Chers Amis du Potager,
Histoire de vous présenter les choses correctement, voici la 4e de couverture:
Entre 1917 et 1918, Kafka séjourne 8 mois chez sa sœur Ottla à Zürau, dans la campagne de Bohême. La tuberculose s'est déclarée, et crée chez l'écrivain dans sa retraire une intimité nouvelle avec l'idée de la mort. C'est durant cette période que sont nés ces "aphorismes" étranges et déroutants : alors que Kafka avait coutume de remplir des cahiers d'écolier d'une écriture serrée, ici au contraire il dispose une phrase, un paragraphe tout au plus, sur de petites feuilles volantes.Tout le reste de la page, étonnamment vide... A l'initiative de Roberto Calasso, ces aphorismes de Zürau sont livrés pour la première fois à la lecture telle que Kafka aurait pu la souhaiter. Quoiqu'il ait presque toujours répugné à la publication de ses textes, il est certain que cette disposition singulière était destinée à faire briller l'éclat foudroyant de sentences venus des abîmes. Car ses pensées y sont vertigineuses, parfois oraculaires, échappant toujours à l'explication univoque mais suscitant sans cesse la nécessité d'une méditation essentielle : le bien et le mal, le corps et l'esprit, le courage et la fuite, le chemin et le cercle, la création et la mort. Autant de motifs qui parcourent son œuvre, mais ciselés ici à l'extrême, douloureux et resplendissants comme des pointes de diamant, regard d'un "oeil qui simplifie jusqu'à la désolation totale". Mais cette désolation est pour Roberto Calasso une "splendeur voilée".
Rien que ça. L'intérêt réside effectivement dans la concision de ces courts textes, qui se résument parfois à une simple phrase de quelques mots, et qui reflètent pourtant parfaitement l'absurde propre au monde kafkaïen.
Pour l'appréciation, je crois que c'est très personnel. J'ai aimé, mais peut-être parce que cela correspondait à mon état d'esprit sur le moment. A chacun de se faire son opinion donc. Et pour cela, quelques citations :
Comme un chemin en automne : à peine l'a-t-on balayé qu'il se couvre à nouveau de feuilles mortes.
C'est beau comme un haïku, non ?
Si ce qu'on dit avoir été détruit au paradis était destructible, ce n'était donc rien de décisif; mais si c'était indestructible, alors nous vivons dans une fausse foi.
Cette logique alambiquée m'a rappelé la blague classique "Je ne dis jamais la vérité" : si c'est vrai, pour une fois, j'ai dit la vérité et c'est en contradiction avec ma déclaration. Si c'est faux, c'est que je dis toujours la vérité et que là, pour une fois, j'ai menti. Ah, ah, ah.
Voilà de quoi vous éclairer.
Mademoiselle Potiron
Les Aphorismes de Zürau, par Franz KAFKA, chez Gallimard Arcades, 143 pages, 10 euros.
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