samedi 18 février 2012

Pierre Lemaître, Robe de Marié


Chers Amis du Potager,

Voici un roman très commenté ces dernières années. J’arrive après le coup de feu, donc. Mon côté old school, sans doute.

Bref, pour ceux qui ne seraient pas encore au courant de la chose, Sophie est folle. A priori, elle a tout pour être heureuse (bon mari, bon boulot, bel appartement, des moyens et des envies). Seulement voilà, petit à petit, Sophie perd la mémoire, les objets de son quotidien se retrouvent à des endroits où elle n’a pas souvenir de les avoir posés, elle oublie ses rendez-vous, perd ses carnets où elle note tout.

Alzheimer précoce ? Pour savoir, il vous faudra lire le récit de la chute vertigineuse de Sophie. A ce propos, une fois encore, la 4e de couverture est bien trop bavarde pour être honnête. Ceux qui apprécient le suspens sont donc invités à la dissimuler sous un bristol tromboné (pour ne pas être tenté) ou à l’ignorer courageusement.

Pour le reste, comment est-il ?

Difficile de donner un avis éclairé, sans dévoiler l’intrigue aux innocentes créatures qui seraient passées à travers à l’époque de la gloire de ce roman, ou qui auraient elles-mêmes suffisamment d’amnésie sélective pour ne pas s’en souvenir (Spéciale dédicace à Papounet qui peut relire le même polar à six mois d’intervalle sans se rappeler de l’identité du meurtrier).

Bref, sans trop en dire, donc. Disons qu’il s’agit d’un thriller plutôt bien fait, même si j’avoue avoir deviné assez vite l’origine des troubles de Sophie. Peut-être justement parce que l’idée n’est pas si novatrice que cela. Le déroulé des faits est bien entendu original, mais m’a laissé un certain goût de déjà vu (et pas forcément un bon souvenir, du genre téléfilm de l’après-midi, en moins sirupeux). Et ça paraît parfois un peu gros (surtout la scène finale, oscillant entre grotesque et pathétique, alors qu’elle devait sans doute faire grande tragédie racinienne).

Pour le style, c’est efficace. J’avoue que l’on a du mal à décrocher de l’histoire. Et c’est tant mieux, parce que pour le reste…

Difficile de s’attacher aux personnages. Sophie manque de cohérence, même dans sa folie (pour une amnésique qui perd la boule, elle a sacrément la tête sur les épaules). Dans mon idée, soit on est frappadingue et la messe est dite, soit on ne l’est pas et on ne fait pas tout un foin parce qu’on a paumé ses clés. Si vous voyez ce que je veux dire.

Alors oui, on me répondra que je n’ai pas saisi le côté cathartique de cette lutte contre soi-même pour retrouver son identité et son humanité, blabla, qui suis-je, où vais-je, dans quelle étagère. My ass. Comme dirait Philippe Lucas, c’est pas cohérent épissétout.

Un indice ? N’importe quel guignol en cavale sait que la première chose à faire c’est de bazarder son portable et sa carte de crédit. N’importe quelle série télé vous l’apprend. Même Richard Castle le sait (ah, Richard…). Mais bon. Chez Pierre Lemaître, faut croire que les flics sont des abrutis doublés d’incompétents…

De la même façon, l’héroïne se fait hospitaliser alors qu’ELLE N’A PAS DE CARTE VITALE ! Alors de deux choses l’une, soit Pierre Lemaître a une santé de fer et n’a jamais croisé une réceptionniste des urgences de sa vie (pourvu que ça dure, hein, c’est tout le mal qu’on lui souhaite), soit son thriller se déroule dans le monde délicieux des Bisounours. Et pour un thriller, les Bisounours, ça craint.

Mademoiselle Potiron (qui s’énerve à chaque fois qu’elle voit Pepper Potts courir en talons aiguilles sur des grilles métalliques dans le premier Iron Man, sans jamais que son talon ne se coince dans un trou et qu’elle ne se ramasse de tout son long, parce que c’est pas cohérent, même pour de la science-fiction ou du comic et même si j’aime bien Gwyneth Paltrow qui fait très bien la cuisine et qui est une consoeur de blog). 

Robe de Marié, par Pierre LEMAÎTRE, Livre de Poche 2009, 314 pages, 6,50 euros

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