Chers Amis du Potager,
Post dédié à la Nectarine, qui se reconnaîtra et qui a peur de s’ennuyer avec la littérature japonaise.
Le narrateur de cet élégant roman policier reçoit un coup de téléphone de Sayaka, son ex-petite amie, revue lors d’une réunion d’anciens étudiants. Elle lui propose un rendez-vous dans un café, où elle lui montre deux objets retrouvés dans le sac à dos de son père, mort récemment : le plan dessiné d’une maison dans les bois, et une clé à tête de lion.
Sayaka espère que ces éléments peuvent l’aider à se rappeler. Car elle n’a aucun souvenir de sa petite enfance, et même ses albums de photos débutent avec son entrée à l’école primaire. Ce manque n’est pas sans répercussions sur la vie actuelle de Sayaka.
Elle tente donc de persuader le narrateur de l’accompagner à la recherche de cette maison. Ce dernier s’apprête à refuser quand il aperçoit les marques sur les poignets de Sayaka, révélatrices de son profond malaise.
Les voilà donc partis, un samedi matin, pour découvrir cette maison indiquée sur le plan, par laquelle on entre par le sous-sol, grâce à la clé à tête de lion.
Très vite, l’incongruité de la situation les frappe : maison désertée depuis des lustres, mais dont le réfrigérateur contient des conserves récentes, de la poussière (mais pas tant que cela), des objets abandonnés par leurs propriétaires, comme jetés là avant un départ précipité, la porte d’entrée boulonnée, toutes les pendules, horloges et autres réveils affichant 11h10.
En un week-end, avec pour seuls indices ceux que la maison veut bien leur laisser, le narrateur et Sayaka remontent peu à peu le fil des événements, et tentent de comprendre le pourquoi de cette maison si étrange, et si elle a réellement un lien avec Sayaka.
Ce roman policier est une vraie bonne découverte. Un coup de cœur.
A partir d’un huis-clos tripartite (le narrateur, Sayaka et la maison), l’auteur déroule lentement la vie de ces anciens habitants, fantômes que l’on voit déambuler dans les obscures pièces désertées. L’ambiance est à la fois glaçante et étouffante, hantée par le souvenir de Yusuke, petit garçon qui vivait autrefois dans la maison.
L’intrigue est très bien faite, suffisamment imprévisible pour surprendre.
L’écriture élégante mais efficace de l’auteur sert avec brio deux antihéros un peu dépassés par les événements, mais bien décidés à tirer les choses au clair. Malgré (grâce à) leurs défauts patents, ces derniers accrochent le lecteur, qui ne peut que les suivre dans leur quête.
C’est franchement une réussite, un très bon polar à l’atmosphère « qui va bien », tout en finesse et en intelligence.
Mademoiselle Potiron
La Maison où je suis mort autrefois (Mukashi bokuga shinda ie), par Keigo HIGASHINO, Babel Noir 1994, 254 pages, 7,50 euros
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