lundi 14 novembre 2011

Jean-Paul Dubois, Vous plaisantez, Monsieur Tanner

Chers Amis du Potager,

Ce qu’il y a de bien, avec les travaux, c’est qu’on se dit que ça ne pourra pas être pire après les avoir entrepris. Certes. Mais le problème, avec lesdits travaux, ce n’est pas le après, mais le pendant.

C’est ce qu’a compris, à l’usage, Monsieur Tanner, le héros de ce court roman désespérément drôle.

Monsieur Tanner donc, propriétaire d’une charmante petite maison, se découvre l’héritier d’un tonton, qui lui lègue une immense bâtisse, dont il n’avait plus l’usage depuis 15 ans. Et Monsieur Tanner, bonne poire, ému par le coryza du notaire, accepte l’héritage, et donc la bicoque.

Pour la rénover (et il y a du boulot), il vend donc sa propre maison et se met en quête des corps de métier les plus aptes à remettre le palace sur pattes.

Et c’est là que les choses se compliquent.

Parce que les artisans sont des catastrophes ambulantes : malhonnêtes (quand ils ne sont pas franchement escrocs), bruyants, maladroits, incompétents, paresseux, négligents, salissants, arrogants, illuminés, voire purement et simplement dangereux.

La maison doit encaisser leurs efforts réunis pour faire d’elle une ruine (charpente reposant sur un plafond, électricité à la russe, canalisations mal raccordées, parquets rayés) et résister aux orages, inondations, coupures de courants, menaces d’incendie.

Monsieur Tanner se débat comme un beau diable, au milieu de tout cela, pour enfin parvenir à vivre correctement dans son manoir, supportant les avanies, les tours de rein, les cambriolages, les chèques d’un montant astronomique.

Si l’ensemble peut sembler excessif (Monsieur Tanner admet lui-même que ce n’est pas possible d’avoir une si belle tête de pigeon), c’est pourtant criant de vérité. Qui n’a pas connu les chantiers qui s’éternise, les artisans volages et les « charmants » imprévus qui confèrent une petite touche exotique aux travaux ?

Ce long monologue désespéré, désemparé, est furieusement drôle (c’est de l’humour noir, hein, sur le ton du « mieux vaut en rire qu’en pleurer »), le pire est toujours sûr et la bonne volonté pacifiste de Monsieur Tanner ne peut malheureusement pas tout.

Un très bon récit, à savourer lorsque l’on est locataire, mais qui peut faire frémir de terreur tout propriétaire avisant que sa toiture aurait bien besoin de quelques réparations ou que ses plâtres sont abîmés.

Mademoiselle Potiron

Vous plaisantez, Monsieur Tanner, par Jean-Paul DUBOIS, 2006, Points 200 pages, 6 euros

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