samedi 18 février 2012

La revanche d'une nectarine # 2


Chers Amis du Potager,

Voici quelques temps déjà, Vivi la Nectarine m’avait taguée gentiment en me demandant quelles étaient pour moi les 5 plus beaux romans d’amour. Tout un programme.

Ceux qui me connaissent bien savent que la romance n’est pas ma tasse de thé. A la rigueur, je veux bien en lire de temps en temps, pour rigoler et faire tout plein de commentaires désobligeants. Les vertus antistress du roman niaiseux sont largement sous exploitées, croyez-moi. Et même avec ça, il faut qu’il y ait autre chose derrière, ne serait-ce qu’une intrigue policière et beaucoup d’humour. Quoique le policier ne suffisent pas toujours, hein, parce Mary Higgins Clark, c’est niaiseux et, policièrement parlant, c’est plat.

Même quand l’auteur est bon, la romance me donne des crampes. A titre d’exemple, j’ai toujours préféré the Taming of the Shrew à Romeo and Juliet. Sont-ils pas nigauds, ces deux abrutis, à jouer au vrai-faux suicidé ? Franchement, un plan pareil, c’était sûr que ça allait partir en sucette, mais bon, faut croire que l’amour rend idiot. Et je n’aime pas les andouilles (même de Guémené).

Du coup, trouver des romans d’amour dans ma bibliothèque, c’est ardu. En creusant un peu, j’ai malgré tout réussi à dénicher quelques exceptions à la règle de la niaiserie. Voilà le résultat de mes investigations :

Rebecca, de Daphné Du Maurier. Parce que même sans se toucher, se parler, se regarder, l’amour entre la narratrice et Maxim est palpable. Je n’aime pas les pââââssions dévorantes, qui n’ont d’autre intérêt que leur sensualisme racoleur ou leurs héroïnes hystériques. J’aime les amours fortes, puissantes, silencieuses et implacables. La relation de la narratrice et de Maxim est simple, franche, elle s’épanouit face à l’adversité, sans vulgarité ni excentricité. J’aime les amours sereines et réconfortantes comme une tasse de thé avec des scones, prise au coin du feu, quand il pleut dehors. J’aime les amours qui sentent le tweed. Mon côté old school.

Furari, de Jirō Taniguchi (qui aura bientôt son propre post). Ici aussi, pas de débauche sentimentale trépidante. Le héros a consacré sa vie à la science géographique, délaissant parfois Eï, sa jeune épouse, pendant de longues périodes pour se consacrer à ses travaux. La retraite venue, on lui accorde un laisser-passé pour Hokkaido, afin d’établir la mesure du méridien. Alors qu’il annonce gauchement cette nouvelle séparation à Ei, celle-ci propose spontanément de l’accompagner, avec un sourire d’enfant malicieux. Aucune notion de sacrifice, seulement le plaisir d’être ensemble, qui émaille tout ce délicieux roman graphique. J’aime les amours qui prouvent que le quotidien ne signifie pas nécessairement la ruine du couple. Mon côté optimiste.

Cyrano de Bergerac, d’Edmond Rostand. Pour le coup, un classique. Avec humour et panache pour ne rien gâcher. Et je ne parle pas de l’amour de Christian et Roxane, mais de celui de Cyrano pour sa belle cousine. Un amour d’autant plus beau que notre nasal héros sait qu’il n’aura pas de suite. Et parce que la scène du couvent est une des plus belles de la littérature française. Même si ce n’est pas un roman, c’est pour moi plus sensible que bien des romans soi-disant d’amour. J’aime les amours qui finissent mal. Mon côté Rita Mitsouko.

Mort d’un silence, de Clémence Boulouque. Là encore, pas de roman d’amour à proprement parler, mais le récit terrible de la chute d’un homme, Gilles Boulouque, le papa de Clémence, juge antiterroriste qui finira par se suicider sous la pression que les politiques et les médias faisaient peser sur lui. Bouleversant, avec sensibilité et sans pathos, une des plus belles déclarations d’amour qu’une fille puisse faire à son père. J’aime les amours qui me laissent sanglotante. Mon côté fifille à son papa.

Heat Wave, de Richard Castle. Parce que dans le roman de Ricky, Jameson Rook et Nikki Heat ne font pas que jouer au jeu du chat et de la souris. Et qu’il n’y a pas que le tragique dans la vie.

Voilà. Pas que du pur roman, donc, mais de belles histoires d’amour quand même. 

Mademoiselle Potiron 

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