vendredi 6 avril 2012

Craig Johnson, Le Camp des Morts


Chers Amis du Potager,

Walt Longmire is back ! Et c’est tant mieux. Sélectionné discrètement pendant qu’Arnaud me vantait des lectures plus exotiques, le Camp des Morts, 2e tome consacré à notre shérif préféré, n’est pas resté longtemps dans ma PAL.

Il faut dire aussi que le pitch avait de quoi faire frissonner de plaisir : un mois après la fin du premier tome, Walt est appelé à la résidence pour personnes dépendantes où habite Lucian, l’ancien shérif à jambe de bois. L’occupante de la chambre 42, une vieille dame de 74 ans grosse fumeuse, est décédée dans la soirée, et Lucian voudrait que Walt creuse un peu, en commençant, par exemple, par une autopsie.

Il faut dire que la défunte, Mari Baroja, trois heures durant, a été l’épouse de Lucian (et non, je n’ai pas spoilé, sauf si vous n’atteignez pas la page 50 (sur 374)) à l’époque où celui-ci était encore jeune et beau.

Un peu pour faire plaisir à son vieux chef, un peu par curiosité (ou par lassitude), Walt se laisse tenter par le passé mouvementé de Mari, qui le fait remonter au début des années 50.

Je n’en dirai pas plus sur l’intrigue proprement dite. Sachez seulement que l’on retrouve toute la bande du poste de Durant (Ruby et ses post-it, Vic et son sale caractère), complétée par Santiago Saizarbitiria (que Vic rebaptise aussitôt Sancho), en période d’essai. Basque comme la victime, son aide se révélera précieuse pour déchiffrer la correspondance de la vieille dame. Henry Standing Bear, le hiératique Cheyenne, continue à veiller sur son pote, qui s’est trouvé un acolyte de choix, en la personne du chien de Vonnie (sobrement baptisé « le chien »). Si j’ajoute qu’on apprend qu’à une époque, Lonnie Little Bird a eu des jambes et que le café de Dorothy est toujours aussi bon, vous comprendrez que le premier plaisir de ce roman est de retrouver l’attachante population du comté d’Absaroka.

Le deuxième point fort, c’est une intrigue bien construite, avec assez de rebondissement pour être prenante, et assez de temps de détente pour être crédible. Walt est toujours aussi trognon (je trouve le shérif Longmire trognon si je veux), prêt à porter secours aux demoiselles en détresse et aux vieillards décatis. Que voulez-vous, j’aime son côté poor lonesome cowboy grassouillet et goguenard.

Parce qu’en dehors d’un récit dont le fond est dur (la vie de Mari a été tout sauf une sinécure, et ses deux filles, avocates, sont des plaies), l’humour est omniprésent tout au long du roman, dans les réflexions de Walt, ou ses conversations avec Vic ou Henry.

Les paysages du Wyoming, couverts de neige, conservent le charme sidérant des grands espaces, quelque soit la brutalité du climat. La boulangerie de Lana est si bien décrite que j’en sens encore le parfum des petits pains, et la sono de la maison de retraite beuglant let it snow, let it snow, let it snow (en pleine tempête de neige), m’a mis ce standard de ce bon vieux Dean dans la tête pour toute la journée.

C’est vraiment un très bon roman, qui vous transportera dans un ouest fort fort lointain aux accents basques et crow, aux côtés d’un charmant shérif résolvant une enquête palpitante. Que demander de plus ?

Mademoiselle Potiron

Le Camp des Morts (Death without Company), par Craig JOHNSON, Gallmeister collection Totem, 384, 10,20 euros

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