Chers Amis du Potager,
Les deux ouvrages ici présentés sont construits sur le même schéma, le personnage principal, le Doyen du Club-House, étant le même.
A chaque nouvelle, un jeune homme ou une jeune fille font une remarque sur leur jeu au golf, pestent contre une déception amoureuse ou cherchent une connaissance égarée. Manque de chance, leurs exclamations se font toujours en présence du Doyen, qui saisi l’occasion de raconter une longue anecdote devant résoudre les problèmes susmentionnés.
S’en suit généralement une vaine tentative de la jeunesse pour échapper aux « radotages du vieux », lequel, imperturbable, ne relâche sa proie qu’une fois son histoire débitée de bout en bout. Les jeunes gens n’ont donc d’autre choix que de prendre leur mal en patience en soupirant, tout en sachant qu’au final, le Doyen aura peut-être trouvé une solution ou relativisé le problème rencontré.
Comme toujours chez Wodehouse, les jeunes filles sont énergiques, pimpantes, tombant parfois amoureuses de personnages peu à leur hauteur (généralement un écrivain à la mode, fadasse mais persuadé de son propre génie), au grand désespoir de l’amoureux transi de toujours (généralement l’ami d’enfance gentil mais peu cultivé) qu’une timidité maladive a empêché de se déclarer. Les jeunes hommes sont donc plutôt mous du genou, maladroits, effrayés par ses amazones.
Il faut dire que la plupart des romans et nouvelles de Wodehouse ont pour cadre les années 20 ou 30, période qui correspond aux débuts de l’émancipation féminine et nos héros, pourtant bons gars par ailleurs, n’ont pas été éduqués dans cette perspective qui les affole.
Les personnages féminins, chez Wodehouse, ont d’ailleurs généralement plus de relief et de caractère que les personnages masculins. Ce sont des filles et des femmes intelligentes, fortes, conscientes de leur valeur et exigeantes, à qui seul l’amour peut momentanément faire perdre un peu la tête.
Quand elles ont atteint un certain âge, elles deviennent les redoutables « tantes », tyranniques jusque dans leur affection, tonitruantes matrones, prêtes à débusquer la moindre faiblesse (or nos jeunes hommes sont fort pourvus en faiblesses) et à en tirer profit (Wodehouse avait d’ailleurs intitulé un de ses romans mettant en scène le génial Jeeves « Aunts aren’t gentlemen »).
Et le golf, dans tout ça, me direz-vous ?
Chacune des histoires tourne autour du parcours, se déroule sur un green, met en présence des amateurs farouches du golf avec des personnes que ce jeu laisse totalement indifférents (d’où des conflits et querelles), des tournois, des coups qui finissent dans le lac du 7e trou (ou le bunker du 14e) et des balles perdues.
Mais, en réalité, si Wodehouse était fan de golf, ce sport n’est en réalité qu’un décor, et un alibi pour laisser libre court à ses histoires de mœurs, d’amour et d’amitiés, enjouées comme des vaudevilles.
Même pour les non-amateurs, c’est très drôle, la plume incisive de ce bon vieux Pelham Grenville faisant merveille, comme toujours. C’est également très instructif, et peut constituer une bonne initiation burlesque à cet art difficile et ancestral. Pour les inquiets, sachez que chacun des ouvrages ici présenté est agrémenté d’un lexique bienvenu, qui ne vous laissera pas au milieu du rough du vocabulaire golfique.
Mademoiselle Potiron
Courtes histoires de green (the Heart of a goof, éditions Michel de Maule, 293 pages, 22 euros) et le Doyen du Club-house (the Clicking of Cuthbert and other golf stories - Editions Joëlle Losfeld, 209 pages, 5 euros), par Pelham Grenville WODEHOUSE
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