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samedi 3 novembre 2012

Pot-pourri... # 3


Chers Amis du Potager,

Tome 3 des résumés de lecture. Par ici, s’il vous plait.

Le Manteau de Proust, de Lorenza Foschini : Dans les archives du musée Carnavalet se trouve le manteau qui a couvert Proust pendant qu’il rédigeait la Recherche. La journaliste italienne Lorenza Foschini retrace l’aventure des biens du grand homme, objet de la quête obsessionnelle d’un collectionneur éclairé. Le style est parfois heurté, et les nombreux retours en arrière ne facilitent pas forcément la compréhension, mais l’histoire est belle et émouvante. Quai Voltaire, 144 pages, 15 euros.
 
La Petite chronique d’Anna Magdalena Bach, d’Esther Meynell : Présenté comme l’œuvre de la veuve du grand Johann Sebastian Bach, alors qu’il fut rédigé par une musicologue anglaise du début du XXe siècle, ce récit quoique fictif est solidement documenté. On pénètre l’intimité du grand compositeur, on (re-)découvre les nombreux soucis qui émaillèrent sa vie (l’argent, ses supérieurs, ses élèves), sa passion pour l’orgue, l’amour porté à sa famille. Magdalena nous conte son époux avec humour et tendresse. La relation de sa mort est poignante. Le Félin édition / Arte Editions, 208 pages, 10.90 euros. 


Maison des autres, de Silvio d’Arzo : récit étrange des tourments d’un vieux curé de village des Apennins, au sortir de la guerre, qui ne sait pas comment aider une vieille femme. La parole la soulagerait, mais si elle persiste à se taire ? Loin du rigolard Dom Camillo, un texte rude comme le climat de la montagne, où l’incompréhension, la solitude, l’orgueil sont autant d’obstacles au retour de la paix. Une très belle nouvelle, forte, au style efficace d’un jeune romancier italien mort peu après. Verdier, collection Terra d’Altri, 96 pages, 10.80 euros.

 
Origine, de Diana Abu-Jaber : Lena est une spécialiste des empreintes digitales travaillant pour la police de Syracuse, dans l’Etat de New York. Adoptée, elle se souvient seulement d’avoir été élevée par des singes. Son rapport à l’enfance n’est pas simple. Aussi, quand une mère éplorée vient la supplier de rechercher de nouvelles empreintes sur le berceau de son bébé décédé d’une mort subite, persuadée que l’enfant a été tué, Lena n’en mène pas large. Un polar primé et bien fichu, pas rose layette pour deux sous, avec une héroïne plutôt crédible. Points Policier, 544 pages, 8.20 euros.


Tijuana Straits, de Kem Nunn : autre polar bien fichu et moins prévisible qu’il ne le laissait paraître. Le héros est un ex-surfer reconverti dans l’élevage de vers de terre (miam !) et travaillant occasionnellement avec les services de l’environnement à la frontière avec Tijuana. C’est de cette charmante bourgade mexicaine, ultra-violente, ultra-polluée, ultra-corrompue que s’échappe Magdalena, collaboratrice d’une avocate spécialisée dans les crimes environnementaux. Au fil de cette histoire bien rythmée qui dynamite les conventions du genre, on découvre que le mal ne vient pas toujours d’où on l’attend. 10/18 Policier, 381 pages, 8.10 euros.


Les Forçats de la route, d’Albert Londres : pour finir sur une note plus joyeuse (mais pas moins camée), c’est l’occasion de redécouvrir les articles rédigés par Albert Londres à l’occasion du Tour de France 1924. Véritable épreuve de force (départ avant l’aube, arrivée à la nuit, étapes de plusieurs centaines de kilomètres, sur des routes défoncées), nos héros de la bicyclette sanglotent parfois à l’arrivée d’une étape trop éprouvante, qui ne leur rapportera que des clous. Car souvent, ils pédalent pour la gloire, dans la poussière, sous la pluie (donc dans la boue), avec le soleil qui brûle, les yeux qui larmoient de poussière (d’autant qu’un des participant est doté d’un œil de verre requérant un certain entretien), malades, affamés, assoiffés. Où l’on découvre que le dopage était (déjà) monnaie courante, et que la cocaïne aidait à tenir le coup. Drôle, émouvant et prophétique. Arléa, 120 pages, 5.50 euros.

