samedi 18 février 2012

Anne Perry, Un deuil dangereux


Chers Amis du Potager,

Comme promis dans le dernier post consacré à Pénélope Bagieu et Boulet, voici encore une histoire dont le héros a la mémoire qui flanche, ne se souvient plus très bien.

William Monk, découvert dans Un étranger dans le miroir, est le héros de deuxième série d’enquêtes victoriennes d’Anne Perry.

Suite à un accident de cab, il se relève le bras fracturé, quelques cotes fêlées et la mémoire aux abonnés absents. Son intelligence est toujours là, son talent d’enquêteur aussi, mais tout le reste a fui : souvenirs personnels, contacts professionnels (la petite foule des indics), rien qu’un grand vide pour passé.

Comme tout ce qu’il sait faire consiste en la traque des criminels, il poursuit donc son activité d’inspecteur de Scotland Yard, donnant le change en permanence, sous les regards haineux de Runcorn, son supérieur.

C’est dans ce cadre que nous le retrouvons pour sa deuxième aventure. L’exquise Octavia Haslett, fille du richissime et influent Lord Moidore, est retrouvée morte poignardée dans sa chambre. Quelques babioles ont disparu, le lierre contre le mur est froissé, la fenêtre ouverte. Le monte-en-l’air surpris l’aura dézinguée. Seulement voilà, après interrogatoire des voisins et d’un petit malfrat, il s’avère que le criminel n’est pas venu de l’extérieur, mais qu’il se trouvait, et se trouve encore, dans la maison des Moidore.

De son côté, Hester Latterly, rencontrée dans le premier épisode, infirmière dynamique de retour de Crimée où elle a servi aux côtés de Florence Nightingale, est renvoyée de l’hôpital où elle exerçait, son solide bon sens s’étant heurté à l’orgueil d’un chirurgien. Sa protectrice, Lady Callandra, en parle à Monk, malgré les injonctions d’Hester.

Monk envisage alors d’employer Hester comme agent infiltré chez Moidore, pour soutenir Lady Beatrice Moidore, traumatisée par le décès de sa fille.

On retrouve alors ce qui fait le charme habituel des romans d’Anne Perry, principalement sa critique de la haute société victorienne, arrogante et consciente de sa classe, odieuse et corrompue. Si le roman est relativement long (un peu moins de 500 pages), sa lecture est très agréable, rythmée, alternant réflexions sur la société d’alors, éléments de l’intrigue, histoire personnelle des personnages principaux.

On y découvre aussi le petit monde des domestiques, avec sa hiérarchie, presque son aristocratie, ses codes et ses règles, le mépris dans lequel les maîtres les tiennent et le pouvoir de nuisance du petit personnel. Très instructif et très drôle.

Pour les amateurs de genre, vous trouverez également de bonnes scènes de procès, mettant en scène Oliver Rathbone, ténor du barreau londonien. Là aussi, l’atmosphère du prétoire est très bien rendue, avec sa tension et ses joutes oratoires.

Enfin, c’est bien agréable de voir que les relations entre Monk et Hester sont toujours aussi orageuses !

Un dernier conseil : il est vivement recommandé de lire cette série dans l’ordre, Un deuil dangereux s’ouvrant avec le procès venant clore l’enquête menée dans Un étranger dans le miroir

Mademoiselle Potiron
Un deuil dangereux (a dangereous mourning) par Anne PERRY, 10/18 Grands Détectives 1991, 477 pages, 8,80 euros

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