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jeudi 2 juin 2011

Chi Li, Préméditation

Chers Amis du Potager,

Mademoiselle Chi est une romancière chinoise qui gagne à être connue. D'abord parce que son écriture est bien rythmée, pleine d'humour. Ensuite parce que sa prise de position est intéressante.

Dans la Chine communiste, il n'est pas forcément de bon ton de railler les pauvres pour mettre en valeur les bourgeois, mais c'est pourtant le parti pris par la demoiselle.

Wang Liegou est l'héritier d'une lignée autrefois riche et puissante, aujourd'hui ruinée. Parallèlement, la famille de Ding Zongwang a su profiter de l'évolution de la société pour se développer et prendre la place de la famille Wang. Wang Liegou rumine donc sa colère (largement entretenue par sa grand-mère), laquelle s'amplifie lorsque Ding Zongwang épouse la très belle jeune femme qui Wang convoitait, alors que ce dernier doit se contenter d'une épouse au visage grêlé. 

Ce contentieux est le point de départ de toutes les (nombreuses) tentatives de se venger de Ding, Wang ne reculant devant aucune traîtrise, aucune bassesse, aucun subterfuge, pendant que le bourgeois Ding affronte les épreuves avec une dignité et une bonté étonnantes. 

On en peut s'empêcher de trouver à Wang Liegou un petit côté Joe Dalton trépignant et rageur, qui réjouit d'autant que le bonhomme fait preuve d'une persévérance dans la vengeance qui laisse songeur. 

Mademoiselle Potiron

Préméditation (Yumou sharen), par CHI Li, Babel 135 pages hilarantes, 6,50 euros

lundi 28 février 2011

LU Wenfu, Vie et passion d'un gastronome chinois

Chers Amis du Potager, 

Voici un roman gourmand, pour gourmets.

Il s'agit de la lutte perpétuelle de Gao, le narrateur, esprit chagrin pour qui la nourriture se résume à l'alimentation, contre Zhu Ziye, le gastronome, le gourmand, l'amateur de bonne chair, dont la vie est rythmée par les repas, goûters et autres casse-croûtes goûtus. Et comme Gao n'a pas d'argent et vit chez Zhu Ziye le riche bourgeois, le voici à courir les marchands ambulants pour rapporter les mets délicats dont se repaît Zhu Ziye. A son grand désespoir.

Arrive la révolution, et Gao, qui avoue haïr la gastronomie, se retrouve directeur de restaurant, devant servir la cause au travers de repas égalitaires et prolétaires, devant lesquels Zhu Ziye ne peut que faire grise mine.

Leur lutte durera des décennies, la famine les rapprochant, les dîners les séparant, créant ainsi un rapport d'attraction et de répulsion étrange, fonction des disponibilités alimentaires. Sans oublier la tentative désespérée de Gao d'échapper à la grande bouffe, qui le poursuit sans cesse et lui devient, à son corps défendant, indissociable.

Le tout émaillé de délices du plus haut intérêt culturel : nouilles, rouleaux de poisson aux oeufs de crevettes, oie braisée au marc de vin, coeurs de légumes aux miettes de crabe, jarret de porc confit,... et baignant dans un humour omniprésent.

A croquer.

Mademoiselle Potiron

Vie et passion d'un gastronome chinois (Meishijia), par LU Wenfu, Picquier Poche 188 pages, 6,5 euros