Chers Amis du Potager,
Article commun pour trois brefs ouvrages auxquels j’aurais eu bien du mal à consacrer à post individuel.
Tout d’abord, Quatre Conférences prononcées entre 1980 et 1993 par Claude Simon, lauréat du Prix Nobel de littérature en 1985, réunies pour l’occasion par les Editions de Minuit.
Ce grand spécialiste de la littérature, et de l’œuvre de Marcel Proust en particulier, y décortique le rôle de la description littéraire, et l’avènement au début du XXe siècle, d’une description dynamique porteuse de sens, par opposition aux descriptions techniques statiques qui prévalaient jusqu’alors dans le roman.
C’est loin d’être inintéressant, c’est en tout cas fort érudit. Mon ignorance de l’œuvre de Proust (à part certains opuscules découverts avec plaisir, je ne l’ai jamais lu et la dernière adaptation télévisuelle de la Recherche m’a parue d’un ridicule achevé après quelques dizaines de minutes, conduisant à un abandon pur et simple) est sans doute la cause de la superficialité de cette lecture, qui méritera sans doute d’être reprise postérieurement, si je me résous à aller faire un tour du côté de chez Swann.
Même si je dois avouer que la controverse qui l’a opposé à Kenzaburō Ōe, m’a surtout frappée par la violence avec laquelle Simon attaquait, jusqu’à atteindre le point Godwin, le pacifiste Ōe, dont les réponses m’ont parues plus mesurées, et que du coup, mon enthousiasme pour Simon est un peu retombé. Alors, oui, voilà, on me dira qu’il faut savoir détacher l’œuvre de l’artiste, mais trouver un auteur sympathique aide tout de même à le lire.
Henri Bergson, lui, tout au long de sa vie, a été décrit comme un humaniste, solidaire et modeste. Pas étonnant alors qu’il ait choisi de consacrer une série d’articles au Rire. Plus précisément, Bergson étudie le mécanisme du comique (ce qui fera rire, principalement au théâtre), et en vient à la conclusion que le rire est, justement, l’irruption du mécanique dans la vie (comique de répétition, attitudes habituelles prises en défaut par la survenue d’un événement nouveau,…). Cette attitude mécanique diffère de la vie, qui est changement perpétuel, et la personne qui se plie à cette mécanique, qui l’exclut en quelque sorte de la société, en est punie par le rire de ses contemporains.
Ce n’est pas, malgré son titre, un essai tagada-tsoin-tsoin, mais il présente l’avantage d’aborder un sujet qui peut très vite déraper dans le vulgaire avec élégance et réflexion. En outre émaillé de citations de pièces, ce petit ouvrage est tout à fait plaisant, en faisant sienne la devise adoptée par Molière castigat ridendo mores.
Pour finir (et apporter un peu de cohérence à tout ça), retour sur un auteur japonais (non, non, par Ōe) considéré comme un très grand, à savoir Nagai Kafū. Dans les trois courtes nouvelles publiées en recueil par les éditions Philippe Picquier, on retrouve à la fois l’isolement de l’homme malade, le monde de la nuit et le sort des geishas.
Mademoiselle Potiron
Le Rire, par Henri Bergson, Petite Bibliothèque Payot, 7,65 €
Quatre Conférences, par Claude SIMON, Minuit, 13,50 €
Interminablement la pluie, par Nagai KAFÛ, Picquier Poche, 7 €
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