Chers Amis du Potager,
Pour la bonne bouche, voici
quelques vieilles Anglaises. Parce qu’on a toujours besoin d’un soupçon de
british touch.

Deux familles, les Donne et les
Calderon, deviennent voisines. Le patriarche Benjamin Donne a en effet souhaité
se rapprocher de ses sœurs Sukey, malade du cœur, et la douce Jessica. Le voilà
donc qui emménage avec enfants, cousine et domestiques. C’est précisément le
décès de tante Sukey qui va précipiter le drame entre les deux familles,
laissant percer les caractères les plus vils et les plus abjects.
Composé presqu’exclusivement de
dialogue, c’est à travers eux qu’Ivy Compton Burnett dévoile avec maestria les
bassesses de ses personnages, dont les paroles et les contradictions révèlent
les traits de caractère. Cruauté, vanité, bêtise, avarice, inconsistance
transpirent à travers les belles paroles et les attitudes compassées de la
bonne société. C’est si bien rendu qu’on en arrive au dégoût de ces monstres du
quotidien, prêts à tout et n’hésitant pas à piétiner leurs victimes.
Et les plus odieux ne sont pas
forcément ceux que l’on croit.
Un roman terrifiant (dans le bon
sens du terme), réalisé avec un art consommé du dialogue, et parfaitement
maîtrisé. Un fort bel ouvrage, foi de Potiron !

Pendant que son ami l’inspecteur
Parker enquête sur la disparition mystérieuse du riche Reuben Levy, Peter vient
à la rescousse de Monsieur Thipps, brave homme qui au retour d’une soirée
arrosée découvre dans sa baignoire le cadavre d’un inconnu, nu comme un ver à
l’exception d’un pince-nez en or. Ce qui a de quoi déstabiliser l'Anglais le plus flegmatique, vous en conviendrez.
Après s’être assuré que le
cadavre en question n’est pas celui du sieur Levy, Lord Peter et Parker
décident de collaborer dans leurs enquêtes respectives, partant du principe
qu’un œil neuf est parfois utile.
Je n’en dirai pas davantage sur
l’intrigue en tant que telle, très adroite, pour me concentrer sur notre héros
bondissant. Tout comme les deux Bertie précédemment cités, Peter est un brave
garçon, intelligent et léger, qui admet volontiers pratiquer à titre d’amateur
et non pas, comme le pauvre Parker, pour gagner sa vie. D’où une certaine nonchalance
décomplexée qui lui est parfois utile.
Bref, c’est plein de charme et
d’humour, et Dorothy Sayers prouve qu’elle ne dépareille pas dans la collection
des grandes dames du crime qui ont fleuri dans la première moitié du XXe
siècle.
Mademoiselle Potiron
L'excellence de nos aînés (Elders and Betters), par Ivy COMPTON BURNETT, Phébus, 336 pages, 24 euros
Whose Body?, par Dorothy Leigh SAYERS, NEL
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