Chers Amis du Potager,
L’œuvre de Nancy Peña est un de mes coups de cœur graphiques.
Découverte par l’intermédiaire de son amoureux, l’inénarrable Guillaume Long, hôte du mirifique blog « A boire et à manger » (ABAM pour les intimes, attention, ce n’est pas un blog à lire l’estomac vide, sous peine de l’entendre faire rapidement « grouich-grouich », ni au boulot sous peine de noyer votre clavier parce que vous allez saliver, croyez-moi), qui mentionnait en guise de nota bene à sa liste de cadeaux idéaux pour noël, le troisième album de série « le Chat du Kimono », intitulé « It is not a piece of cake ».
Guillaume Long me facilite d’ailleurs la tâche, puisqu’il résume ainsi : « Ça parle cuisine, il y a une intrigue digne de tout roman policier, l'Ecosse, des morts suspectes, des dessins à tomber par terre et une écriture très aboutie. C'est disponible dans toutes les bonnes librairies. Je dis ça, je dis rien. »
Il faut dire que cette série, complétée par un recueil d’images, a tout pour plaire.
A commencer par son graphisme, en noir et blanc, parfois illuminé d’un rouge élégant ou sanglant selon le moment de l’intrigue, d’une délicatesse fort séduisante. Nancy, qui aime visiblement le Japon, s’inspire à la fois de la grande tradition de l’estampe japonaise, et des dessins Art Nouveau qui modernisent l’ambiance délicieusement victorienne de ces intrigues. Chaque dessin est une œuvre d’art à soi seule, notamment les grandes planches illustrées d’un dessin unique qui émaillent le récit, et sont d’une beauté à couper le souffle.
Comme le mentionne Guillaume, à ces qualités stylistiques et graphiques s’ajoute un évident sens du scénario. Les intrigues sont bien ficelées, avec suffisamment de mystère pour maintenir l’attention, tournant autour de la nourriture et glissant donc une foule d’idées aux gourmands de tous poils (dont je suis, bien entendu).
Le premier volume est un peu à part, puisqu’il conte l’histoire du kimono aux chats, histoire d’amour et de haine. De ce magique kimono de soie peinte aux motifs de chats s’échappe l’un des petits matous qui prend vie. Séparé du kimono, il n’aura de cesse de le retrouver, allant de Kyūshū à Londres, en passant par les Indes et des visions du pays des Merveilles.
Les volumes suivants sont davantage centrés sur le petit monde des défis culinaires que les riches Londoniens se lançaient à l’époque victorienne, parmi lesquels se trouve Clifford Barnes qui a offert à sa femme le kimono aux chats.
Dessins et histoire se conjuguent pour créer une ambiance victorienne agréablement barrée (Victor, le héros conseiller culinaire, est affligé de visions cauchemardesques qui le voient discuter avec des oiseaux de mauvais augure tout en voyageant dans son propre corps). Tim-Burtonnesque à souhait.
Alice Barnes, la propriétaire du kimono aux chats, est une adorable chipie qui offre un pendant judicieux au narcoleptique Victor, bredouillant et maladroit. Le chat du kimono, lui n’en fait qu’à sa tête, et c’est tant mieux. Quittant à loisir son kimono de crêpe de soie, pour aller fureter dans les couloirs d’un manoir écossais, ou la lande venteuse, ce petit félin à l’intelligence fine, mène innocemment nos héros par le bout de son ravissant petit nez.
Les guest stars sont également de grand luxe, puisqu’on retrouve Sherlock Holmes et le Docteur Watson. Un Sherlock tétanisé par le chat, d’ailleurs, qui lui inspire des cauchemars…
Et puis, il y a le chat, donc. Et j’aime bien les chats (d’où mon désespoir de ne pas trouver le chat de Schrödinger dans Une Brève histoire du temps, d’Hawking, souvenez-vous).
Bref, si vous aimez les bonnes choses à manger, les bonnes intrigues, les bons coups de crayon, je ne peux que vous inciter à vous ruer chez votre libraire favori.
Mademoiselle Potiron
Le Chat du Kimono, Tea Party, It is not a piece of cake et le Recueil d’images, par Nancy PEÑA, éditions la Boîte à Bulles.
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