesh, venu en voisin d’une réception donnée par ses éditeurs en l’honneur de son dernier recueil de poèmes, pour constater que la grassouillette directrice administrative, par son côté rigide et bien pensant, ne s’était pas fait que des amis parmi ses collègues, médecins comme personnel administratif et femmes de charge.

Du coup, les mobiles foisonnent, et dissipent les quelques certitudes que Dalgliesh pouvait avoir sur la situation. C’est d’ailleurs un Dalgliesh inquiet que nous retrouvons, doutant de ses capacités, et craignant que la solution ne lui échappe. Vous avouerez que ça change des enquêteurs imbus de leur personne et qui ne doutent de rien. Les fats.

Comme toujours avec les vieilles Anglaises, le style ne déborde peut-être pas d’une originalité dingue, mais il se révèle agréable et efficace. Les personnages ont tous leur individualité propre, on en devine la profondeur malgré la brièveté des rencontres (Dalgliesh les croisera au fil de l’enquête mais ne les reverra jamais).

L’intrigue, bien ficelée, a elle aussi un petit côté old school, où l’on se scandalise des relations extraconjugales, des relations sexuelles avant le mariage, et où le sort des vieilles filles n’est pas toujours enviable.

PD James et ses contemporaines sont le parfait lien entre les romancières de policiers classiques, comme Agatha Christie, Dorothy Sayers, Margery Allingham, et les nouvelles reines du crime, plus énergiques et plus sanglantes.

PD James ne révolutionne pas le roman policier, surtout tel qu’on le conçoit aujourd’hui, mais elle sait écrire des romans policiers de grande qualité, et, au final, c’est tout ce qu’on lui demande.

Mademoiselle Potiron

Une Folie meurtrière (A Mind to murder), par Phyllis Dorothy JAMES, Livre de Poche Policier 288 pages, 5,5 €

Pénélope Bagieu, Cadavre exquis / la Page blanche (avec Boulet)


Chers Amis du Potager,

Un peu de bande dessinée, pour changer (ceux qui ont des réclamations à formuler peuvent s’adresser au talentueux Guillaume Long et à l’inspirée Nancy Peña), avec une valeur sûre de la blogosphère illustrée : la fascinante Pénélope Bagieu (ce n’est pas moi qui le dit).

Sa dernière création solo, Cadavre Exquis, est sortie en Folio, ce qui permet de passer un bon moment pour peu d’argent et peu d’encombrement (puisse Tolkien combler l’inventeur du livre de poche !).

On y retrouve une jeune femme un tantinet looseuse, Zoé, hôtesse dans les salons et foires, où les mains baladeuses et les blagues foireuses des visiteurs égaient ses journées, en attendant qu’elle ne retrouve le soir son jules, chômeur de longue durée atrabilaire, adepte du service minimum et qui fait l’amour en gardant ses chaussettes.

Un jour que Zoé déguste son « taboulé de luxe » en barquette, assise sur un banc, et contemple avec désespoir sa vie morose, elle aperçoit un visage qui l’observe depuis l’immeuble d’en face. Ni une, ni deux, la voilà qui sonne à l’interphone pour demander l’autorisation d’utiliser les wa-wa. Pour une entrée en matière…

Le reclus, Thomas, finit par laisser entrer Zoé qui va donc faire sa petite commission, la porte ouverte pour pouvoir discuter avec son hôte.

Malgré cette entrée en matière plutôt osée (Joséphine est une autre héroïne de Pénélope Bagieu), une histoire d’amoûûûûr, va naître entre nos deux héros, mais qui saura réserver bien des surprises au chanceux lecteur.

Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, Pénélope s’est associée à l’excellent Boulet (souvenez-vous, la couverture de Jaddo, c’était lui), elle au dessin, lui au scénario, pour concocter La Page Blanche (cette fois, c’est du grand format).

Tout commence avec une jeune femme assise sur un banc. Elle a pleuré. La nuit tombe. Elle veut rentrer chez elle. Mais ne se souvient plus où se trouve son chez elle. Ni qui elle est, d’ailleurs. Frappée d’une amnésie qui touche tous ses souvenirs personnels, « comme dans les films », elle va devoir partir à la recherche de cette inconnue : elle-même.

Dit comme ça, ça peut paraître assez banal comme début. « Comme dans un film ». Mais ce qui est intéressant, c’est la quête de cette jeune femme, ses techniques pour dissimuler son mal, sa recherche des indices, les fictions qu’elle élabore pour tenter de faire tenir son fragile édifice personnel en un seul morceau.