Suite au prochain épisode…

Mademoiselle Potiron

Pot pourri # 2


Chers Amis du Potager,

Voici encore une petite liste d’ouvrages lus (et appréciés), mais auxquels, au vu de mon retard, j’ai la flemme de consacrer un article particuliers. Tir groupé # 2, donc.

L’Incendie, de Tarjei Vesaas : un livre étrange, incontestablement. Jon, jeune homme fraichement arrivé en ville, suite à un coup de téléphone, se met à arpenter les alentours, au gré de rencontres fantastiques avec des archétypes (la jeune fille, le scieur, le gamin, la vieille). Décousu au premier abord, le récit se fait onirique dès que l’on accepte son étrange côté surréaliste. Intense, mais vraiment étrange. Du coup, si quelqu’un l’a lu, je ne suis pas contre un débriefing, parce que je n’exclus pas d’être passée à côté de quelque chose… Editions La Barque/l’œil d’or, 231 pages, 17€.

Confessions d’une radine, de Catherine Cusset : où comment l’avarice, assumée, peut enrichir ou pourrir la vie d’une femme. Drôle et effrayant à la fois. A noter que cet ouvrage était offert par les éditions Folio pour l’achat de deux titres. Le message subliminal me semble particulièrement clair… Folio, 160 pages, 4.80 euros.
 
Rosa Candida, d’Audur Ava Olafsdottir : parce qu’on n’a pas toujours l’occasion de lire des romans islandais, voici un roman un peu guimauve quand même mais sympathique. Le héros part restaurer le jardin d’un monastère perdu (Pyrénées ? Italie ?) avec dans ses bagages des boutures de Rosa Candida. Un frère « différent », un père veuf à tendance « papa poule », une petite copine judicieusement mise enceinte et la blondinette fruit de ces amours en font définitivement un roman sentimental qui aurait pu basculer dans le niais, n’était la présence attachante des frères du monastère et la beauté rassérénante de son jardin. Zulma, 336 pages, 20.30 euros.

Tu, mio, d’Erri De Luca : avec un titre pareil, je m’attendais à du sirupeux. Sauf que non. Dans l’Italie des années 50, Harry passe ses vacances sur l’île d’Ischia. Y rencontre Caia, jeune fille mystérieuse dont il va vite tomber amoureux. Voilà qui promet, n’est-ce pas ? Sauf que Caia cache un secret et que sa relation avec Harry ne sera pas aussi prévisible que ce début de saga de l’été pouvait promettre. A part quelques passages un peu grandiloquents, c’est une très belle histoire d’amour filial et une réflexion sur le deuil. Pas mal, donc. Folio, 140 pages, 4.80 euros.

 
Svastika, de Junichiro Tanizaki : rien de national-socialiste dans ce roman, où le symbole hindo-bouddhiste fait référence à la relation des 4 personnages principaux. Une rumeur prétend que deux élèves d’une école d’art, Sonoko et Mitsuko, entretiennent une relation saphique. Simple rumeur, mais qui va rapprocher les deux jeunes femmes. Bientôt la jalousie va également s’en mêler, avec Kotaro, le mari de Sonoko, et Eijiro, le fiancé de Mitsuko. Quand la romance vire à l’obsession paranoïaque et à la perversion… Très représentatif de l’œuvre de Tanizaki (qui n’est pas un auteur grec et n’a donc rien à voir avec le tzaziki). Folio, 256 pages, 7.50 euros.

Pastorales de guerre, de Stéphane Emond : la guerre (principalement 14-18) est l’héroïne de ces courtes nouvelles qui se déroulent presque toutes dans l’Argonne, ravagée par les tranchées et les obus. Sans se départir de sa poésie et de son lien profond au terroir, l’auteur nous conte des aventures individuelles, insignifiantes et pourtant indispensables. Editions le Temps qu’il fait, 94 pages, 8 euros.

Voilà de quoi vous occuper un brin, en attendant que le blog reprenne le cours normal de ses activités.

Mademoiselle Potiron

samedi 27 octobre 2012

Pot-pourri... #1


Chers Amis du Potager,

Parce que, soyons réalistes, jamais ne pourrai combler mon retard dans l’écriture des billets, voici la liste des ouvrages lus, auxquels je renonce à consacrer un post individuel :

Le Compagnon de voyage, de Curzio Malaparte : une courte nouvelle, très belle histoire d’un soldat pris dans la débâcle de l’armée italienne à la fin de la seconde guerre mondiale, chargé par son lieutenant à l’agonie de rapporter son corps à sa vieille mère napolitaine. A la fois roman picaresque, critique sociale et portrait émouvant d’un homme bon. A noter que la chute est cyniquement plaisante. Puissant. Quai Voltaire, 107 pages, 14€.
 
