dimanche 1 janvier 2012

Potiron en excursion #3

Chers Amis du Potager,

Lorsque le Gang des Chatonnes fait sa tournée à Strasbourg, il est raisonnable de penser que les délicates vont devoir se restaurer. Revue de détail culinaire.

CHEZ YVONNE :

Faut-il encore présenter cette winstub strasbourgeoise, dont la tête de veau fit les délices d’un ancien président de la république ?

Située entre Cathédrale et place Broglie (deux hauts lieux du marché de noël local), cette ancestrale maison (1873 tout de même) sert une cuisine traditionnelle alsacienne de qualité, dans un décor typique (le bâtiment date, lui, de 1740). Yvonne Haller, qui s’y est installée en 1955, a depuis pris une retraite méritée, mais la winstub fait toujours recette.

Si les salles du rez-de-chaussée sont un peu encombrées, les salons des étages sont plus calmes, et vous permettent d’admirer la collection de photographies dédicacées des grands de ce monde ayant aimé le feuilleté au munster et la langue de veau sauce gribiche (les trombines sont exposées dans les escaliers, attention à ne pas vous casser la figure en tentant d’apercevoir les pipeules).

La Gang des Chatonnes avait donc réservé une petite table sympathique dans la bibliothèque (un des petits salons du deuxième étage, orné d’étagères et de vitrines où certains ouvrages sont – presque – aussi vieux que la maison, ou du moins aussi vieux qu’Yvonne).

Niveau cuisine, la tradition alsacienne, roborative, est respectée : épaisse tranche de presskopf de porcelet au riesling, choucroute garnie bien garnie, grassouillet coq au riesling, rondouillard jambonneau, filet de sandre, pommes de terre sautées à foison et spaëtzles généreuses. Le tout arrosé, comme il se doit, de vins locaux plutôt goûtus.

Même si nous n’avons pas pu goûter à tout, le petit échantillon dégusté laisse entrevoir, au-delà des portions opulentes, un bon savoir-faire, une cuisine familiale savoureuse et très agréable.

Le service est agréable, rapide et à la bonne franquette, même si certains choix d’une chatonne l’ont laissé perplexe…

10, rue du Sanglier 67000 Strasbourg. Tél. : 03.88.32.84.15 (ai-je besoin de préciser qu’une réservation préalable est vivement conseillée en temps normal et quasi-imposée en période de marché de noël ?)


AU CROCODILE :

Attention, voici une institution !

Le Crocodile, anciennement tenu par Emile Jung qui lui a procuré ses lettres de noblesse et ses 3 étoiles Michelin, est aujourd’hui dirigé par Philippe Bohrer. Un seul macaron, pour l’instant, Bibendum est prudent.

En ce qui me concerne, la soirée au Croco fut un grand moment. Le maître d’hôtel et le sommelier ont été très attentionnés (il faut dire qu’ils connaissent ma co-chatonne depuis qu’elle est haute comme ça, ça aide sans doute à attendrir le personnel). La serveuse, elle, était non seulement sèche, mais a servi la sauce avec la délicatesse d’un phacochère (adieu assiette impeccable et sans bavure). Grâces soient rendues à Tolkien, nous ne l’avons endurée que pendant la première partie du repas.

En ce qui concerne la nourriture, il est curieux de constater que, malgré un repas particulièrement excellent, il débute et finit avec un produit plutôt moyen : une guimauve aux arachides en entrée (assez insipide) et une guimauve à la truffe en dessert (surprenant, et pas forcément dans le bon sens du terme : imaginez donc une poêlée de champignons sucrée. On fait moins les malins, là… Ceci dit, pour ne pas dire que du mal des guimauves, celle au coquelicot est un régal). Entre les deux, une pure merveille.

La cuisine est classique, mais revisite avec talent les spécialités locales (j’ignore ce qu’est une choucroute virtuelle, mais le cappuccino de choucroute virtuelle est à tomber). Le sandre était adorablement fondant (malgré, comme l’a relevé ma co-chatonne, une sauce au verjus trop forte en goût pour accompagner sa délicatesse, enfin surtout trop présente grâce à la serveuse phacochère), la viande bien cuite, les divers amuse-bouches très intéressants.

Le service est rapide, sans attente interminable entre les plats, sans être oppressant (pas de « hop, hop, finis ta soupe ! »), discret et efficace (hormis la serveuse phacochère, donc, pour ceux qui suivent).

Les vins, choisis avec soin par Monsieur Gilbert le sommelier, furent tout simplement divins, même pour une chatonne comme moi qui ne taquine pas trop la dive bouteille. L’acolyte de Monsieur Gilbert m’a tout fait goûter (moi qui n’y connais rien) et a su écouter mes remarques de profane. De très beaux échanges. Et un Nuits-Saint-Georges 1972 qui déchirait sa race, si vous me passez l’expression (et plus vieux que les chatonnes !). Sans parler de la sélection de grains nobles. J’en couine encore.

Bref, malgré un tarif luxe (les menus du déjeuner sont bien plus abordables), ces trois heures se sont déroulées à merveille, dans un cadre feutré et calme (les tables sont suffisamment éloignées pour ne pas avoir l’impression de dîner sur les genoux du voisin), sous le regard bienveillant (si, si !) du crocodile empaillé suspendu à l’entrée de la salle.

10, rue de l’Outre 67000 Strasbourg. Tél. : 03.88.32.13.02

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