Chers Amis du Potager,
Pierre Bayard avait déjà repris les conclusions d'Hercule Poirot, sur le meurtre de Roger Ackroyd, pour dynamiter le raisonnement du petit Belge. Madame Groseille vous l'avait présenté (c'est là : qui a tué Roger Ackroyd).
Pierre Bayard récidive, donc, en reprenant le raisonnement de Sherlock Holmes dans l'affaire qui fit sa réputation, celle du Chien des Baskerville. Et force est de constater que le point de vue de Pierre s'éloigne franchement de celui de Sherlock.
Il dispose pour cela d'un atout important, l'étude des relations complexes que Sherlock entretenait avec son créateur Conan Doyle, leur lutte intestine et perpétuelle, qui fit que Sherlock échappa à son maître.
C'est extrêmement intéressant, tant du point de vue purement policier, que du point de vue intellectuel, dans le "détricotage" de toute la mythologie liée au raisonnement holmesien. Pierre Bayard développe également une thèse fort séduisante, sur les rapports que les personnages de fiction nouent avec les êtres vivants de la réalité, et leurs influences mutuelles, à travers ce qu'il appelle "les émigrants du texte" et les "émigrés du texte".
Un court essai, dense dans son contenu, mais léger dans sa forme, que je conseille vivement (à condition d'avoir lu au préalable le Chien des Baskerville, l'original, bien sûr).
Mademoiselle Potiron
L'Affaire du Chien des Baskerville, par Pierre BAYARD, Minuit 190 pages, 8 euros