Chers Amis du Potager,
Quand vous avez le moral dans les
chaussettes, n’hésitez pas à demander de l’aide à Samuel, l’excellent libraire
spécialiste de la bande dessinée et de la littérature jeunesse chez Quai des
Brumes. Avec maestria, il vous dégotera de quoi aisément vous faire vous
bidonner comme un bossu. Et il est probable que les témoins de ce spectacle
vous subtilisent discrètement le bouquin responsable de votre hilarité
(Monsieur Potiron, par exemple).
Attention, donc. Sélection digne
des lapins crétins.
Commençons par le meilleur du
blaireau, j’ai nommé Francis. Or, il se trouve que Francis veut mourir.
En planches de 6 vignettes, dont la première représente systématiquement un
Francis dépressif avec la mention « Francis a décidé de se suicider »,
cet album condense le meilleur de l’absurde et de l’humour noir à porter de
main. Francis tente par tous les moyens d’en finir (suicide simple, ou
énervement suffisant de ses voisins pour un lynchage), ces amis tentent
(parfois) de l’en dissuader, sa femme désespérée lui rappelle la présence
émouvante de ses enfants, ce à quoi Francis répond qu’il « ne peut
décemment pas rester en vie pour lui faire plaisir. Surtout qu’il comptait tuer
toute la famille avant de se donner la mort ». C’est bon comme du
Desproges. Hilarant. Francis veut
mourir, par Claire Bouilhac et Jake Raynal, éditions Cornélius, 8.50 euros.
Les Editions Cornélius ont
également eu l’excellente idée de publier Faits divers. Anouk Ricard, dessinatrice
spécialiste des personnages animaliers, a choisi d’illustrer ces événements
improbables avec ses canards, chiens, chevaux et autres ours favoris. Non
seulement les dessins sont tordants, mais on reste stupéfaits devant ces faits
divers authentiques et complètement barrés, du genre « elle trouve une
dent dans une saucisse » ou autre « il tente de changer ses
excréments en or et met le feu à l’immeuble ». Pas toujours très raffiné,
donc, mais à mourir de rire. Faits divers,
par Anouk Ricard, éditions Cornélius, 11.50 euros.
Les personnages animaliers d’Anouk
Ricard sont également les héros de Coucous Bouzon. La société Bouzon,
qui fabrique des coucous, engage Richard, pour remplacer Guy, qui a démissionné
du jour au lendemain. Après un entretien d’embauche mené par un patron au sens
de l’absurde très développé, Richard ne tarde pas à se rendre compte que Guy a
sans doute en réalité disparu. Perdu dans une entreprise de frappadingues, seule
Sophie la jolie réceptionniste (si on aime les cockers) lui sera de quelque
secours. Au-delà de l’enquête, la critique des méthodes de management est
particulièrement bien trouvée (ah, le séminaire en forêt !...). Drôle et
grinçant. Coucous Bouzon, par Anouk Ricard, Gallimard, collection Bayou,
92 pages, 16.25 euros.
Et parce que les contes de notre
enfance méritent d’être sévèrement dynamités, la saga des ours nains est
salvatrice. Les sept ours nains crient famine dans leur cabane au fond des
bois, ne se nourrissant que du lait de leur vache. Sauf qu’ils en ont marre du
lait, et qu’ils envoient un des leurs la vendre. Ça vous rappelle quelque chose ?
L’ours va l’échanger contre un haricot, bien sûr. Un chat botté
particulièrement matois va tenter une arnaque, un petit chaperon rouge va avoir
pitié, Hansel et Gretel seront vu sous un jour nouveau (très national
socialiste). Drôle, irrévérencieux, les petits y verront un joli conte, les
grands une caricature subversive. Indispensable. La Faim des sept ours nains, par Emilie Bravo, Seuil jeunesse,
12.20 euros.
Pour finir, une bande dessinée
dénichée par Sylvie, succession de vignettes sans paroles, sur la vie et l’œuvre
d’un banc de parc public. Du clochard qui s’en fait régulièrement virer par le
gardien, au couple de petits vieux qui y partagent une pâtisserie avec amour, c’est
toute la vraie vie qui défile : les vieilles, les jeunes à skate, les
jeunes à schnouf, les hommes d’affaires, les jeunes filles, les enfants, l’homme
d’entretien. Jusqu’au chien qui pisse tous les matins sur son piétement droit.
Au fil des saisons, les habitués évoluent, changent, vont jusqu’à disparaître. C’est
drôle et émouvant à la fois, et le dessin est très éloquent. Un peu de bois et d’acier, par
Chabouté, éditions vents d’ouest, 336 pages, 30 euros.
Mademoiselle Potiron
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