samedi 18 février 2012

Kenneth Cook, l'Ivresse du kangourou


Chers Amis du Potager,

Après un post sur les histoires d’amour (ahem), reprenons le cours normal de ce blog, en évoquant un recueil de nouvelles à l’humour potache qui ravira les amateurs du genre.

Kenneth Cook, génial conteur australien, s’est forgé une réputation, entre autres, par la publication de la trilogie du Koala tueur, qui comprend le Koala tueur (c’est logique), la Revanche du Wombat et, donc, l’Ivresse du Kangourou.

Comme le titre le laisse supposer, le tout se passe dans l’outback australien, du bush bien connu des amateurs de Crocodile Dundee au désert bien connu des amateurs des Frères Koala.

La faune locale (humaine et animale) s’avère particulièrement exotique, avec ses parieurs acharnés, dont les règles sont très strictes, avec un pilote herpétophobe qui panique en plein vol, se réfugie derrière un siège quand un bande de lézards à collerette s’échappe dans l’avion et refuse en sanglotant de reprendre les commandes, avec un homme payé grassement pour NE PAS jouer au cricket, avec ses aborigènes sans âge, aux noms imprononçables, qui font preuve de dons particuliers.

On y retrouvera également Mary Anne, la zoologue du Koala tueur, cette fois aux prises avec une autruche (mâle) qui entreprend de l’occire car notre rondouillarde scientifique lui a volé un œuf sous prétexte de comparaison œuf d’autruche, œuf d’émeu.

On y retrouve surtout le sens de l’humour de Kenneth Cook, son amour de la bonne chère et des bonnes bouteilles (mises à rafraîchir dans le sable du désert), son incroyable capacité à se mettre dans le pétrin et ses amis farfelus.

Parce que Kenneth Cook, terrassé par une crise cardiaque en 1987, était un excellent conteur, doublé d’un chouette copain, incapable de dire non et toujours prêt à partir à l’aventure (même s’il n’est pas très aventureux) si cela peut donner lieu à un bon article. Et doté d’un certain talent pour l’autodérision.

Certains trouveront sans doute que cela ne mérite pas le prix Nobel. Peut-être pas. Mais les histoires du bush de Kenneth Cook ont un parfum d’exotisme, d’aventure épique et picaresque. On y retrouve tout le flegme rigolard des Australiens, leur amour de la bière et leur capacité à ne s’étonner de rien. Et l’on sent que l’auteur, finalement, les aime bien, ces ahuris brûlés par le désert et ses farfelus attachants.

Les femmes, pour y être rares, n’en sont pas moins des personnages à poigne, qu’il s’agisse de Mary Anne, de la parieuse de bras fer, de la japonaise dans l’avion envahi par les lézards ou de l’athlétique Guinevere, que Kenneth admire tout en les craignant un peu.

Ces historiettes sans prétention remplissent un autre critère pour en faire un très bon bouquin : elles sont drôles. Vraiment. Tout le talent de Kenneth réside dans cet art de faire hurler de rire même dans les situations tragiques, sans jamais être déplacé ni vulgaire.

Elles ont en outre le mérite de présenter de manière quasi exhaustive la faune australienne.

Après un léger coup de mou dans la Revanche du Wombat, l’Ivresse du Kangourou renoue avec la verve du Koala tueur.

Mademoiselle Potiron

L'Ivresse du Kangourou (Frill-necked frenzy), par Kenneth COOK, éditions Autrement Littérature, 213 pages, 17 euros

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