samedi 3 novembre 2012

Pot-pourri... #5


Chers Amis du Potager,

Comme je suis sûre que vous en voulez encore, et que j’ai vraiment beaucoup lu cet été, la suite de mes aventures livresques :

La Main de Wylder, par Sheridan Le Fanu : œuvre d’un des pères fondateurs du roman gothique, la Main de Wylder est un roman policier gloomy à souhait. Mark Wylder va épouser sa cousine la belle Dorcas Brandon, histoire de réunir la fortune familiale et de tenter de mettre fin aux querelles intestines qui envenime les deux branches de la maison. Seulement voilà. Mark disparaît au cours d’un voyage à Londres. Laissant le champ libre au capitaine Lake pour épouser Dorcas, tandis que sa jeune sœur Rachel Lake se morfond de plus en plus. Le roman est long (plus de 500 pages bien tassées), mais il faut ça pour rendre l’ambiance délétère à souhait qui hante cette lande anglaise. Roman à mystère, mais surtout roman d’atmosphère, il y a jusqu’à la personnalité des personnages qui accable encore le lecteur sous cette perversité boueuse et nauséabonde. Du très grand art. Phébus, 523 pages, 25€.

La Dernière séance, de Larry McMurtry : roman sur la fin de l’adolescence et l’entrée dans l’âge adulte, Sonny et son pote Duane découvrent l’indépendance et les filles. Classique, me direz-vous. Certes. Mais tout l’art de McMurtry est dans ses personnages, dans leurs contradictions, dans leurs erreurs de jugement. La frustration ressentie par la jeunesse de cette petite ville du Texas se traduit par une fuite en avant. Le style est plaisant, rude mais efficace, mais ne manque pas de tendresse pour aborder les personnages pas si secondaires que sont Sam et Billy. Raison de plus pour faire confiance aux éditions Gallmeister. Gallmeister collection Totem, 321 pages, 9.70 €.

Le Lézard lubrique de Melancholy Cove, de Christopher Moore : Amateurs de réalisme et ennemis du farfelu, passez votre chemin. Quand une fuite radioactive réveille un Godzilla à la libido déchaînée, qu’un père de famille supposé respectable découvre sa femme morte, et que la psy de Melancholy Cove décide de remplacer les antidépresseurs de ses patients par des placebos, ce cocktail détonnant (et je ne parle pas de l’explosion du camion-citerne à la station-service) va mettre de l’ambiance dans la vie du flic local, Theo Crowe. Chasse au monstre, lutte contre de grosses légumes corrompues, le tout dans une ville submergée par les phéromones sexuelles dégagée par Steve (le nom donné au monstre par une ancienne héroïne de série Z), ce n’est pas crédible du tout, mais on entre complètement dans l’histoire, rythmée, délirante, addictive. Et en plus, c’est hilarant (avec un brin de causticité pour relever la sauce). Miam. Folio Policier 430 pages, 8.60€.

Serena, de Ron Rash : j’ai hésité à y consacrer un post individuel, parce qu’il le vaut bien, mais par manque de temps… Bref. Serena est la jeune épouse de Pemberton, un riche exploitant forestier des Smoky Mountains. Pour planter le décor, à son arrivée après un mariage à Boston, elle trouve sur le quai de la gare, une jeune femme enceinte des œuvres de son mari. Bagarre entre Pemberton et le père de la greluche. Pemberton poignarde le vieux qui décède. Welcome in North Carolina ! Mais il en faut plus pour impressionner Serena, femme de tête, en pantalon et cheveux courts, qui parcourt l’exploitation sur un cheval indomptable, une aigle au poing (pour tuer les serpents). Et on peut s’empêcher d’admirer cette véritable Lady McBeth, qui s’impose dans un monde d’hommes et dans une époque (les années trente) où la femme n’est pas grand-chose, et qui n’a d’autres moteurs que le pouvoir et l’argent. Je ne développerai pas l’intrigue, mais il faut ABSOLUMENT lire ce roman fort, dur, sans pitié. C’est une merveille (pour ceux qui aimeront Serena, je rappelle qu’ils peuvent se plonger sans souci dans Un pied au paradis, du même génial Ron Rash). Livre de Poche, 530 pages, 7.60€.

Si les années trente américaines vous fascinent, mais que la ruralité vous laisse de marbre, je ne peux que vous recommander l’Île joyeuse, de Dawn Powell. Le monde de la nuit à New York, la délicieuse Prudence, si belle et si spirituelle, star du cabaret, les musiciens, les poètes, les histoires d’amour contrariées, beaucoup de verve et d’humour. Et pourtant, sous le fard, toujours, omniprésente, la peur de la chute. Un petit bijou de cynisme et de nostalgie. Quai Voltaire, 305 pages, 22€.

Mademoiselle Potiron

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