Voici un roman gourmand, pour gourmets.
Il s'agit de la lutte perpétuelle de Gao, le narrateur, esprit chagrin pour qui la nourriture se résume à l'alimentation, contre Zhu Ziye, le gastronome, le gourmand, l'amateur de bonne chair, dont la vie est rythmée par les repas, goûters et autres casse-croûtes goûtus. Et comme Gao n'a pas d'argent et vit chez Zhu Ziye le riche bourgeois, le voici à courir les marchands ambulants pour rapporter les mets délicats dont se repaît Zhu Ziye. A son grand désespoir.
Arrive la révolution, et Gao, qui avoue haïr la gastronomie, se retrouve directeur de restaurant, devant servir la cause au travers de repas égalitaires et prolétaires, devant lesquels Zhu Ziye ne peut que faire grise mine.
Leur lutte durera des décennies, la famine les rapprochant, les dîners les séparant, créant ainsi un rapport d'attraction et de répulsion étrange, fonction des disponibilités alimentaires. Sans oublier la tentative désespérée de Gao d'échapper à la grande bouffe, qui le poursuit sans cesse et lui devient, à son corps défendant, indissociable.
Le tout émaillé de délices du plus haut intérêt culturel : nouilles, rouleaux de poisson aux oeufs de crevettes, oie braisée au marc de vin, coeurs de légumes aux miettes de crabe, jarret de porc confit,... et baignant dans un humour omniprésent.
A croquer.
Mademoiselle Potiron
Vie et passion d'un gastronome chinois (Meishijia), par LU Wenfu, Picquier Poche 188 pages, 6,5 euros
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