Après Francis veut mourir et le Coup du lapin, d’aucuns
pourraient penser que j’abuse en vous présentant aujourd’hui un ouvrage
sous-titré la Mort, sa vie, son œuvre
(les autres me jetteront un regard de commisération en hochant la tête et me
glisseront discrètement la carte de visite de leur psychiatre préféré, les
truffes).
Mon goût pour le macabre (raccord avec la saison) n’a rien de morbide.
C’est juste que j’ai l’humour subtil (tendance grand-breton) et noir (tendance
André Breton).
Agnès Michaux et Anton Lenoir sont d’ailleurs sans doute affligé de ce
même sens de l’humour un tantinet absurde puisque leur somme consacrée à la
faucheuse est particulièrement tordante, en plus d’être instructive. Une
gageure avec un thème pareil.
Présenté comme de classiques miscellanées, cet ouvrage fort complet
vous renseignera sur les us et coutumes funéraires, sur l’histoire des
cimetières célèbres, sur les œuvres ayant la mort pour héroïne (au cinéma, en
littérature, en peinture, en sculpture), sur le vocabulaire du fossoyeur, sur
la géographie des Enfers chez les Grecs anciens, entre autres.
Les pipoles sont aussi au rendez-vous, avec au choix leur dernier
repas (la soupe de lentilles, c’est trop mortel), leurs dernières paroles (avec
parfois un sens de l’à-propos tout à fait saisissant), ou les souhaits qu’ils
ont pu confier à des magazines concernant leur dernière heure.
Vous y aurez la confirmation que l’alcool, c’est mal (la drogue aussi,
hein), notamment avec la petite anecdote arrivée à la femme de William
Burroughs (et qui a peut-être inspiré les scénaristes de Skyfall au passage). Que la famille n’est pas la solution à tout
(demandez donc à Marvin Gaye) et que la nécrophilie requiert de ne pas avoir
l’odorat délicat. Et on vous dévoilera les petites vacheries dont de roublards
agonisants sont encore capables.
D’autres passages, plus émouvants (à la condition que John Cleese ne
soit pas de service), sont consacrés à des oraisons funèbres, à des testaments
comme celui de Victor Hugo. Vous apprendrez aussi pourquoi Sophie Berthelot gît
au Panthéon, à côté de son chimiste de mari (une belle histoire d’amour comme
on n’en fait plus, ma pauv’ dame).
Le tout est illustré de gravures, photos, affiches macabres à souhait.
Bref. De quoi vous instruire et vous bidonner, quoi.
Attention, cependant : la lecture de cet ouvrage en public est
déconseillé (j’ai testé, ma collègue qui m’avait naïvement demandé « tu
lis quoââââ ? », m’a regardée bizarrement après que je lui ai montré
la couverture. Ahem).
Mademoiselle Potiron
Death is a star, par Agnès
MICHAUX et Anton LENOIR, Flammarion 2012, 424 pages mortelles, 19.90 euros.
Eh bien ! Me voilà tout rougissant !
RépondreSupprimerJe découvre que j'ai une "aura quasi mythique". Faut pas me dire des choses pareilles, je vais avoir du mal à rentrer dans mes chaussures. ;)
En tout cas, merci pour cette très gentille note de lecture et merci pour le plaisir de la rencontre. C'était pour moi aussi un excellent et touchant moment.
Je suis ravi d'avoir pu contribuer à vos cadeaux de Noël. ^^
Merci :) Et pour "creuser" d'avantage la question (parce que six pieds, c'est pas si profond) :
RépondreSupprimerhttps://www.facebook.com/flammarion.deathisastar
http://deathisastar.tumblr.com/