lundi 14 novembre 2011

Giovanni Arpino, Mon frère italien

Chers Amis du Potager,


Voici un roman italien de qualité, lauréat du prestigieux prix Campiello, que les éditions Belfond ont su illustrer d’une très esthétique photographie en couverture.

Mon frère italien raconte l’histoire de Carlo Botero, instituteur à la retraite, veuf, qui vit tranquillement une vie bien réglée avec son chat siamois Staline. Cette sérénité est toutefois troublée par Stella, sa fille. Celle-ci a bien des soucis avec son ex, Pepito, qui la harcèle régulièrement. Alors Stella se débarrasse sur problème sur les épaules de son papa, en lui confiant une arme, et le soin d’en finir avec le gêneur.

Bien que la relation père-fille ne soit pas idyllique, loin de là (Stella étant trop égoïste et trop irrespectueuse, et son père incapable de voir le fossé générationnel), Carlo se résout à tenter l’aventure, pour que son propre harcèlement par Stella cesse.

Mais comme les choses ne se déroulent jamais comme prévu, il finira tabassé dans un bar louche, et c’est Raffaele Cardoso, un pauvre vieux calabrais, qui lui portera secours.

Raffaele, lui aussi, porte sa croix : sa fille Jonia est partie du village. Droguée, prostituée, elle a fait mourir de chagrin sa mère et Cardoso, veuf vindicatif, est à Turin pour la tuer. Pour l’honneur.

Nos deux ancêtres, aux personnalités pourtant très différentes, vont unir leurs forces chancelantes, dans la recherche de Pepito et Jonia, dans un Turin tour à tour écrasé par la chaleur estivale, ou balayé par l’orage, envahi par la drogue, le crime, la prostitution, sous les moustaches indifférentes d’un Staline narquois.

Il s’agit d’un curieux roman (on a rarement affaire à des petits vieux vengeurs), à la lenteur étudiée, reflétant la torpeur estivale turinoise, sombre et violent, miné par les quêtes désespérées de nos papys flingueurs. Une jeunesse sans pitié, un vieil avocat confit dans l’obscurité amadoué par une pièce d’or, des paysans solidaires que la ville intoxiquent peu à peu, de petits malfrats et une Fiat Seicento au bout du rouleau complètent le tableau.

Et pourtant, on en garde une impression solaire, celle de cette amitié bourrue et taiseuse, d’autant plus forte et libérée qu’elle est l’amitié des derniers jours, dictée par les circonstances plus que par l’affinité naturelle.

De son passé de journaliste, Giovanni Arpino, l’auteur, a gardé une plume acérée, efficace, propre à soutenir ce récit dense et prenant.

Une très bonne découverte, si la littérature policière italienne (de qualité) vous intéresse. 

Mademoiselle Potiron
Mon Frère italien (il Fratello italiano), par Giovanni ARPINO 1980, Belfond 220 pages, 16,50 euros

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire