Chers Amis du Potager,
Je ne suis pas un serial killer.
Affirmation péremptoire, à laquelle John Wayne Cleaver ne croit pas trop. Fasciné par les tueurs en série, adorant préparer les corps dans la morgue familiale, adorant les bonnes flambées, le jeune John est un ado persuadé que son destin est de finir serial killer. Perspective qui ne l'enchante pas spécialement. Alors John se soumet à un code personnel destiné à lui épargner cet avenir trouble : ne pas s'intéresser aux scènes de crime, ne pas observer ses contemporains, n'être qu'amour.
Ce plan aurait pu suffire, sauf que la petite ville où vit John se retrouve la proie d'un authentique serial killer, qui prélève des organes sur ses victimes.
Notre Johnny, spécialiste du sujet, se décide donc à enfreindre quelques unes de ses règles pour découvrir qui terrorise son patelin. Evidemment, qui mieux que lui, sociopathe en puissance, pour comprendre et appréhender un autre sociopathe ?
Idée de base alléchante, n'est-ce pas ?
Sauf que les choses ne sont pas forcément ce qu'elles paraissent.
Sans vouloir déflorer le sujet, l'identité du tueur est assez rapidement déterminée. Au temps pour l'enquête. S'en suit une traque sans relâche, pas inintéressante, mais assez parasitée, à mon sens, pas la nature propre du tueur. Et ce qui aurait pu être un thriller haletant se transforme vite en roman pour ados. Un très bon roman pour ados, mais un roman pour ados quand même.
Rien de désagréable et bien écrit, John le cinglé est attachant. Narrateur lucide sur sa condition et bourré d'humour (parfois humour noir), il cumule les difficultés d'expression propres aux jeunes de son âge à une sociopathie médicalement constatée, ce qui donne lieu à des situations cocasses et des dialogues savoureux, tout en luttant contre sa propre propension à la violence. Mais comment traquer le tueur sans laisser libre cours à la bête qui est en lui ?
Cela dit, ce roman cède un peu à la facilité (après un départ sur les chapeaux de roue), et pêche par un angélisme un peu trop guimauve. Parce que passer du sanglant à la guimauve, ça m'énerve.
Mademoiselle Potiron (frustrée)
Je ne suis pas un serial killer (I am not a serial killer - ça, c'est de la traduction), par Dan WELLS, Sonatine 270 pages, 18 euros.
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