Certains critiques n’ont pas aimé. Tant pis pour eux. Moi, j’ai trouvé cette jeune femme bien décrite, fragile pourtant prête à donner le change, sachant faire preuve d’humour quand tout le reste à fichu le camp. On s’attache à cette personnalité vierge mais bien plus riche que ces amis « d’avant ». Parce qu’on n’est pas toujours ceux que l’on aurait aimé être.

Et la morale de l’histoire, pour dérangeante qu’elle puisse être aux yeux d’une certaine intelligentsia mieux informée que le commun des mortels, est finalement bien trouvée. Mieux que dans les films.

D’ailleurs, avis aux amateurs d’amnésiques, vous allez bientôt être gâté avec un roman de la série des William Monk, que je devrais vous commenter sous peu…

Mademoiselle Potiron
Cadavre exquis, par Pénélope BAGIEU, Folio 7,50 euros ; 
La Page Blanche, par BOULET et Pénélope BAGIEU, Delcourt 22,95 euros

Denis Guedj, Villa des Hommes


Chers Amis du Potager,

Ma chère Mimi ayant décidé de m’initier à la culture mathématique (est-elle mignonne, et optimiste…), elle m’a donc orienté vers un auteur français, Denis Guedj, susceptible de combler mes attentes scientifiques (après Stephen Hawking et une visite au Musée des Arts et Métiers, servir la science est ma joie).

Et comme elle est serviable, elle m’a gentiment envoyé les trois romans de Denis Guedj qui garnissaient jusqu’à présent sa bibliothèque : le Mètre du Monde, la Méridienne et Villa des Hommes.

C’est par ce dernier roman que j’ai donc entamé ma mini-PAL « livres prêtés – à lire promptement » (un promptement tout relatif, Papounet m’a prêté deux polars qui y dorment depuis… pfiou… deux ans ? mais il faut dire que la real-PAL ne cesse de grossir, ça fait concurrence). Bref. Villa des Hommes.

La Villa des Hommes désigne le pavillon… des hommes d’un hôpital psychiatrique (plutôt ambiance maison de repos que psychotiques hurlants) de Prusse-Occidentale. Au printemps 1917, la chambre 14 y est occupée par Hans Singer, mathématicien de génie frappé de sévère dépression. Alors qu’il s’y enferme dans son mutisme, Mathias Dutour, un jeune soldat français traumatisé par la guerre de tranchées, vient occuper le second lit de la chambre. Pourquoi précisément dans la chambre de Herr Singer ? Parce que ce dernier parle parfaitement le français (avec juste ce qu’il faut de barbarisme pour le rendre attachant).

Entre le vieux Singer, qui reprend peu à peu goût à la conversation, et le soldat prostré dans sa douleur, vont naître de curieux entretiens, monologues de Singer d’abord, puis réels échanges. Le point de départ de cet apprivoisement mutuel viendra des mathématiques, science qu’enseigna Hans Singer, et qu’il révolutionna par la découverte des infinis. Comme tous les grands découvreurs qui révolutionnent une matière, inutile de dire que ses travaux n’ont pas toujours reçu un accueil des plus favorables.

Peu à peu attiré dans l’échange par ce thème neutre, Mathias va lui aussi se découvrir.

Je n’en dis pas plus. Il faut lire ce livre, très beau et très émouvant.

Pourtant, ce n’était pas gagné d’avance : des maths et des névrosés… Charmant cocktail. Mais, en réalité, il s’agit d’un récit très élégant, très poétique (même si je ne me suis pas trop penchée sur le style de Denis Guedj, la musicalité de ses phrases suffisant à mon bonheur), d’une transmission, d’une amitié pudique qui ne dit pas son nom, d’une renaissance. On s’attend à une relation de maître à disciple, on constate qu’elle est plus égalitaire qu’on ne le pensait. Les deux protagonistes ont de vraies personnalités, et leur présence physique est palpable dans tout le roman.

Lequel prend une dimension particulière, celle d’un hommage à Georg Cantor, grand mathématicien allemand, dont seul le nom a été changé en Hans Singer pour les besoin de la cause (d’ailleurs, Singer et Cantor ne sont qu’un seul et même nom). Et c’est avec beaucoup de sensibilité (sans sensiblerie) que Denis Guedj nous conte les derniers mois de sa vie, avec respect, humour et tendresse.

Décidément, les maths me charment. Qui l’eût cru ? Merci, Mimi !

Mademoiselle Potiron

Villa des Hommes, par Denis GUEDJ, Points 313 pages, 7 euros

Guillaume Long, A boire et à manger


Chers Amis du Potager,

Comme promis dans le post consacré à Nancy (si vous avez aimé, d’autres sont en préparation), voici celui que vous attendez tous… Guillaume Long… Tadaaaaa !

Amis gourmands, amis gourmets, le très appétissant blog A Boire et à Manger (ABAM pour les intimes) fait donc sa sortie spéciale pour internetophobes, en format papier.

