dimanche 10 avril 2011

Penguin's Mini Modern Classics # 2

Chers Amis du Potager,

Comme promis, voici la suite des Penguin's Modern Classics. Toujours en mini format, toujours pratique à glisser dans un sac ou une poche, toujours à 3,90 € pièce. Cette fois-ci, nous changeons de continent pour aborder l'Inde et les Etats-Unis. 

A Breath of Lucifer, par R.K. Narayan. Rasipuram Krishnaswami Iyer Narayanswami on comprend pourquoi RK Narayan est plus couramment utilisé, n'est-ce pas?) est né en 1906 à Madras, qui deviendra Chennai, où il est également mort, en 2001. Au cours de ces presque 100 années, il a connu à la fois les Indes anglaises, l'indépendance, le développement économique. 
Dans un style délicieux, sobre et poétique à la fois, qui n'est pas sans rappeler l'autre grand auteur indien qu'est Rabindranath Tagore, il nous conte la vie des petites gens, courtes anecdotes où le destin intervient avec malice. Il y a ce vénérable ascète, perturbé par la présente d'une femme de petite vertu qui loge de l'autre côté de la rue ("House Opposite"), le gardien d'un réservoir qui surprend une jeune fille prête au suicide ("The Watchman"), le marchand de riz, véritable accapareur, qu'un pauvre vient trouver en quête d'une maigre portion qui nourrirait sa famille ("Half a rupee worth"). Et puis la nouvelle, sans doute autobiographique, où Narayan, opéré de la vue, se laisse conduire et guider par un infirmier, Sam, dont il ne verra jamais le visage mais avec qui il vivra une étrange aventure ("A Breath of Lucifer").
Les thèmes, parfois graves, sont abordés avec une écriture élégante et fluide, captivante, mais avec une certaine ironie du sort qui rappelle que nul n'échappe à son karma. En quelques lignes, l'ambiance indienne est parfaitement rendue, avec ses parfums, ses bruits nocturnes, ses coutumes, ses marchés, ses saveurs. Un délice.

The Sexes, par Dorothy Parker. 5 courtes nouvelles dans ce recueil d'une grande dame de la littérature américaine. Là encore, quoique dans un style tout à fait différent, un très bon moment de littérature. Dorothy Parker excelle dans la retranscription des relations hommes-femmes, au travers de dialogue très enlevés, mais où l'incompréhension mutuelle apparaît comme une évidence. Ce sont des contes parfois cruels, sur la désillusion, la jalousie, la difficulté à trouver sa place dans un couple, qu'il s'agisse du couple mari-femme ou du couple mère-fille. Les rencontres ne se déroulent jamais comme on les avait prévues, les portes claquent, l'oscillation permanente entre espoir et désespoir atteint une sorte de point d'équilibre parfait. 
Et il y a cette étrange petite pépite ("the Little Hours"), où la narratrice, réveillée à 4h20, laisse ses pensées vagabonder, s'en prend à La Rochefoucauld, s'agace de cet éveil inopiné, mais avec un humour qui m'a profondément séduite.

Voilà pourquoi cette minuscule édition du Pingouin est une merveille : pour une somme modique, on part à la découverte d'auteurs nouveaux, qu'on n'aurait pas forcément osé aborder "en vrai", mais dont l'oeuvre toute entière se révèle bientôt indispensable. Ce qui ne va pas arranger le situation de ma PAL... 

Miss Pumpkin

samedi 9 avril 2011

Alexandre Soljenitsyne, Une journée d'Ivan Denissovitch

Chers Amis du Potager,

Cette fois, pas d'image de la couverture, 10/18 ayant décidé de laisser le brave Sacha au goulag visuel.

Car cette journée d'Ivan Denissovitch Choukhov est une journée de goulag sibérien. Dit comme cela, ça a de quoi sérieusement refroidir l'ambiance (en l'occurrence, moins 27 degrés). Je m'attendais donc à un récit pénible, larmoyant. Il n'en est rien.

Bien sûr, il y a le froid (donc), le rationnement, la dureté du travail, les rosseries des gardiens, les petites humiliations. Mais il y a surtout la formidable solidarité dans le groupe de travail d'Ivan, les combines pour avoir du rab à la cantine (un morceau de poisson famélique en plus dans la soupe), l'autorité bienfaisante de Tiourine, l'émulation, les petits plaisirs (un peu de tabac ou de nourriture échangés contre de menus services).

