Traitez-moi de maso, if you like, mais après l’échec de Marie Stuart, j’ai remis
le couvert avec ce bon vieux Stefan (Zweig), grâce à mon ami le Pingouin, qui
devait vous manquer, depuis le temps.
Foin des biographies historiques
pontifiantes ! Retrouvons notre Autrichien préféré là où il est le
meilleur, c’est-à-dire dans la nouvelle, parce qu’il sait, comme peu le savent,
tirer parti de la brièveté du texte pour en extraire la substantifique moelle,
la tension dramatique, le personnage fort.
Là où Somerset Maugham (qui n’écrit pas que des
nouvelles pour dames, n’en déplaise à Alain Souchon) privilégie parfois
l’élégance à l’efficacité, chez Zweig, l’élégance de la plume est toujours au
service de l’efficacité narrative.
Chess (publié en français sous le titre le
Joueur d’échecs) ne fait pas exception à la règle.
Rédigée au cours des quatre derniers mois de la vie
du grand homme, elle concentre plusieurs thèmes chers à l’auteur : la
passion morbide, la dénonciation du nazisme, l’opposition entre vulgarité et
culture.
Sur un paquebot en partance pour l’Argentine, le
narrateur s’entend dire par un ami que Mirko Czentovic, l’invaincu champion du
monde d’échecs, est à bord. Cet ami entreprend de lui dépeindre la révélation que
représente Czentovic, brute épaisse, quasi analphabète, mais douée d’un génie
inné pour l’échiquier.
Intrigué par l’arrogance du personnage, curieux
cette passion obtuse chez un être aussi fruste, le narrateur entreprend de
l’hameçonner avec une petite partie. Il s’installe au salon, commence à jouer
seul, puis les spectateurs s’avancent, chacun y va de son conseil, jusqu’à
l’organisation de parties acharnées, notamment avec un négociant
particulièrement grande gueule.
Pour ne pas trop en dire, signalons simplement que
le piège va fonctionner sur Czentovic, mais que la suite va réserver des
surprises, et gagner en intensité.
Il s’agit d’un récit très fort, sur l’inné et
l’acquis, sur le basculement dans la folie, sur le fait de renoncer à soi pour
survivre (Zweig fera le choix inverse) et la difficulté à se retrouver.
Bref, c’est beau, c’est bon, c’est Stefan au mieux
de sa forme.
Mademoiselle Potiron
Chess
(Schachnovelle), par Stefan ZWEIG, Pinguin Mini-Classics (hiiiii !!!!), 83
pages, 3.90 euros.
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