mardi 31 août 2010

Nancy Mitford, Une Anglaise à Paris

Chers Amateurs du Potager,

Soeurs Mitford, deuxième !

C'est le tour de Nancy, l'aînée de la tribu. Excellente chroniqueuse, comme sa soeur, sachant saisir l'esprit d'une époque et les moeurs de ses contemporains. Francophile avertie, elle conte avec un charme sans pareil ses vacances dans une maison de campagne, croquant avec une aimable ironie ses commensaux, ou compare les Anglaises, Françaises et Américaines, quant au chic (et n'est pas toujours tendre).

Le morceau de bravoure de ces chroniques est une description de mai 68, vu de loin par cette dame qui admire beaucoup de Gaulle (vieille noblesse anglaise et âgée de 64 ans au moment des événements, c'est cohérent). Mais elle ne perd pas le sens des priorités pour autant : au milieu des descriptions de l'angoisse dans laquelle sont plongés des Français et ses amis cosmopolites, de considérations politiques et sociales, elle trouve moyen de s'inquiéter de bébés hérissons "qui grelottent de froid, pauvres petites créatures!". Je trouve ça très anglais. J'adore.

Mademoiselle Potiron

Deborah Devonshire, les Humeurs d'une châtelaine anglaise

Chers Amateurs du Potager,

Que Nancy Mitford ne se formalise pas, son tour viendra...

Nous débutons donc avec Debo Devonshire. eh oui, aujourd'hui, le potager se met à l'heure anglaise : scones à la double crème du Devon pour tout le monde ! D'ailleurs, en un sens, les soeurs Mitford sont comme à la crème du Devon : en double, c'est encore meilleur.

Honneur à la benjamine donc, Deborah, duchesse de son état, résidant au coquet château de Chatsworth (grande baraque inchauffable, mais qui sait faire son petit effet). Notre Lady aime les hommes (l'être humain en général) et les animaux (on peut être duchesse et élever des poules).

Elle est douée d'un humour à toute épreuve et d'un solide bon sens (son article sur les consultants est à la fois criant de vérité et d'une franche ironie). Alliés à son écriture très élégante, ces qualités font de ses chroniques une lecture charmante (au sens noble du terme). D'autant que la duchesse fait preuve d'une intelligence lucide et d'une vitalité réjouissante, avouant pêle-mêle grandes joies et petites faiblesses (l'anecdote de la grenouille est délicieuse). En deux mot, une grande dame.

God save the duchess !

Mademoiselle Potiron

PS : merci à Cathulu, du blog littéraire http://www.cathulu.com/ qui m'a fait découvrir cette chroniqueuse géniale.

Agatha Christie, la Nuit qui ne finit pas

Chers Amateurs du Potager,

Bon, comme l'excellent Pierre Bayard avait vendu la mèche, ce roman m'a un peu ennuyée. Un comble. Parce que dans mon potager, Agatha rime avec joie (oui, je sais, la rime n'est pas terrible, mais je ne suis pas Victor Hugo et elle reflète bien mon admiration pour la Grande Dame).

Il faut dire que le cadavre n'apparaît qu'à la page 180 sur 251.Comprenez donc que j'ai pu ronger mon frein. mais une fois le cadavre en position, c'est bien plus rigolo... Enfin, plus rythmé, quoi.

Comment ça, on ne sait toujours pas de quoi ça parle ? Alors voilà le 4e de couv', parce que je ne veux pas me faire accuser de spoiler :
Le "Champ du gitan"... Michael avait tout de suite aimé la beauté sauvage de cette propriété. C'était décidé : sur les ruines de l'ancien manoir, il construirait sa maison. Une maison de rêve, bien entendu. Et il s'y retirerait loin de tout, avec Ellie. Mais le "Champ du gitan" avait mauvaise réputation et la lande était maudite. On racontait que des Romanichels y avaient jeté un mauvais sort, que d'étranges accidents s'y produisaient... Pourtant Michael n'était pas superstitieux, lui. Les menaces de la vieille bohémienne ne lui faisaient pas peur. Personne ne croit plus à ces choses-là, de nos jours...
 Vous voici au parfum. L'élucidation de l'énigme proprement dite est peut-être moins importante que le "dénichage" des indices semés tout au long du roman, une fois que l'on connaît la solution, annonciateurs du meurtre. C'est une approche de lecture différente, où chaque mot est décortiqué, mais qui peut avoir son charme.

