dimanche 29 janvier 2012

Pénélope Bagieu, Cadavre exquis / la Page blanche (avec Boulet)


Chers Amis du Potager,

Un peu de bande dessinée, pour changer (ceux qui ont des réclamations à formuler peuvent s’adresser au talentueux Guillaume Long et à l’inspirée Nancy Peña), avec une valeur sûre de la blogosphère illustrée : la fascinante Pénélope Bagieu (ce n’est pas moi qui le dit).

Sa dernière création solo, Cadavre Exquis, est sortie en Folio, ce qui permet de passer un bon moment pour peu d’argent et peu d’encombrement (puisse Tolkien combler l’inventeur du livre de poche !).

On y retrouve une jeune femme un tantinet looseuse, Zoé, hôtesse dans les salons et foires, où les mains baladeuses et les blagues foireuses des visiteurs égaient ses journées, en attendant qu’elle ne retrouve le soir son jules, chômeur de longue durée atrabilaire, adepte du service minimum et qui fait l’amour en gardant ses chaussettes.

Un jour que Zoé déguste son « taboulé de luxe » en barquette, assise sur un banc, et contemple avec désespoir sa vie morose, elle aperçoit un visage qui l’observe depuis l’immeuble d’en face. Ni une, ni deux, la voilà qui sonne à l’interphone pour demander l’autorisation d’utiliser les wa-wa. Pour une entrée en matière…

Le reclus, Thomas, finit par laisser entrer Zoé qui va donc faire sa petite commission, la porte ouverte pour pouvoir discuter avec son hôte.

Malgré cette entrée en matière plutôt osée (Joséphine est une autre héroïne de Pénélope Bagieu), une histoire d’amoûûûûr, va naître entre nos deux héros, mais qui saura réserver bien des surprises au chanceux lecteur.

Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, Pénélope s’est associée à l’excellent Boulet (souvenez-vous, la couverture de Jaddo, c’était lui), elle au dessin, lui au scénario, pour concocter La Page Blanche (cette fois, c’est du grand format).

Tout commence avec une jeune femme assise sur un banc. Elle a pleuré. La nuit tombe. Elle veut rentrer chez elle. Mais ne se souvient plus où se trouve son chez elle. Ni qui elle est, d’ailleurs. Frappée d’une amnésie qui touche tous ses souvenirs personnels, « comme dans les films », elle va devoir partir à la recherche de cette inconnue : elle-même.

Dit comme ça, ça peut paraître assez banal comme début. « Comme dans un film ». Mais ce qui est intéressant, c’est la quête de cette jeune femme, ses techniques pour dissimuler son mal, sa recherche des indices, les fictions qu’elle élabore pour tenter de faire tenir son fragile édifice personnel en un seul morceau.

Certains critiques n’ont pas aimé. Tant pis pour eux. Moi, j’ai trouvé cette jeune femme bien décrite, fragile pourtant prête à donner le change, sachant faire preuve d’humour quand tout le reste à fichu le camp. On s’attache à cette personnalité vierge mais bien plus riche que ces amis « d’avant ». Parce qu’on n’est pas toujours ceux que l’on aurait aimé être.

Et la morale de l’histoire, pour dérangeante qu’elle puisse être aux yeux d’une certaine intelligentsia mieux informée que le commun des mortels, est finalement bien trouvée. Mieux que dans les films.

D’ailleurs, avis aux amateurs d’amnésiques, vous allez bientôt être gâté avec un roman de la série des William Monk, que je devrais vous commenter sous peu…

Mademoiselle Potiron
Cadavre exquis, par Pénélope BAGIEU, Folio 7,50 euros ; 
La Page Blanche, par BOULET et Pénélope BAGIEU, Delcourt 22,95 euros

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