samedi 18 février 2012

Inio Asano, Bonne nuit Punpun

Chers Amis du Potager,

Parce que Télérama (oui, j’avoue, je suis un tantinet bobo) nous a fait tout un blabla sur le salon d’Angoulême et que je ne sais pas résister à la suggestion, voici un manga nouveau venu, qui a fait tripper le petit bonhomme de cette célèbre revue culturelle (classé en « bravo », ce n’est pas si souvent).

Et ce comprend cet assaut de bravitude. Parce que Bonne nuit Punpun est un OLNI dans son genre (ben quoi ? Objet Littéraire Non Identifié).

Ça aurait pu commencer comme n’importe quel manga mettant en scène de jeunes ados qui vont à l’école, avec leurs préoccupations quotidiennes (dont, pour les garçons, l’attrait irrésistible de la pornographie, qui occupe une part importante de leurs loisirs, sous les moqueries des filles).

Seulement le héros, Punpun, est un oiseau. Oui, oui, un piaf stylisé, avec des ailes, un bec, et tout. Qui vit dans sa maison avec Papa Punpun et Maman Punpun. Cette représentation atypique, symbolique, le distingue immédiatement de ses camarades.

Mais comme la vie n’est pas simple et que Papa Punpun a tendance à picoler un brin, et que quand il a picolé, il ne rechigne pas à taper sur Maman Punpun (qui d’ordinaire se défend plutôt pas mal), Punpun se réveille un matin avec Maman Punpun étalée de tout son long dans le salon saccagé.

Tandis qu’elle est conduite à l’hôpital et Papa Punpun au commissariat (tiens, un zeugme…), l’oncle de Punpun vient vivre avec lui le temps que les choses se tassent.

Pour compliquer les choses, Aiko, une nouvelle élève, débarque à l’école, et Punpun en tombe amoureux.

Et les camarades de Punpun qui ont trouvé une cassette porno dans la rue, déchantent en réalisant qu’elle est piratée par un psychopathe qui avoue un triple meurtre et promet une récompense à qui retrouvera les corps dans une usine désaffectée. D’où nos gamins qui partent en campagne.

A partir d’un univers qui aurait pu être banal, et qui est toujours ancré dans le réel, Inio Asano nous offre un manga étrange, où la naïveté du graphisme et de la personnalité de Punpun contraste avec une réalité plus dure, presque glauque (même si le ciel est plutôt ensoleillé, pas de cliché du genre « il pleut dans mon cœur comme il pleut sur la ville », même si ça devait être moins cliché à l’époque de Verlaine).

Les adultes y sont tous parfaitement étranges (les professeurs, les vieux avinés, les parents de Punpun), les relations sociales sont compliquées et Punpun paraît bien fragile au milieu de tout cela.

Le graphisme est vraiment superbe. Les panoramas sur la ville sont extrêmement soignés. Le souci du détail est omniprésent. D’où l’étrange allure de ce Punpun si simplement croqué.

C’est vraiment un manga très atypique, qui peut ne pas plaire à tout le monde, et cette originalité fait tout son charme.

Mademoiselle Potiron

Bonne nuit Punpun (Oyasumi Punpun), par Inio ASANO, Kana Big 2007, 220 pages, 7,45 euros le tome

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