Derrière la couverture jaune, vous allez découvrir des merveilles de technologie, tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le radis noir sans jamais avoir osé le demander (et vous n’entendrez plus jamais Barbara d’une même oreille), voyager, récupérer de bonnes recettes et de bonnes adresses, découvrir le Pépé de Guillaume et Pépé Roni et saurez enfin comment cuire les œufs (parce qu’on dit toujours « vas te faire cuire un œuf », mais la bonne cuisson d’un œuf, c’est tout un art).

Peu de nouveautés pour les lecteurs assidus de la version virtuelle, mais le plaisir d’avoir toutes ses planches réunies dans un seul ouvrage, qu’on peut ouvrir au-dessus de la planche à découper pour en réaliser les recettes mérite largement le doublon.

Pas de panique, d’ailleurs, pour les quiches en cuisine. Guillaume a su s’adapter à un public allant du béotien à la toque étoilée, et ses recettes sont classées par niveau.

Au chapitre des innovations, vous trouverez tout de même une fort sympathique préface de François-Régis Gaudry, animateur de radio (entre autres) connu pour son émission On va déguster (tout un programme), et un tableau recensant les légumes de saison (comme ça, vous n’aurez plus d’excuses pour ne pas choisir un excellent radis noir).

Comme le blog, c’est très drôle, très instructif, bourré de bonnes idées plus alléchantes les unes que les autres. Les personnages sont très bien croqués, avec une certaine simplicité qui sait néanmoins leur conserver toute leur expressivité.

Pour pimenter tout cela, et lui ôter son côté trop magistral d’un livre de cuisine lambda, Guillaume Long sait mettre ses recettes en scène, dans des planches où alternent à la fois la poésie, le thriller ou la franche rigolade.

Et puis, soyons franc : c’est une lecture qui donne faim.

Qui fait saliver, gargouiller l’estomac.

Au point de vous réconcilier avec des légumes étranges (comme le radis noir) et d’en réhabiliter d’autres, comme le brocoli branchitudisé en brocolounge® par l’association « Navets, céleris, épinards, choux de Bruxelles et autres légumes maudits mais qui en fait peuvent être délicieux » (la bien connue MCECDBALMMQEFPED).

Si, si.

Alors s’il vous arrive (parfois) de manger et si vous savez, grosso modo, où se trouve votre cuisine, je ne peux que vous conseiller cette BD réellement bien fichue.

Et redécouvrir le radis noir (un fil noir, pardon, un fil rouge, s’est glissé dans cette note. Sauras-tu le retrouver ?)

Mademoiselle Potiron

A boire et à manger, par Guillaume LONG, Gallimard 144 pages, 20 euros (largement mérités)

Marguerite Yourcenar, Mémoires d'Hadrien


Chers Amis du Potager,

Même si les aventures de Zénon dans l’œuvre au noir ne m’avaient pas emballée plus que cela, l’écriture musicale et poétique de Marguerite Yourcenar, découverte grâce à ses Nouvelles orientales, m’a toujours séduite. Sans doute une question de climat, Zénon perdu dans les brumes du nord manque de la clarté lumineuse du monde méditerranée qu’affectionnait particulièrement cette grande romancière.

Or, même si Hadrien, empereur romain, est surtout connu pour le mur qu’il fit édifier en Ecosse et qui porte son nom (séance de rattrapage pour les amateurs dans Kaamelott), son histoire personnelle, ses penchants artistiques, sa découverte d’Athènes, ses luttes à Jérusalem (déjà), Antinoüs le Bythinien, le Nil, même ses campagnes militaires en Pannonie, respirent l’air chaud et parfumé du sud et de l’orient.

Les Mémoires proprement dits sont en réalité une longue lettre, dans laquelle Hadrien se livre, de façon plutôt chronologique, détaille son enfance, son éducation, les échelons gravis pour arriver au pouvoir, sa conception de l’empire et du rôle de l’empereur, les obstacles dressés par ses ennemis politiques, l’appui efficace de l’impératrice douairière Plotine, l’influence perpétuelle de la philosophie, de la poésie et des arts, l’amour d’Antonoüs et la tragédie de son suicide, l’exercice du pouvoir, la solitude et les souffrances de la maladie.

Le destinataire de cette lettre, Marc Aurèle (si la vérité historique ne fait pas partie de vos exigences, Gladiator vous en dressera un rapide portrait et vous distraira pendant deux bonnes heures. Si vous préférez l’authenticité, je vous conseille ses Pensées pour moi-même, disponibles dans toute bonne librairie), adopté par Antonin, lui-même adopté par Hadrien, n’est donc que son successeur, ce qui donne à ce récit dense un caractère initiatique.