Ce récit m'a tout simplement séduite. Et curieusement, l'humour est là, qui dénonce l'absurdité des situations. Ainsi, quand Choukhov et Senka sont restés à leur poste de travail (la construction de bâtiments perdus dans la steppe) pour finir leur rangée de parpaings, et qu'ils sont contraints de courir comme des fous pour rejoindre l'entrée du camp pour l'appel, les pensées de Choukhov s'égarent :
Et dire qu'il existe de ces fainéants qui s'en vont, sans que personne les oblige, courir dans les stades, à qui ira le plus vite. Faudrait les faire cavaler comme nous, ces cocos-là, après toute une journée de travail, les reins encore tout cassés, avec des moufles mouillées, des bottes de feutre usées, et au froid par dessus le marché.
Vraiment une très belle lecture.

Mademoiselle Potiron

Anne Perry, le Mystère de Callander Square / le Crime de Paragon Walk / Resurrection Row

Chers Amis du Potager,

Anne Perry s'est fait une spécialité de l'ère victoriennne, au travers de deux séries de romans policiers bien menés, la série des "William Monk" (dont je vous entretiendrai prochainement) et la série des "Charlotte et Thomas Pitt", dont il sera ici question, et qui débute avec "l'étrangleur de Cater Street".

Dans le Mystère de Callander Square, le corps d'un nourrisson est découvert par hasard dans le parc situé au centre de cette place fort cossue de Londres. Thomas Pitt est chargé de l'affaire. Bien évidemment, il ne peut s'agir que de l'enfant d'une domestique, les habitants du Square ne s'abaissant pas à de telles choses. Emily, la soeur de Charlotte, se mêle aussitôt d'enquêter de son côté, son statut de lady lui permettant de pénétrer dans ses maisons bien sous tous rapports, mais où les scandales peuvent être légion, pourvu que les apparences soient sauves. Et d'entraîner sa soeur dans l'affaire.

Si Emily agit dans le tome 2 en détective amateur, elle est bien plus concernée par le Crime de Paragon Walk, puisqu'elle y habite. En effet, la jeune Fanny Nash, fille de bonne famille, est agressée dans une allée bordant les riches demeures, sauvagement violée, et trouve le courage de regagner sa maison, où elle mourra dans les bras de sa belle-soeur. Les soupçons se portent aussitôt sur tous les hommes de la rue, y compris George, Lors Ashwoth, le mari d'Emily. Cette fois, Charlotte est bien décidée à secourir son aînée, avec l'aide de la vieille tante Vespasia, et s'acharne à faire tomber les masques.

Dans Resurrection Row, les cadavres jouent aux chaises musicales. Point de départ de l'aventure, le corps de Lord Fitzroy-Hammond, qui est déterré, grimé en cocher, jusqu'à ce qu'il s'effondre aux pieds d'un de ses voisins qui attendait un cab à la sortie du théâtre. Le Lord est re-inhumé fissa, avant de reparaître, le dimanche suivant, tranquillement assis sur son banc à l'église. C'est bien assez pour aiguiser la curiosité de Thomas. Un mort qui refuse de demeurer dans son trou est un mort qui a sans doute des choses à dire.

Ces romans sont tous extrêmement plaisants. L'ambiance victorienne, son souci des apparences, l'arrogance de ses puissants, et la misère de ses pauvres, sont admirablement rendus. Les dialogues sont percutants, l'humour bien présent et les personnages très attachants.

Au-delà de ces qualités certaines, les intrigues sont bien menées, les indices distillés au fil de l'enquête, et l'on a plaisir à suivre Charlotte et Thomas dans leurs investigations.

Mademoiselle Potiron

Par-delà les implants capillaires... la légende

Chers Amis du Potager,

Les excellentes Fashion et Emma ont décidé de lancer un challenge qui n'a malheureusement pas rencontré son public. Il s'agit de visionner les films dans lesquels joue Nicolas Cage, et de commenter sa prestation, mais également sa coiffure du moment, la tignasse du sus-dit variant en fonction des dépressions nerveuses de sa coiffeuse, ou de l'enthousiasme de son revendeur de toupets et autres postiches.

Bref, Nikki a la mèche rebelle, le crâne dégarni ou la moumoutte vaillante, selon les circonstances. Quelques difficultés financières l'ayant pas ailleurs contraint à multiplier les apparitions, donc les nanars de premier choix, le choix cinématographique est fort vaste.

Outre la solidarité avec Fashion et Emma, fondatrices et uniques participantes du challenge, qui m'a poussée à les rejoindre dans leur aventure, le visionnage d'une bonne série Z permet de se détendre les zygomatiques, après une dure journée de labeur.

Hardi, donc! Sus à la carrière capillo-tractée de Mister Cage! Les billets sont à venir, au gré de mes séances DVD.

Mademoiselle Potiron