mercredi 8 février 2012

Emile Zola, la Fortune des Rougon


Chers Amis du Potager,

Aujourd’hui, du classique de chez classique. Un monument de la culture littéraire française qui jusqu’ici faisait joli dans la bibliothèque de Maman (dans une jolie couverture reliée), mais n’avait pas été lu, ou presque. Zola. Emile Zola.

A part Au Bonheur des Dames lu en une nuit (blanche) il y a quelques années, les Rougon-Macquart ne m’avaient pas vraiment intéressée. Cela vaut aussi pour les diverses adaptations télévisées ou cinématographiques, jamais vues.

En panne de lecture chez Môman, j’ai décidé de m’y plonger et de commencer par le commencement, c’est-à-dire par la Fortune des Rougon. Il faut sans doute y voir l’influence (bénéfique) de Cuné.

On y découvre les ataviques descendants d’Adélaïde Fouque, principalement Pierre Rougon, le fils légitime, arnaqueur de première et pétochard, dont l’épouse Félicité rêve de gloire et de fortune, Antoine Macquart, paresseux patenté qui exploite sa famille pour se dispenser d’un emploi et fait le « glorieux » dans les rues, quand il n’est pas ivre, Sylvère Mouret, le fils d’Ursule Macquart, grand niais sympathique, bercé d’illusions républicaines.

C’est que nous voici au lendemain du coup d’Etat de Bonaparte (3e du nom), en décembre 1851, et que la région de Plassans (où vit cette sympathique famille) s’est révoltée pour maintenir la République. Tandis que Sylvère et son amoureuse Miette rejoignent les insurgés, Pierre et Félicité, aiguillés par leur fils Eugène qui se trouvent à Paris, prennent la tête des partisans du coup d’état.

C’est ce que j’ai préféré dans ce roman, les magouilles, les mesquineries, les combines de Félicité qui devient attachante à force d’acharnement et d’ambition, la caricature violente de la petite vie provinciale bien rangée, Antoine Macquart aurait mérité des gifles, mais ajoute du piquant à l’histoire par sa personnalité outrée (Pierre n’est pas mal non plus, dans le genre vaniteux à la résolution molle).

L’histoire d’amour de Sylvère et de Miette, pour émouvante qu’elle soit censée être, m’a paru un tantinet niaiseuse, mais c’est sans doute parce que je suis une mauvaise fille, qui préfère le sarcasme à la romance. Et qui n’a pas trop apprécié le côté racoleur de Zola qui essaie de faire dans le sensuel sans se départir d’une certaine pudibonderie.

Quoique je n’ai jamais éprouvé de passion farouche pour Napoléon III, la présentation des insurgés républicains, toute en emphase poétique grandiloquente, m’a paru un peu ridicule, et j’avais hâte de retrouver les conspirateurs bonapartistes du Salon Jaune, beaucoup plus drôles. Je n’aime pas trop les auteurs qui essaient de faire pleurer dans les chaumières.

Dans ce premier tome, pas trop de misérabilisme social (j’avoue que j’appréhende Germinal et l’Assommoir, Zola ayant tendance, dans mon esprit, à forcer le trait, même si j’ai bien conscience que la vie au XIXe ne devait pas être tous les jours très tagada-tsoin-tsoin), un humour caustique bienvenu et le frisson de l’aventure (même si l’Histoire, la vraie, nous apprend déjà qui a gagné en ce fameux mois de décembre 1851).

De quoi passer de bons moments, donc, malgré quelques longueurs (ce devait être la mode, à l’époque).

Et envisager la suite avec moins de crainte. Merci Cuné.

Mademoiselle Potiron
La Fortune des Rougon, par Emile ZOLA, Folio, 480 pages, 5,30 euros

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