Le sujet du livre n’est donc pas mystérieux. Un rapide détour par n’importe quelle encyclopédie vous livrera les grands traits de la vie d’Hadrien, dont on sait déjà qu’il meurt à la fin (le 10 juillet 138 pour les curieux).

Le tour de force de Marguerite Yourcenar est d’être parvenue à se mettre dans la peau d’un homme mûr mort il y a vingt siècles, d’avoir fondu sa propre personnalité dans celle de l’empereur, au point que l’on oublie qu’il s’agit d’un roman contemporain, et qu’on se prend à croire lire un manuscrit exhumé des cendres pompéiennes.

L’autre grand talent de la romancière, déjà mentionné plus haut, est la très grande qualité de sa plume, poétique sans être ampoulée, délicate sans être molle, belle sans être superficielle. La musicalité de certains passages mériterait une lecture à voie haute.

C’est un avis très personnel, les résonnances d’un texte varient en fonction du lecteur, mais si l’envie vous prend de tenter l’expérience, vous ne devriez pas être déçus.

Mademoiselle Potiron

Mémoires d'Hadrien, par Marguerite YOURCENAR, Folio 364 pages, 7,5 €

Kalpana Swaminathan, Saveurs assassines


Chers Amis du Potager,

Si j’aime beaucoup la littérature indienne moderne mais classique (Tagore et Narayan en tête), j’avoue que les polars indiens, pour sympathiques et divertissants qu’ils soient, n’ont pas été, jusqu’à présent, inoubliables.

Mêmes les Aventures d’un Indien malchanceux qui devient millionnaire (et qui donna Slumdog Millionnaire) m’ont paru d’une longueur sans fin (je lisais un chapitre par-ci, par-là, encore heureux qu’ils soient indépendants les uns des autres). Pas inintéressant, mais pas emballant non plus. Le ventre mou, quoi.

Peut-être aussi que je suis plus attiré par l’exotisme des Indes anglaises, qui transparait même chez les auteurs plus contemporains, mais nés avant l’indépendance (comme Narayan).

C’est sans doute le charme très « Agatha-Christien » des Saveurs Assassines qui fait que ce roman policier contemporain a retenu mon attention, à la différence de l’Homme qui exauce les vœux (de Tarquin Hall, pas mal, mais pas transcendant).

Comme dans la Mystérieuse affaire de Styles, on trouve le plan de la villa où va se dérouler le week-end fatidique.

Pour planter un peu le décor, disons que Hilla Driver a hérité de son oncle Fromroze une villa lugubre chèrement mise au goût du jour par une décoratrice hors de prix. Hilla y réunit des amis de feu son mari, des connaissances, pour tester son cuisiner Tarok (un nom digne des Zabars, non ?) et son logis en vue d’en faire un gîte de luxe pour personnalités « de la page 3 » (celle des people) : un critique littéraire, un romancier, sa compagne, un mannequin, un danseur, un homme d’affaires, un médecin, son épouse et leurs marmots.

Parce que ce serait sans doute trop lugubre sans soutien, Hilla peut compter sur sa nièce Ramona, et surtout sur Lalli, pimpante sexagénaire qui a longuement œuvré dans la police de Bombay où son intelligence supérieure permit de résoudre des crimes qui laissaient la police scientifique perplexe. La narratrice (sans nom) n’est autre que la nièce de Lalli, 33 ans, qui a perdu en une seule journée son boulot, son mec et sa bibliothèque. Un record.

Tout ce petit monde se retrouve donc dans la Villa Ardeshir, rénovée. Mais les tensions entre des personnalités aussi marquées et antagonistes ne vont pas tarder à se faire jour, cristallisées autour des talents culinaires de Tarok qui œuvre pour un retour à la cuisine traditionnelle, au grand dam de cette bande de branchés dégénérés.

Des conversations surprises sur la terrasse, des allusions, une danse envoûtante vont mener au crime, que Lalli devra résoudre seule, la villa étant rendue inaccessible par la mousson.

Sans être aussi arrogante qu’Hercule Poirot, Lalli ne dispose que de son exceptionnel entrain et de sa grande connaissance de l’âme humaine pour y parvenir, ce qui n’est pas sans rappeler le célèbre petit Belge.

L’ambiance est très réussie, les invités très tête-à-claque, les mets concoctés par Tarok mettent l’eau à la bouche. L’intrigue est assez prévisible (on s’étonne du manque de clairvoyance de la narratrice), mais le charme indéniable de ce roman fait oublier les ficelles un peu grosses.

Seul bémol : un style parfois elliptique qui oblige à relire certains passages.

Mademoiselle Potiron

Saveurs assassines (the Page 3 murders), par Kalpana SWAMINATHAN, Points Policier 357 pages, 7,5 €