Chers Amis du Potager,
Après vous avoir présenté Jaddo, il faut que je vous parle de Maître Mô.
Cet avocat lillois, spécialisé en droit pénal, tient, lui aussi, un blog alimenté de façon assez décousue (qui a dit « comme chez Potiron ? ») mais dont chaque article, long et intense, sait tenir le lecteur le plus rétif en haleine (et pour lire plus de 10.000 mots sur un écran d’ordi, sans émettre la moindre plainte, hormis quelques couinements aux moments stratégiques, il faut que les articles soient bons, croyez-moi).
Maître Mô, c’est le pénal à l’état brut.
C’est dur, violent, émouvant (que de fois me suis-je trouvée, moi pourtant réputée pour mon cœur de pierre, sauf devant 30 millions d’amis, larmoyant bêtement dans mon kleenex…), très bien écrit (malgré les protestations du Maître qui déplore son orthographe) avec des mots justes et qui font mouche à chaque fois.
C’est aussi surprenant, agaçant, angoissant, impatientant (ça se dit ?), amusant (les suspentes, c’est redoutable…), étouffant, rageant, attendrissant. La vraie vie, quoi.
Notre bon Maître, donc, lassé de n’être connu que de ses amateurs virtuels, a tapé dans l’œil d’une éditrice de talent, qui a sélectionné une quinzaine de ses posts (dont chacun fait la taille d’une bonne nouvelle bien grassouillette), pour en faire un livre.
Et ce livre devrait être lu par tous les électeurs de ce pays (et d’ailleurs).
Parce que la justice pénale ne saurait être toute noire ou toute blanche, parce que c’est dans ses nuances que se niche le diable, parce que derrière les faits divers se cachent des êtres humains (hé oui, même s’il n’est pas question d’absoudre tout le monde).
Parce que le métier exercé par Maître Mô requiert non seulement de maîtriser la science juridique (à la portée de toute bête à concours) mais encore une humanité qui ne saurait s’apprendre dans les livres.
Alors oui, Maître Mô ne vit pas le monde des Bisounours. Loin, très loin de là. Mais il y a toujours dans ses récits (oui, même dans Noël, avec l’intervention de Raymonde et de son mari) une petite lueur d’espoir en l’avenir de l’Homme (et de la Femme, tant qu’à faire).
Chacune de ces histoires est une histoire vraie. Seuls ont été modifiés les éléments permettant d’identifier les protagonistes, secret professionnel oblige.
Cette lecture salutaire permet de comprendre que la justice n’est pas si éloignée que cela des citoyens au nom desquels elle est rendue, contrairement à ce que voudrait nous faire croire certains politiciens.
Parce que juger, et plus encore défendre, requiert une telle proximité avec le réel qu’on s’en prend plein la figure. Parce que les avocats d’assises y laissent leurs tripes (et que les honoraires ne comptent pas, merci l’aide juridictionnelle).
Parce que ces avocats font partie des remparts de la démocratie.
Et qu’au-delà de tout corporatisme, il faut bien reconnaître que Maître Mô en a dans le pantalon et dans la plume.
Mademoiselle Potiron
Au Guet-Apens, par Maître Mô, la Table Ronde 2011, 250 pages, 21 euros
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