Chers Amis du Potager,
Parce que j’aime quand c’est
japonais, petite sélection nippone.
Qui débute avec un charmant
érudit allemand, Eugen Herrigel. Celui-ci, désireux de trouver une voie
spirituelle qui lui convienne, profite d’un séjour au Japon, où il enseigne la
philosophie, pour s’initier à l’art ancestral du tir à l’arc.
Car le kyūdō, l’art chevaleresque
du tir à l’arc, n’a pas seulement une finalité purement sportive ou
pragmatiquement guerrière. Il s’agit également (voire surtout) d’une voie
d’entrée vers le zen et la découverte de soi.
Rien, dans cet apprentissage,
n’aura été simple pour notre germain philosophe. Il faut découvrir chacune des
étapes, des épreuves subies, sous les parcimonieuses directives de son maître
(au Japon, l’enseignement se fait pas l’exemple, loin de la théorisation
académique). Face aux errances de son élève, le maître ira jusqu’à donner
l’ultime preuve de son talent, lors d’une séance nocturne à valeur initiatique.
Ce court récit est remarquable,
tant par son contenu, que par la naïveté tendre dont fait preuve Eugen
Herrigel, est une lecture très agréable, qui, s’il ne permet pas d’accéder
directement au zen (dont le maître n’était pas nécessairement adepte), offre
une découverte « par la bande » de l’art du détachement de soi.
Cet opuscule est sans doute
fondateur dans les relations entre l’occident et le Japon, puisqu’il est cité
par Hisayasu Nakagawa dans son Introduction
à la culture japonaise.
Recueil d’articles écrits dans un
français remarquable par ce spécialiste des Lumières et plus particulièrement
de Diderot, professeur émérite de littérature française à l’université de
Kyōto, il permet une ouverture sur l’âme japonaise et les conceptions
culturelles qui la différencient des modes de réflexion occidentaux.
A travers la politesse outrée des
employés de Japan Air Lines, les différents rites religieux, le rapport à la
mort (paradoxal pour un européen, mais particulièrement pragmatique et
poétique), les concepts d’immanence et de transcendance, avec érudition mais sans
pédantisme, avec cette vraie modestie propre aux gens intelligents, Hisayasu
Nakagawa ouvre une porte sur une autre culture, attachante et sensible.
Pour finir sur une note plus
girly (quoique…), l’Institut Français de la Mode a édité récemment un recueil
d’articles consacré aux esthétiques du
quotidien au Japon. Très solidement documenté, cet ouvrage présente les
arts esthétiques japonais (décoration, jardins, mode, objet du quotidien) dans
une perspective historique entre dépouillement et ostentation, puis en les
replaçant dans leur contemporanéité (à signaler notamment l’intéressante
interview de Tadao Ando, le célèbre architecte lauréat du prestigieux prix
Pritzker.
Les articles sont entrecoupés de
notes présentant les différents concepts esthétiques japonais (tel le diptyque
wabi/sabi) ou des thématiques associées (tels l’art d’offrir des cadeaux,
l’ikebana ou le statut de la femme), ainsi que par les illustrations magnifiques réalisées par Nicolas de Crécy.
Mademoiselle Potiron
Le Zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc, par Eugen HERRIGEL, Dervy, 130 pages, env. 10 euros
Introduction à la culture japonaise, par Hisayasu NAKAGAWA, Puf, 112 pages, 13,50 euros
Esthétiques du quotidien au Japon, IFM, 210 pages, 24 euros
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire