Chers Amis du Potager,
Cette fois, pas d'image de la couverture, 10/18 ayant décidé de laisser le brave Sacha au goulag visuel.
Car cette journée d'Ivan Denissovitch Choukhov est une journée de goulag sibérien. Dit comme cela, ça a de quoi sérieusement refroidir l'ambiance (en l'occurrence, moins 27 degrés). Je m'attendais donc à un récit pénible, larmoyant. Il n'en est rien.
Bien sûr, il y a le froid (donc), le rationnement, la dureté du travail, les rosseries des gardiens, les petites humiliations. Mais il y a surtout la formidable solidarité dans le groupe de travail d'Ivan, les combines pour avoir du rab à la cantine (un morceau de poisson famélique en plus dans la soupe), l'autorité bienfaisante de Tiourine, l'émulation, les petits plaisirs (un peu de tabac ou de nourriture échangés contre de menus services).
Ce récit m'a tout simplement séduite. Et curieusement, l'humour est là, qui dénonce l'absurdité des situations. Ainsi, quand Choukhov et Senka sont restés à leur poste de travail (la construction de bâtiments perdus dans la steppe) pour finir leur rangée de parpaings, et qu'ils sont contraints de courir comme des fous pour rejoindre l'entrée du camp pour l'appel, les pensées de Choukhov s'égarent :
Et dire qu'il existe de ces fainéants qui s'en vont, sans que personne les oblige, courir dans les stades, à qui ira le plus vite. Faudrait les faire cavaler comme nous, ces cocos-là, après toute une journée de travail, les reins encore tout cassés, avec des moufles mouillées, des bottes de feutre usées, et au froid par dessus le marché.
Vraiment une très belle lecture.
Mademoiselle Potiron
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