 
Le Maître et Marguerite, de Mikhaïl Boulgakov : un chef d’œuvre (et un pavé) dévoré en deux jours, tant l’écriture de Boulgakov est envoutante, ses personnages saisissants d’humour et d’amour, tant la loufoquerie (qui rappelle les Contes d’Hoffmann) et la gravité s’entremêlent avec naturel. En prime, une magnifique histoire d’amour, pas niaise pour deux sous, qui revisite avec intelligence le mythe de Faust. Magistral. Robert Laffont, Pavillons Poche, 640 pages, 8€.


Gioconda, de Nikos Kokantzis : une nouvelle qui décrit l’amour adolescent entre un jeune grec et sa voisine, la Juive Gioconda, au cours de la seconde guerre mondiale. C’est sensuel, émouvant, solaire. L’Aube, 124 pages, 6,80€.
 

La Légende de Gösta Berling, de Selma Lagerlöf : comme d’habitude, la langue enchanteresse de la grande conteuse du nord agit puissamment sur ce récit où le diable et les malédictions se mêlent à une prospère communauté. Gösta Berling est un prêtre défroqué, coureur et impertinent, à qui il va arriver bien des aventures. Addictif. Stock la Cosmopolite, 371 pages, 10.90€.

 

Par-dessus bord, de Kenneth Cook : plus grinçant que la trilogie du koala tueur, ce roman plus ancien de l’auteur australien nous conte le rêve désespérée d’un petit pêcheur de se lancer dans l’hyper rentable pêche au thon. Lorsqu’il tente de sauver un pêcheur italien de la noyade, le destin se met enfin en marche. Caustique. Livre de Poche, 214 pages, 6,10€.
 


Piège nuptial, de Douglas Kennedy : toujours l’Australie, dans l’outback cette fois. Le narrateur se fait gentiment piégé par une blonde à fort appétit sexuel, qui l’épouse sans lui demander son reste. Avant de le présenter à sa famille de rustauds. Et c’est là que les choses se gâtent pour notre Roméo à kangourou. Drôle et sanglant à la fois. Pocket 251 pages, 6.70€.

 

Le Brave soldat Chveïk, de Jaroslav Hašek : Chvéïk est un modeste trafiquant de chiens, mais patriote. Aussi, quand l’archiduc François-Ferdinand est assassiné à Sarajevo, notre héros va avoir l’occasion de prouver son amour de l’empire austro-hongrois. Avec plus ou moins de succès, car dans le monde de Chvéïk, les soldats ont l’esprit mal tourné et les policiers voient le mal partout. Jubilatoire. Folio, 364 pages, 7.50€.


Nous autres, d’Evgueni Zamiatine : dans ce roman d’anticipation fondateur du genre contre-utopique (il inspirera le Meilleur des Mondes et 1984), la population, consentante, se soumet à un rythme de vie dicté par le chef suprême, qui contrôle tout, du travail à la nourriture, en passant par le sexe. Mais D-503, sous l’impulsion d’une belle femme, sent le grondement de la révolte monter en lui. Critique à peine voilée du totalitarisme soviétique, censuré par Staline, cette brillante fable oscillant entre abrutissement collectif et liberté individuelle entraîna l’exil de son auteur. Culte. Gallimard Imaginaire, 220 pages, 8.60€.

Les Boutiques de Cannelle, de Bruno Schulz : le nouvelliste polonais magnifie le récit autobiographique par l’apport d’un onirisme, qui transcende le quotidien pour l’emporter vers le conte fantastique. Le père devient un oiseau, les jeunes garçons viennent voler des baisers aux jeunes filles accoudées aux balcons, les tissus éparpillés dans la boutique prennent vie pour composer des paysages. Au-delà des récits transfigurés, une écriture remarquable, délicate, élégante et infiniment poétique. Gallimard Imaginaire, 205 pages, 10.15€.
 
Requins d’eau douce, de Heinrich Steinfest : où comment un inspecteur ronchon, mélomane et fan de Wittgenstein, aux habitudes de vieux garçon, se retrouve à enquêter sur la mort d’un homme retrouvé dévoré par un requin dans une piscine située sur un toit viennois. Le whodunit est assez vite résolu, mais c’est plaisant, et le mystère du requin tient en haleine. Sympathique. Folio Policier, 420 pages.

Mademoiselle Potiron