mercredi 29 août 2012

Ô mon Japooooonnnn !!!


Chers Amis du Potager,

Parce que j’aime quand c’est japonais, petite sélection nippone.

Qui débute avec un charmant érudit allemand, Eugen Herrigel. Celui-ci, désireux de trouver une voie spirituelle qui lui convienne, profite d’un séjour au Japon, où il enseigne la philosophie, pour s’initier à l’art ancestral du tir à l’arc.

Car le kyūdō, l’art chevaleresque du tir à l’arc, n’a pas seulement une finalité purement sportive ou pragmatiquement guerrière. Il s’agit également (voire surtout) d’une voie d’entrée vers le zen et la découverte de soi.

Rien, dans cet apprentissage, n’aura été simple pour notre germain philosophe. Il faut découvrir chacune des étapes, des épreuves subies, sous les parcimonieuses directives de son maître (au Japon, l’enseignement se fait pas l’exemple, loin de la théorisation académique). Face aux errances de son élève, le maître ira jusqu’à donner l’ultime preuve de son talent, lors d’une séance nocturne à valeur initiatique.

Ce court récit est remarquable, tant par son contenu, que par la naïveté tendre dont fait preuve Eugen Herrigel, est une lecture très agréable, qui, s’il ne permet pas d’accéder directement au zen (dont le maître n’était pas nécessairement adepte), offre une découverte « par la bande » de l’art du détachement de soi.

Cet opuscule est sans doute fondateur dans les relations entre l’occident et le Japon, puisqu’il est cité par Hisayasu Nakagawa dans son Introduction à la culture japonaise.

Recueil d’articles écrits dans un français remarquable par ce spécialiste des Lumières et plus particulièrement de Diderot, professeur émérite de littérature française à l’université de Kyōto, il permet une ouverture sur l’âme japonaise et les conceptions culturelles qui la différencient des modes de réflexion occidentaux.

A travers la politesse outrée des employés de Japan Air Lines, les différents rites religieux, le rapport à la mort (paradoxal pour un européen, mais particulièrement pragmatique et poétique), les concepts d’immanence et de transcendance, avec érudition mais sans pédantisme, avec cette vraie modestie propre aux gens intelligents, Hisayasu Nakagawa ouvre une porte sur une autre culture, attachante et sensible.

Pour finir sur une note plus girly (quoique…), l’Institut Français de la Mode a édité récemment un recueil d’articles consacré aux esthétiques du quotidien au Japon. Très solidement documenté, cet ouvrage présente les arts esthétiques japonais (décoration, jardins, mode, objet du quotidien) dans une perspective historique entre dépouillement et ostentation, puis en les replaçant dans leur contemporanéité (à signaler notamment l’intéressante interview de Tadao Ando, le célèbre architecte lauréat du prestigieux prix Pritzker.

Les articles sont entrecoupés de notes présentant les différents concepts esthétiques japonais (tel le diptyque wabi/sabi) ou des thématiques associées (tels l’art d’offrir des cadeaux, l’ikebana ou le statut de la femme), ainsi que par les illustrations magnifiques réalisées par Nicolas de Crécy.

Mademoiselle Potiron

Le Zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc, par Eugen HERRIGEL, Dervy, 130 pages, env. 10 euros
Introduction à la culture japonaise, par Hisayasu NAKAGAWA, Puf, 112 pages, 13,50 euros
Esthétiques du quotidien au Japon, IFM, 210 pages, 24 euros

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