Les éditions Joëlle Losfeld, qui avaient déjà sévi en publiant au format poche le Doyen du Club-House, récidivent en publiant également trois autres romans ou nouvelles de PG Wodehouse.
Tout d’abord, la nouvelle Webster le Chat. Lancelot est un jeune homme bohême, paresseux et aux mœurs bien peu convenables pour son vicaire de tonton. Pourtant, quand le saint homme est envoyé professer la bonne parole en Afrique, c’est à Lancelot qu’il confie son minet chéri, Webster. Seulement voilà, Webster, énorme matou bien pensant, majestueux et méprisant, se met à froncer les moustaches de dégoût devant le comportement de Lancelot. Et c’est là que les ennuis commencent pour le brave garçon.
Dans Big Money, Beresford « Berry » Conway et son copain Biscuit (Lord Bickerton pour l’Etat-Civil) espèrent tirer quelques sous de la vente d’une mine de cuivre au filon épuisé, que Berry a hérité de sa tantine. En outre, son patron, un riche américain acariâtre et cupide, voit débarquer sur le sol anglais sa charmante nièce, que les prétendants new-yorkais ennuient à mourir. Berry propose la mère de Biscuit comme chaperon pour la jeune demoiselle.
Très vite, entre les magouilles financières, les truanderies diverses, les idées fantasques de Biscuit, les demoiselles virevoltantes auxquels nos comparses peinent à résister, une équipe de malfrats, un vieux lord, une bonne à tout faire qui, en souvenir du temps où elle était sa nounou, impose à Berry des gilets de flanelle, on perd un peu les pédales (comme Berry et Biscuit, d’ailleurs) et on se demande bien comment ils vont bien pouvoir se sortir de cette histoire, sans y laisser des plumes.
Sous Pression est également un embrouillamini sans nom. Wellington Gedge s’est installé dans un château normand, où il ne rêve que de retrouver sa Californie natale. Son épouse, elle, vaut faire de lui l’ambassadeur des Etats-Unis en France. Pour cela, elle lui intime l’ordre de frotter dans le sens du poil le « prohibitionniste » sénateur Opal, qui doit venir séjourner au Château. Une équipe de monte-en-l’air, malheureux en amour, a prévu de faire main basse sur les bijoux de Mrs Gedge, le fiancé de Miss Opal est contraint de jouer les valets de chambre. Au milieu de tout cela, Patrick "Packy" Franklyn, jeune homme charmant, se dévoue pour arranger les affaires de la jolie Jane Opal avec son Blair Eggleston de fiancé-poète-majordome.
Le côté alambiqué des intrigues ne doit pas déstabiliser : c’est fouillis, dit comme ça, mais c’est justement ce qui fait le charme de ces histoires, où les rebondissements sont nombreux. Trois ou quatre décors, des personnages qui entrent et sortent du tableau, du burlesque, de la bagarre, des histoires d’amour, des dialogues enlevés,… Ces romans sont conçus comme des pièces de théâtre, et il serait dommage de s’en priver.
C’est particulièrement criant dans Sous pression, où les quiproquos pullulent, où les identités sont échangées, où les personnages opérant sous couverture (comme le fiancé poète déguisé en majordome) sont légion, où les conversations sont espionnées à travers les buissons ou les trous de serrure. Chacun joue un double, voire triple, jeu.
Pour le coup, c’est très « tagada-tsoin-tsoin », et les fans de l’humour anglais seront servis.
Mademoiselle Potiron
Webster le Chat (the Story of Webster - 61 pages), Big-Money (Big-Money - 266 pages), Sous Pression (Hot Water - 324 pages), par Pelham Grenville WODEHOUSE, Joëlle Losfeld, 5 euros pièce
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