En bref, une seule suggestion : faites-vous une idée par vous-même, le roman n'est pas long et du temps passé avec Agatha n'est jamais du temps perdu.

Et si vous vous demandez en quoi Pierre Bayard vend la mèche, cette chère Madame Groseille devrait vous en entretenir prochainement.

Mademoiselle Potiron

Agatha Christie, Tant que brillera le jour

Chers amateurs du Potager,

Ce court recueil de neuf nouvelles aura comme un air familier aux fans de la Grande Dame. En effet, rédigées entre les années 20 et le début des années 30, certaines d'entre elles ont servi de canevas pour des intrigues ultérieures, comme Christmas Pudding ou le Mystère du bahut espagnol. D'autres sont de solides histoires, davantage axées sur le drame psychologique que le classique whodunit.

A noter néanmoins, une rareté : en 1930, afin de promouvoir le tourisme dans l'île de Man, le June Effort Committee, sorte d'office du tourisme local, a eu l'idée d'organiser une chasse au trésor, avec l'île pour décor. Les indices, inspirés par la géographie, l'histoire ou les traditions manx, devaient être délivrés aux lecteurs du Daily Dispatch, au travers d'une intrigue policière avec cadavre à l'appui. Et qui mieux que Lady Agatha pour rédiger cette historiette à énigme ? La nouvelle présente en outre la particularité d'avoir conservé son mystère. En effet, les différents trésors dissimulés dans l'île sont découverts par les personnages (le 1er devant plus ou moins conduire au second), mais la solution des différentes énigmes n'est pas fournie par le récit, afin de laisser aux aventureux lecteurs le loisir d'exercer leurs petites cellules grises.

Alors à vos neurones !

Mademoiselle Potiron

PS : pour les plus paresseux d'entre vous, la postface de l'édition du Masque fournit les réponses...

lundi 30 août 2010

Italo Calvino, Cosmicomics

Chers amateurs du Potager,

A mi-chemin entre science-fiction et poésie, voici les Cosmicomics. Qui bénéficient d'un 4e de couverture éclairant :
Douze récits dont le héros est vieux comme le monde et en raconte la naissance. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir les aventures les plus quotidiennes, depuis le jeu de billes sur la courbure de l'espace jusqu'à la poursuite des parallèles pour rejoindre une plaisante demoiselle, ou jusqu'au tracé du premier signe dans le vide, au bord d'une galaxie.
Ou comment traduire avec beauté et humour les lois de la physique quantique. Certains récits sont particulièrement drôles, comme celui du grand-oncle aquatique, qui persiste à vouloir rester un poisson, en bougonnant dans sa lagune, alors que l'évolution a poussé le reste de sa famille à choisir une vie terrestre. D'autres sont plus nostalgiques, comme l'histoire d'un dinosaure, peut-être dernier de son espèce, qui fait la connaissance des "nouveaux" et s'étonne de leur vision sur ses congénères, qui ne correspond par nécessairement aux souvenirs qu'il peut en avoir.

Un joli recueil de belles histoires.

Mademoiselle Potiron

Sue Grafton, Q comme Querelle

Chers amateurs du Potager,

Je suis une grande fan de Kinsey Millhone, détective dynamique créée par Sue Grafton et célèbre pour ses intrigues illustrant les lettres de l'alphabet (A comme alibi, B comme brûlée, et ainsi de suite). Dans ce nouvel épisode, la pêchue Kinsey enquête sur un meurtre vieux de 18 ans, dont la victime n'a jamais été identifiée.

Au delà de la personnalité extrêmement attachante de miss Millhone, de l'intrigue très intelligemment construite, c'est surtout la remontée dans le temps pour découvrir, en grappillant une info par ci par là, en reprenant les témoignages, en ré-étudiant les indices, l'identité de la victime et plus si affinités (l'identité de l'assassin par exemple). On s'aperçoit bien vite que la patience (et un bon annuaire des dentistes) est l'amie du détective, si l'on en doutait encore.

En outre, le style est à mon goût, teinté d'humour (Kinsey narratrice n'est pas dépourvue d'auto-dérision), dynamique et agréable.

J'en suis à mon 17e tome, et je ne suis toujours pas déçue. Une valeur sûre donc.

Mademoiselle Potiron

Emily Brontë, les Hauts de Hurle-Vent

Chers amateurs du Potager,

Voilà, moi, Mademoiselle Potiron, j'ai un aveu à faire. Un aveu suicidaire (puisse Madame Groseille me pardonner) : les Hauts de Hurle-Vent, chef d'oeuvre s'il en est de la littérature anglaise, ben, ça m'a énervée. Pas ennuyée, non, quoique j'ai trouvé le début un peu pesant, mais agacée, ulcérée, argh-ée.

Si l'intention d'Emily Brontë était de décrire une bande de grands enfants, tous aussi frapadingues les uns que les autres, c'est réussi (à mon sens, mais bon, je n'ai pas le sens commun). Si l'histoire est séduisante, j'ai trouvé que les personnages étaient tous (quoiqu'à des degrés différents) insupportables. Hélas. La passion dévorante n'excusant pas tout, j'ai eu du mal avec les colères de Catherine "senior" (non, mais franchement, se rouler par terre en hurlant, taper du pied et mordre les coussins de rage, à presque 20 ans, c'est abuser). Heathcliff est un pervers acariâtre, Isabelle est une nouille et Edgar un mou du genou comme c'est pas permis (heureusement qu'il se rattrape un peu dans son rôle de père, touchant). Et je n'aborderai même pas la question de Linton, sans quoi je vais m'énerver (encore) et ça pourrait faire fuir les quelques courageux qui sont arrivés jusqu'ici. Même Hélène, pourtant la plus raisonnable des personnages principaux, est infantilisée par sa condition de servante-gouvernante-femme de charge-bonne à tout faire. J'avoue avoir eu l'impression (désagréable) de me retrouver dans un épisode de Supernanny.

Cathy "junior" m'a davantage séduite, peut-être parce que ces rébellions, à la différence de celles de sa mère, sont constructives, au lieu d'être destructrices. De la même façon que l'orgueil de Hareton, qui au départ était plutôt un handicap, s'est révélé au final un atout. C'est ce fossé entre la "jeune génération" (Linton excepté) et la "vieille génération" que j'ai trouvé le plus intéressant. je les ai trouvés bien plus adultes que leurs prédécesseurs.

Ah! Et j'ai aimé la fin (le côté mystique m'a fait bien rire). J'assume parfaitement ce côté guimauve.

En bref, deux diagnostics : soit je suis une inculte abrutie obtuse qui ne comprend rien à la littérature anglaise, soit je suis passée à côté du livre.

Ou alors Emily Brontë l'a écrit en espérant faire bisquer ses lecteurs. Mais là, je fantasme.


Mademoiselle Potiron

samedi 21 août 2010

Bienvenue sur le blog de Madame Groseille et Mademoiselle Potiron !

Bonjour aux égarés de la blogosphère qui arrivent dans notre riant potager.

Toutes nos excuses, d'ailleurs, à ceux qui espéraient trouver un blog culinaire, mais nous sommes avant tout d'ardentes lectrices. Donc, au menu du jour (et des jours suivants) : des commentaires de lecture. Même si nous n'avons pas la prétention de révolutionner la critique littéraire mondiââââle, vous trouverez ici quelques impressions sur les livres que nous avons aimés et sur ceux que nous avons moins aimés.

Au fil des billets, vous constaterez d'ailleurs nous lisons tout ce qui nous tombe sous la main (ou presque, faut pas pousser) : les thrillers bien sanguinolants, le théâtre, les classiques, l'humour anglais (parfois en VO, sommes-nous courageuses!), et même les mangas...

Comme nous ne sommes pas que de charmantes rattes de bibliothèques, vous trouverez aussi quelques avis sur les films sortis au cinéma, et d'une manière générale,  tout ce que nous aurons envie de raconter sur ces pages, parce qu'après tout, nous y sommes chez nous (na !).

N'hésitez pas à laisser un commentaire, chacun d'eux enrichira le blog.

Madame Groseille et Mademoiselle Potiron